Entrée de l’aide humanitaire à Gaza : soulagement, insuffisance et instrumentalisation
Une accélération de l’entrée de l’aide humanitaire est observée ces derniers jours, bien en deçà du nécessaire pourtant garanti par l’accord de cessez-le-feu.
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Si l’accord de cessez-le-feu entré en vigueur vendredi prévoit l’entrée de 400 puis 600 camions humanitaires par jour à Gaza, minimum estimé par l’ONU pour répondre aux besoins de la population affamée de Gaza, le compte est loin d’être rempli à ce jour. Des retards importants dus à des contrôles israéliens interminables et des clauses mystérieuses bloquent les livraisons pendant parfois des jours.
Hier, l’ONU a déclaré disposer de 170 000 tonnes d’aide stockées dans des entrepôts à l’extérieur de Gaza, prêtes à être distribuées en masse dans l’enclave. Son responsable humanitaire, Tom Fletcher, a dénoncé de graves retards tout en se déclarant déterminé à « ne pas échouer ».
Le siège illégal imposé par Israël construit depuis deux ans une famine volontaire, que beaucoup d’analystes associent à la volonté génocidaire d’Israël d’imposer l’effacement des Palestinien-nes.
Après avoir systématiquement détruit les terres agricoles et d’élevage, Israël a rendu Gaza entièrement dépendante de l’aide humanitaire, faisant de celle-ci un instrument de négociation, au grand mépris du droit international et de l’indignation mondiale.
De plus, Israël arme et soutient des groupes palestiniens de pilleur-euses, qui ont systématiquement intercepté les convois depuis des mois, et soumis des habitant-es au chantage pour recevoir leur protection.
Qui pour distribuer l’aide ?
Si la distribution d’aide à grande échelle sera dirigée par les Nations unies, le rôle de l’agence des Nations unies pour les réfugiés palestiniens (UNRWA) dans cette opération reste flou.
L’UNRWA a déclaré que la moitié des fournitures stockées dans des entrepôts à l’extérieur de Gaza lui appartenaient, insistant sur le fait que son champ d’action et son expertise étaient « absolument essentiels pour contrôler la propagation de la famine ».
Israël tente depuis des années délégitimer les actions de l’UNRWA, et a voté au cours des deux dernières années plusieurs lois qui entravent ses interventions. Le réseau palestinien de l’UNRWA est pourtant le mieux ancré et le plus à même de répondre à l’urgence.
En mars dernier, le ministère israélien des Affaires de la diaspora et de la lutte contre l’antisémitisme a lancé un processus de réaccréditation pour toutes les organisations humanitaires opérant dans les territoires palestiniens occupés, les obligeant à se soumettre à des contrôles intrusifs sous la menace de ne pas voir leurs mandats renouvelés.
Des témoins palestiniens ont rapporté que trois des sites gérés par la Gaza Humanitarian Foundation (GHF), situés à Rafah dans le sud de Gaza, et dans le corridor de Netzarim dans le centre de Gaza, avaient été abandonnés, et des responsables égyptiens et régionaux ont déclaré à l’Associated Press que ces centres de distribution alimentaire, gérés par les États-Unis et un entrepreneur israélien, étaient en train d’être fermés conformément aux termes de l’accord.
Depuis que la GHF, soutenue par les États-Unis et Israël, a commencé à opérer en mai, dans le but de monopoliser l’acheminement de l’aide et de mettre l’ONU sur la touche, les soldat-es israélien-nes ont tué plus de 2 500 Palestinien-nes venu-es chercher de l’aide sur ces sites de distribution ou alors qu’ils et elles se rassemblaient pour attendre l’arrivée des camions d’aide, selon le ministère de la Santé de Gaza.
Al Jazeera a rapporté que des restes de munitions israéliennes utilisées pour attaquer les Palestinien-nes avaient été trouvés sur les sites abandonnés.
Un porte-parole de la GHF a cependant déclaré que la fermeture des sites n’était que « temporaire » et qu’il y aurait des « changements tactiques » dans ses opérations. « Il n’y a aucun changement dans notre plan à long terme », affirme-t-il. Les responsables ont laissé entendre que la GHF pourrait jouer un rôle dans le soutien aux agences des Nations unies pour la distribution de l’aide.
Un soulagement, même insuffisant
On estime que 460 Palestinien-nes sont mort-es de faim depuis le début du génocide perpétré par Israël à Gaza en octobre 2023. 1 enfant sur 4 souffre de malnutrition sévère, alors que l’IPC y a déclaré la famine il y a plusieurs mois, pour la première fois dans la région.
