La question est : « Pourquoi le maire est-il revenu précipitamment de son déplacement en Suisse ? » Ce retour pouvait se justifier par deux raisons : décider une initiative pour sortir de la crise ; assurer les habitants choqués de son émotion personnelle. Bref, être présent pour manifester une présence !
Que sort-il de son intervention, finalement ? Un courrier d’abord, ou plutôt une liste : la lettre du maire au collectif de défense des arbres de Beaulieu est quasiment une photocopie de la feuille technique conçue par les services et détaillant les arbres à abattre, les raisons de leur sacrifice et l’inventaire des arbres de « remplacement ». Une déclaration à la presse ensuite : « Personne n’est au-dessus du droit », dit-il et le fait que Katia Lipovoï ait 72 ans « peut créer une émotion légitime ».
Mais cette émotion, ce n’est pas la sienne. En arbitre au-dessus de la mêlée, le maire dit la règle (qu’il a lui-même édictée), se contente d’en enregistrer les conséquences. Que les forces de l’ordre en ce contexte d’état d’urgence (dont il a voté, comme député, la prolongation) aient fait preuve d’une violence inadmissible ne fait pas l’objet du moindre commentaire. Que les poitevins se soient émus, aient déclaré leur intérêt contre l’abattage des arbres de Beaulieu, en un mot se mobilisent, ne débouche sur aucune ouverture. Le maire, comme il le fait déjà dans d’autres dossiers où la mobilisation contredit sa décision, ne revient pas en arrière. Il se contente de « rappeler l’historique », s’appuie sur une concertation à l’évidence insuffisante quand on constate la réalité du conflit mais pour lui suffisante puisqu’elle lui est favorable.
Ce que nous sommes obligés de constater vu la non-réponse du maire, c’est que : nous ne saurons pas si d’autres arbres que les platanes seront abattus (pas un mot là-dessus) ; il y a quasiment pas de fruitiers dans les arbres replantés (la liste aura au moins cet intérêt) ; le conseil de quartier sert à entériner des décisions et quand il risque d’y avoir débat, on préfère en fermer les portes (séance d’hier annulée).
Enfin, nous retiendrons que le maire ne voit pas la violence policière et préfère tancer une militante qui se « met au-dessus de la loi » quand elle veut défendre des arbres. »
Osons Poitiers, Poitiers le 19/02/2016