L’agence des Nations unies pour l’enfance, l’Unicef, a averti qu’il existait un risque de « hausse massive de la mortalité infantile, non seulement chez les nouveau-nés, mais aussi chez les nourrissons, dont le système immunitaire est plus fragilisé que jamais ».
« Il y a énormément de malnutris, énormément de blessés, et ce n’est pas du jour au lendemain qu’on va pouvoir remettre sur pied un système de santé qui a été complètement détruit », alerte le président de Médecins du Monde Jean-François Corty, qui rappelle que « près de 20 000 blessés nécessitent d’être pris en charge en urgence » et « vont mourir dans les semaines qui viennent » si les pays occidentaux ne se mobilisent pas.
Le Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations Unies (OCHA) a annoncé la semaine passé un plan sur 60 jours pour enrayer la crise et a indiqué dimanche que du carburant destiné à la cuisine a été acheminé dans la bande de Gaza pour la première fois depuis plus de six mois.
« Davantage de tentes pour les familles déplacées, de la viande congelée, des fruits frais, de la farine et des médicaments ont également été acheminés aujourd’hui dans la bande de Gaza », a déclaré l’OCHA dans son dernier communiqué.
Les journalistes locaux témoignent que certains aliments qui avaient complètement disparu commencent à circuler, et que les prix du marché ont baissé. Les habitant-es de Gaza, qui ont tout perdu dans les bombardements israéliens, restent cependant grandement dépendant-es de l’aide, et donc du respect par Israël de ses engagements.
Agence Média Palestine, le 14 octobre 2025
https://agencemediapalestine.fr/blog/2025/10/14/entree-de-laide-humanitaire-a-gaza-soulagement-insuffisance-et-instrumentalisation/
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L’association Addameer pour le soutien aux prisonniers·e et les droits humains a suivi de près la libération des prisonnier·es palestiniens détenus dans les prisons de l’occupation israélienne, lundi 13 octobre 2025. Dans le cadre de la première phase de l’accord visant à mettre fin à la guerre à Gaza, 1 968 Palestiniens ont été libérés, dont 250 condamnés à la prison à perpétuité ou à de lourdes peines, et 1 718 Palestiniens de la bande de Gaza, parmi lesquels deux femmes et 15 enfants. Les autorités d’occupation ont expulsé de force 154 des personnes condamnées à la prison à vie vers l’Égypte, tandis que les autres ont été envoyées à Gaza pour être ensuite expulsées vers l’Égypte comme destination initiale.
Les prisonniers libérés semblaient épuisés et fragiles, confirmant qu’au cours des quatre jours précédant leur libération, ils avaient été soumis à diverses formes d’abus et de mauvais traitements, notamment des coups violents, des humiliations, un enchaînement prolongé et des menaces de ne parler à aucun média des conditions de leur détention. Les souffrances prolongées endurées dans les prisons de l’occupation étaient visibles sur leurs visages et leurs corps, beaucoup avaient perdu des dizaines de kilos et étaient visiblement affaiblis et fatigués.
Malgré ces libérations, les forces d’occupation israéliennes continuent de mener des campagnes d’arrestations à grande échelle dans les villes, villages et camps de réfugiés palestiniens, utilisant l’emprisonnement et la privation de liberté comme outils de contrôle et de punition collective contre le peuple palestinien. Dans le même temps, de graves violations continuent d’être commises à l’encontre des milliers de personnes qui restent détenues. Actuellement, plus de 9 100 prisonniers palestiniens sont détenus dans les prisons israéliennes, dont 52 femmes, 400 enfants et plus de 3 544 détenus administratifs, en plus des 115 prisonniers purgeant des peines à perpétuité, dont neuf sont emprisonnés depuis avant la signature des accords d’Oslo.
Addameer met également en garde contre la politique actuelle de l’occupant consistant à réarrêter les prisonniers libérés dans le cadre d’échanges. En 2023, les autorités israéliennes ont ainsi réarrêté 30 anciens prisonniers, dont des femmes et des enfants, qui avaient été libérés lors d’échanges précédents. En 2025, l’occupant en a réarrêté 40 autres, libérant certains d’entre eux par la suite tout en maintenant 15 en détention. Il convient de noter que cinq cas d’enfants et de femmes ont été documentés comme ayant été réarrêtés à deux reprises après avoir été libérés dans le cadre d’accords précédents.
Addameer affirme que les crimes commis contre les prisonniers palestiniens dans les prisons israéliennes constituent de graves violations du droit international humanitaire et du droit international des droits de l’homme, notamment de multiples formes de torture, de mauvais traitements, de négligence médicale délibérée, de détention arbitraire et de procès inéquitables, qui constituent tous des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité au sens du Statut de Rome de la Cour pénale internationale.
Ces crimes sont imprescriptibles et ne peuvent être ignorés ou levés. La responsabilité de ces crimes représente un devoir juridique et moral pour la communauté internationale, conformément à son obligation de poursuivre les auteurs de violations graves et de veiller à ce qu’ils ne jouissent pas de l’impunité.
En conséquence, Addameer appelle la communauté internationale, les organes des Nations unies, les mécanismes de défense des droits humains et les États parties aux Conventions de Genève à assumer leurs responsabilités juridiques et morales en assurant la protection des prisonniers palestiniens et en tenant les autorités d’occupation israéliennes responsables des crimes commis à leur encontre. Cette responsabilité est une étape fondamentale vers la justice, la dignité et la liberté pour l’ensemble du peuple palestinien.
Addameer souligne que la famine, la torture, la négligence médicale délibérée et la privation des droits fondamentaux dont souffrent actuellement les prisonniers palestiniens exigent une action urgente de la part des citoyens du monde entier afin de faire pression sur leurs gouvernements pour qu’ils prennent des mesures concrètes pour mettre fin à ces pratiques. Cela implique notamment de s’efforcer de mettre en œuvre l’avis consultatif de la Cour internationale de justice, qui réaffirme l’illégalité de l’occupation israélienne et la nécessité d’y mettre fin, et de progresser vers un boycott complet de l’occupation à tous les niveaux – militaire, économique, universitaire et culturel – en tant que moyen légitime et efficace de résister au colonialisme et à l’apartheid.
Addameer appelle également à la libération immédiate et inconditionnelle de tous les prisonniers palestiniens, au démantèlement du système judiciaire militaire israélien qui ne respecte même pas les normes les plus élémentaires de la justice internationale, et à une intensification de la pression politique afin de garantir que tous les crimes commis dans le cadre de l’occupation, en particulier ceux commis contre les prisonniers, soient jugés.
Enfin, Addameer souligne que la fin de la guerre ou la cessation des hostilités n’efface pas les crimes et n’exempte pas leurs auteurs de poursuites. L’obligation internationale de garantir la responsabilité reste en vigueur. Les responsables doivent être poursuivis pour toutes les violations graves commises à l’encontre des prisonniers palestiniens, et les victimes doivent obtenir réparation et indemnisation, ce qui constitue une étape essentielle vers la justice et l’équité pour tous les prisonniers palestiniens et leurs familles.
https://www.addameer.ps/news/5623
Traduction DE
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« Les formes de torture les plus cruelles » : des Palestiniens libérés décrivent les horreurs des prisons israéliennes
Avant de le libérer, les gardiens de prison israéliens ont décidé d’offrir un cadeau d’adieu à Naseem al-Radee. Ils lui ont ligoté les mains, l’ont plaqué au sol et l’ont battu sans pitié, lui disant au revoir comme ils lui avaient dit bonjour: à coups de poing.
La première vision de Gaza qu’a eue Naseem al-Radee depuis près de deux ans était floue ; un coup de botte à l’œil lui a laissé une vision trouble encore deux jours plus tard. Des problèmes de vision se sont ajoutés à la longue liste de maux dont il a souffert pendant son séjour de 22 mois dans une prison israélienne.
Cet employé du gouvernement âgé de 33 ans, originaire de Beit Lahia, a été arrêté par des soldats israéliens dans une école transformée en refuge pour déplacés à Gaza, le 9 décembre 2023. Il a passé plus de 22 mois en captivité dans des centres de détention israéliens, dont 100 jours dans une cellule souterraine, avant d’être libéré avec 1700 autres détenus palestiniens et renvoyé à Gaza lundi. [Près de 2000 arrestations de Palestiniens ont eu lieu depuis le 7 octobre, comme monnaie d’échange face aux otages.]
Comme les autres détenus libérés et renvoyés à Gaza, Radee n’a jamais été inculpé d’aucun crime. Et comme beaucoup d’autres, sa détention a été marquée par la torture, la carence médicale et la famine infligées par les gardiens de prison israéliens.
Sa description de son séjour en prison s’inscrit dans ce que l’organisation israélienne de défense des droits humains B’Tselem qualifie de politique de sévices à l’égard des détenus palestiniens dans les prisons et les centres de détention israéliens.
Les services pénitentiaires et l’armée israéliens n’ont pas immédiatement répondu à une demande de commentaires, mais dans le passé ils ont tous deux déclaré que les conditions de détention étaient conformes au droit international.
« Les conditions dans la prison étaient extrêmement dures, nous avions les mains et les pieds liés et étions soumis aux formes de torture les plus cruelles », a déclaré Radee, évoquant son séjour à la prison de Nafha dans le désert du Néguev, le dernier endroit où il a été détenu avant d’être libéré.
Les passages à tabac n’étaient pas une exception, mais faisaient partie de ce qu’il a décrit comme un régime systématique de mauvais traitements.
« Ils utilisaient des gaz lacrymogènes et des balles en caoutchouc pour nous intimider, en plus des insultes et des violences verbales constantes. Ils avaient un système de répression strict : la porte électronique de la section s’ouvrait lorsque les soldats entraient, et ils arrivaient avec leurs chiens, en criant « à plat ventre, à plat ventre », et commençaient à nous battre sans pitié », a-t-il déclaré.
Les cellules étaient surpeuplées, avec 14 personnes entassées dans une pièce qui semblait avoir été conçue pour cinq, a-t-il ajouté. Les conditions insalubres l’ont conduit à contracter des maladies fongiques et cutanées qui n’ont pas été soulagées par les soins médicaux fournis par la prison.
Mohammed al-Asaliya, un étudiant universitaire de 22 ans qui a été libéré lundi de la prison de Nafha, a contracté la gale pendant sa détention.
« Il n’y avait aucun soin médical. Nous avons essayé de nous soigner en utilisant un désinfectant pour sols sur nos blessures, mais cela n’a fait qu’empirer les choses. Les matelas étaient sales, l’environnement insalubre, notre immunité affaiblie et la nourriture contaminée », a déclaré Asaliya, qui a été arrêté le 20 décembre 2023 dans une école de Jabaliya.
« Il y avait un endroit qu’ils appelaient « la discothèque », où ils passaient de la musique forte sans interruption pendant deux jours d’affilée. C’était l’une de leurs méthodes de torture les plus notoires et les plus douloureuses. Ils nous suspendaient également aux murs, nous aspergeaient d’air froid et d’eau, et jetaient parfois de la poudre de piment sur les détenus », a déclaré Asaliya.
Les deux hommes ont perdu beaucoup de poids pendant leur détention. Radee est entré en prison avec un poids de 93 kg et en est sorti avec 60 kg. Asaliya pesait 75 kg au moment de son arrestation et est tombé à 42 kg à un moment donné pendant sa détention.
Les responsables médicaux palestiniens ont déclaré que bon nombre des détenus libérés lundi étaient en mauvaise santé physique.
« Les signes de coups et de torture étaient clairement visibles sur le corps des prisonniers, tels que des ecchymoses, des fractures, des blessures, des marques dues au fait d’avoir été traînés sur le sol et les marques des menottes qui leur avaient serré les mains », a déclaré Eyad Qaddih, directeur des relations publiques de l’hôpital Nasser, dans le sud de Gaza, qui a accueilli les détenus lundi.
Il a ajouté que bon nombre des rapatriés ont dû être transférés aux urgences en raison de leur mauvais état de santé. Outre les blessures physiques causées par les coups, il a déclaré que les prisonniers semblaient ne pas avoir mangé depuis longtemps.
Selon l’ONG Comité public contre la torture en Israël (PCATI-Public committee against torture in Israel), environ 2800 Palestiniens de Gaza sont détenus sans inculpation dans des prisons et des centres de détention israéliens.
L’incarcération massive de Palestiniens de Gaza sans procédure régulière a été autorisée par des modifications apportées à la loi israélienne depuis l’attaque du 7 octobre 2023 menée par des militants du Hamas, qui a fait environ 1200 morts.
En décembre 2023, le Parlement israélien a modifié la loi sur les « combattants illégaux » afin de permettre la détention administrative sans inculpation lorsqu’un officier a « des motifs raisonnables de croire » que la personne est un « combattant illégal ». La détention administrative peut être prolongée pratiquement indéfiniment.
Les défenseurs des droits humains israéliens affirment que l’incarcération massive de Palestiniens par Israël coïncide avec une dégradation drastique des conditions de détention et que cela est devenu une question politique.
« De manière générale, le nombre et l’ampleur des actes de torture et des mauvais traitements dans les prisons et les camps militaires israéliens ont explosé depuis le 7 octobre. Nous considérons cela comme faisant partie de la politique menée par les décideurs israéliens tels qu’Itamar Ben-Gvir et d’autres », a déclaré Tal Steiner, directeur exécutif de PCATI.
Ben-Gvir, le ministre de la Sécurité d’extrême droite, s’est vanté de fournir « le minimum de nourriture ». « Je suis ici pour m’assurer que les « terroristes » reçoivent le minimum du minimum » , a-t-il écrit dans un message publié sur les réseaux sociaux en juillet.
Malgré les violences extrêmes dont ils ont été victimes dans les prisons, c’est à Gaza que de nombreux détenus ont eu le sentiment de subir les pires supplices.
En effet, à sa libération, Radee a tenté d’appeler sa femme, mais son téléphone était coupé. Il a alors appris que sa femme et tous ses enfants, sauf un, avaient été tués à Gaza pendant sa détention.
« J’étais très heureux d’être libéré, car la date coïncidait avec le troisième anniversaire de ma plus jeune fille, Saba, le 13 octobre. J’avais prévu de lui offrir le plus beau des cadeaux pour compenser son premier anniversaire, que nous n’avions pas pu célébrer en raison du début de la guerre », a déclaré Radee.
« J’ai essayé de trouver un peu de joie dans ma libération ce jour-là, mais malheureusement, Saba est morte avec ma famille, et ma joie est morte avec elle », a-t-il déclaré.
Seham Tantesh à Gaza et William Christou à Jérusalem
Article publié dans The Guardian le 14 octobre 2025 ; traduction rédaction A l’Encontre
https://alencontre.org/moyenorient/dossier-a-quoi-ressemble-la-victoire-israelienne.html
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Trump à la Knesset et à Charm el-Cheikh :
Un festival d’obséquiosité
Si les scènes de célébration de Donald Trump à la Knesset israélienne et à Charm el-Cheikh étaient destinées à une exploitation cinématographique ou théâtrale, elles se classeraient sans aucun doute parmi les pires mises en scène de l’histoire. Ces deux spectacles ont formé ensemble un festival d’adulation, sans précédent pour un président américain ou pour tout dirigeant élu par une élection libre. Ils rappellent davantage l’adulation dont sont l’objet les despotes dans leur propre pays ou au sein de leur empire – comme celle du dirigeant nord-coréen chez lui ou le culte de la personnalité qui a entouré Staline dans les républiques et les États satellites de l’Union soviétique.
De ce point de vue, cependant, l’obséquiosité affichée à la Knesset était en fait plus sincère que celle du sommet de Charm el-Cheikh. Comme Benyamin Netanyahou l’a dit à son ami américain, ce fut le résultat de « l’alliance sacrée entre nos deux terres promises » – faisant ainsi allusion aux caractéristiques communes des États-Unis et d’Israël en tant qu’États nés d’un colonialisme de peuplement et d’une guerre génocidaire contre les populations autochtones. Le parallèle historique entre les deux États est aujourd’hui complet. De plus, il ne fait aucun doute que Trump est, de tous les présidents américains, celui qui a été le plus favorable à l’État sioniste, et pas seulement à l’État lui-même, mais aussi au pouvoir néofasciste de Netanyahou, une caractérisation politique qui s’applique d’ailleurs à Trump lui-même.
Le président américain a répondu à l’adulation du premier ministre israélien en le louant, soulignant sa contribution au plan de paix annoncé par Trump en sa présence à Washington, deux semaines plus tôt. L’impudence de Trump est même allée jusqu’à demander au président israélien, assis à sa gauche, de gracier Netanyahou pour les accusations de corruption auxquelles il fait face, les rejetant avec cette remarque désinvolte : « Des cigares et du champagne, qui diable s’en soucie ? » Trump faisait référence aux accusations de pots-de-vin contre Netanyaohu (estimés à 260 000 dollars), qui sont en effet bien modestes par rapport aux cadeaux somptueux que Trump lui-même a reçus de gouvernements étrangers, en particulier des monarchies du Golfe – dans le cadre d’une pratique mondiale de la corruption à grande échelle.
Comme l’avait prédit un ancien conseiller politique de Netanyahu dans une interview citée par un correspondant du Financial Times vendredi dernier : « Il n’y a pas de meilleur directeur de campagne pour Netanyahu que Trump. Son discours [à la Knesset] marquera le début de la campagne électorale. » En effet, Trump a bel et bien inauguré la campagne de réélection de Netanyahu, dans la perspective des élections à la Knesset qui doivent avoir lieu dans pas plus tard qu’un an. En fin de compte, les plus grands bénéficiaires du plan du président américain et de sa visite ne sont pas seulement Trump lui-même, qui s’est prélassé dans les éloges flagorneurs de Netanyahu et du chef de l’opposition israélienne, mais aussi Netanyahou.
Le plan Trump est, en fait, le résultat d’un accord entre les deux hommes, en réaction aux négociations qui se sont rapidement enlisées après l’échange initial de prisonniers survenu à la suite de la trêve déclarée à la veille de la deuxième investiture de Trump, en janvier dernier. Trump a exigé que le Hamas libère tous ses otages en même temps, afin de l’empêcher d’utiliser leur libération progressive comme moyen de négociation. Il a ensuite donné le feu vert à Netanyahou pour reprendre les opérations militaires et poursuivre la destruction et l’occupation par Israël des zones résidentielles restantes de Gaza. Alors que l’action militaire israélienne battait son plein, l’administration Trump fit pression sur les gouvernements régionaux pour qu’ils exercent à leur tour leur pression sur le Hamas, obligeant finalement le mouvement à libérer ses derniers captifs, diminuant ainsi largement sa capacité d’affecter l’avenir de la bande de Gaza, ou de la cause palestinienne en général.
Cette libération des derniers captifs israéliens a ôté un fardeau important des épaules de Netanyahou, car elle était le principal thème de ralliement du mouvement populaire contre lui. Il était pris entre le marteau de l’opposition et l’enclume d’alliés encore plus à droite que lui. Une fois de plus, comme au début de l’année, Netanyahou a utilisé la pression américaine comme prétexte pour accepter ce à quoi ses alliés s’étaient jusque-là opposés. Les deux principaux dirigeants de l’ultradroite sioniste ont fini par assister à la session de la Knesset et applaudir tant Trump que Netanyahu. Le premier ministre israélien et ses alliés savent pertinemment que le plan de Trump est voué à l’échec, tandis que le Hamas et toutes les autres fractions palestiniennes n’ont plus de moyen d’empêcher Israël d’envahir et occuper davantage de ces parties de la Palestine qu’il lui reste encore à annexer officiellement (voir « Après l’« accord du siècle », l’« accord du millénaire ». Al-Quds Al-Arabi, 30 septembre 2025).
Quant à la cérémonie de Charm el-Cheikh, elle était moins une célébration de la « grandeur » de Trump qu’un reflet du caractère saugrenu de l’obséquiosité dont il est l’objet de la part des dirigeants mondiaux présents. Pour croire que leurs flatteries étaient sincères, il faudrait douter de leurs capacités mentales, en particulier si l’on considère l’humiliation que Trump a infligée à beaucoup d’entre eux. Aucun président américain avant Trump n’a traité la scène mondiale avec un tel mépris et pourtant aucun n’a été l’objet d’une telle obséquiosité. Cela montre qu’en cette époque de décadence politique, de loi de la jungle et de montée du néofascisme, de nombreux dirigeants contemporains sont prêts à abandonner leur dignité et à se soumettre à ceux qui ont plus de pouvoir et de richesse.
Quant au fier peuple palestinien, il a prouvé un siècle durant son refus de se soumettre à ses oppresseurs – qu’il s’agisse des autorités du mandat britannique ou du gouvernement sioniste. Les Palestiniens ne baiseront pas la main de Donald Trump et ne lui témoigneront pas de « reconnaissance », quoi que fassent ceux qui prétendent les représenter. Ils ne se soumettront pas au soi-disant Conseil de la paix présidé par Trump, qui comprend des personnalités comme Tony Blair, le partenaire de George W. Bush dans l’occupation de l’Irak. Le peuple palestinien poursuivra plutôt sa lutte pour l’intégralité de ses droits. Il lui faut maintenant tirer les leçons de la Karitha (grande catastrophe) d’aujourd’hui, comme de la Nakba d’hier, et trouver le moyen de retrouver l’élan qui fut le sien lors des deux glorieuses Intifadas populaires de 1936 et 1988 – points culminants de sa longue histoire de résistance.
Gilbert Achcar
Dernier ouvrage paru : Gaza, génocide annoncé. Un tournant dans l’histoire mondiale.
Traduit de ma chronique hebdomadaire dans le quotidien de langue arabe, Al-Quds al-Arabi, basé à Londres. Cet article est d’abord paru en ligne le 14 octobre. Vous pouvez librement le reproduire en indiquant la source avec le lien correspondant.
https://blogs.mediapart.fr/gilbert-achcar/blog/151025/un-festival-d-obsequiosite
Trump alla Knesset e a Sharm el-Sheikh, una festa stucchevole
https://andream94.wordpress.com/2025/10/15/trump-alla-knesset-e-a-sharm-el-sheikh-una-festa-stucchevole/
Un festival de adulación
https://vientosur.info/un-festival-de-adulacion/
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Royaume-Uni : L’agitateur d’extrême droite Tommy Robinson se rend en Israël malgré l’indignation des Juifs britanniques
Le ministre de la Diaspora Amichai Chikli a invité Tommy Robinson au milieu des critiques des Juifs britanniques, qui ont condamné cette visite comme « une gifle » après l’attentat meurtrier contre la synagogue de Manchester. Robinson, agitateur d’extrême droite condamné par la justice, a déclaré que la lutte du Royaume-Uni et d’Israël était « le même combat ».
Le militant d’extrême droite britannique bien connu Tommy Robinson (dont le véritable nom est Stephen Yaxley-Lennon), célèbre pour ses positions antimusulmanes, est arrivé en Israël mercredi à l’invitation du ministre des Affaires de la diaspora Amichai Chikli.
Avant sa visite, Robinson a annoncé sur X qu’il rencontrerait, entre autres, des soldats de Tsahal ainsi que des « dirigeants communautaires » dans le sud de Tel-Aviv, « qui luttent contre l’immigration clandestine ».
Une source au sein de Tsahal a déclaré à Haaretz que Robinson devait rencontrer « un haut responsable de Tsahal qui a combattu à Sdérot » [1], et que le porte-parole de Tsahal projetterait également pour Robinson la « vidéo des atrocités » documentant l’attaque du Hamas.
Après son atterrissage en Israël, Robinson a publié une vidéo – partagée par Chikli – dans laquelle il a déclaré, entre autres : « Bien que nous ayons un gouvernement faible et lâche qui a reconnu l’État terroriste de Palestine, le peuple britannique soutient Israël ».
Robinson, qui a purgé cinq peines de prison au Royaume-Uni ces dernières années, a été libéré en mai de sa dernière peine de sept mois. Son dernier emprisonnement faisait suite à une condamnation pour outrage au tribunal, après avoir diffamé à plusieurs reprises un militant mineur syrien, même après qu’un tribunal eut statué qu’il s’agissait d’une diffamation et lui eut ordonné de verser au réfugié et à sa famille des centaines de milliers de livres sterling.
L’invitation a suscité de vives critiques de la part des organisations juives britanniques. Le Board of Deputies of British Jews [2] et le Jewish Leadership Council ont qualifié Robinson de « voyou qui représente ce qu’il y a de pire en Grande-Bretagne » et ont condamné le moment choisi pour cette visite, qui intervient quelques semaines après la première attaque meurtrière contre une synagogue britannique de l’histoire moderne, au cours de laquelle deux membres de la Heaton Park Hebrew Congregation de Manchester ont été tués. « Dans notre heure la plus sombre, il a ignoré l’avis de la grande majorité des Juifs britanniques, qui rejettent catégoriquement et systématiquement Robinson et tout ce qu’il représente », indique le communiqué.
À son retour au Royaume-Uni début novembre, Robinson devrait comparaître devant le tribunal pour entendre sa condamnation dans une affaire où il est accusé d’avoir refusé de fournir aux agents antiterroristes de la police le code d’accès de son téléphone, comme l’exige la législation britannique antiterroriste.
Gilad Kariv, président de la commission de la Knesset sur l’immigration, l’intégration et les affaires de la diaspora, avait critiqué l’invitation, la qualifiant « d’exploitation honteuse du rôle de ministre des Affaires de la diaspora » et de « coup direct porté à la position d’Israël » auprès des Juifs britanniques. Il a déclaré que les opinions d’extrême droite de Robinson et son passé violent rendaient cette visite particulièrement préjudiciable aux relations d’Israël avec la communauté juive britannique.
Chikli avait défendu l’invitation, accusant les dirigeants juifs britanniques d’être politiquement motivés et louant Robinson comme « un leader courageux en première ligne contre l’islam radical » qui « s’est avéré être un véritable ami d’Israël et du peuple juif, sans crainte de dire la vérité et d’affronter la haine ».
Robinson lui-même a déclaré que le gouvernement israélien avait couvert ses frais de voyage et a exposé ses projets de visite en « Judée-Samarie » [3], à la Knesset, à Yad Vashem [4], et de rencontrer des représentants d’autres nations stationnés en Israël. Il a ajouté qu’il espérait « entrer à Gaza », bien que Yad Vashem ait précisé qu’il n’était pas impliqué dans la visite et ait insisté sur le respect de ses règles et du site.
Robinson a décrit le Royaume-Uni et Israël comme partageant « les mêmes ennemis et le même destin » et a déclaré : « Je viens en ami, en allié et en tant que personne qui croit que la force d’Israël est la force de l’Occident ».
Un porte-parole de l’armée de défense israélienne a déclaré : « Tsahal investit des efforts considérables dans la diplomatie publique et s’efforce d’exposer la communauté internationale aux atrocités commises par l’organisation terroriste Hamas lors de l’attaque terroriste meurtrière qui a commencé le 7 octobre ». Le ministre Chikli n’a pas répondu.
Notes
[1] Sdérot : ville du sud d’Israël située à environ un kilomètre de la frontière avec la bande de Gaza, régulièrement visée par des tirs de roquettes
[2] Board of Deputies of British Jews : principal organe représentatif des Juifs britanniques, fondé en 1760
[3] Judée-Samarie : terme utilisé par le gouvernement israélien pour désigner la Cisjordanie, territoire palestinien occupé depuis 1967
[4] Yad Vashem : mémorial officiel d’Israël dédié aux victimes de la Shoah, situé à Jérusalem
Liza Rozovsky
https://www.haaretz.com/israel-news/2025–10–16/ty-article/.premium/u-k-far-right-agitator-tommy-robinson-visits-israel-despite-outcry-by-british-jews/00000199-eaa0-dde4-a7bd-fafe26250000
Traduit pour ESSF par Adam Novak
https://www.europe-solidaire.org/spip.php?article76654
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Deux ans de génocide, deux ans de complicité
Il y a deux ans aujourd’hui, Israël lançait son attaque génocidaire contre Gaza, utilisant l’attaque du Hamas comme prétexte pour sa campagne ciblant l’ensemble du peuple palestinien. Malgré les preuves accablantes de ces crimes de guerre systématiques, le Canada continue d’offrir le soutien politique et militaire qui permet cette horreur.
Depuis deux ans, chaque jour, nous sommes confrontés à de nouvelles preuves des crimes atroces commis par Israël, diffusées en direct sur les réseaux sociaux. Des immeubles d’habitation, des camps de réfugiés, des hôpitaux et des tentes de familles déplacées, bombardés, sont délibérément pris pour cible par des frappes aériennes israéliennes incessantes. Des familles affamées sont privées de nourriture, d’eau et d’aide par un siège et un blocus cruels. Des Palestiniens désespérés sont abattus alors qu’ils cherchaient de l’aide pour leurs familles.
Pour beaucoup d’entre nous, toute confiance que nous pouvions avoir dans nos institutions politiques a été brisée. Face aux preuves accablantes d’un génocide qui se déroule sous nos yeux, trop de personnes au pouvoir ont refusé de reconnaître cette réalité ou ont relayé la propagande israélienne. Pire encore, trop de dirigeants canadiens ont continué d’offrir un soutien militaire, politique et économique à la machine de guerre d’Israël, malgré l’opposition de la majorité des Canadiens au nettoyage ethnique israélien.
Les négociations de cessez-le-feu en cours n’offrent pas non plus beaucoup d’espoir. Si la proposition de cessez-le-feu de Trump, approuvée par le Canada, promet un soulagement immédiat à la violence génocidaire d’Israël, elle laisse également présager un avenir sombre où les Palestiniens se verront perpétuellement refuser le droit à l’autodétermination, où ils seront soumis à une administration étrangère coloniale et à une occupation israélienne continue.
Malgré cette situation désastreuse, nous continuons de collaborer avec nos alliés de la société civile et du Parlement pour plaider en faveur d’une approche différente, fondamentalement ancrée dans la dignité et l’humanité des Palestiniens, une approche capable de mettre fin aux atrocités commises par Israël et de respecter le droit international. Cela implique d’exercer une pression intense et croissante sur nos dirigeants afin qu’ils imposent des mesures concrètes, telles que des sanctions, susceptibles de contraindre Israël à mettre fin au génocide et à son occupation illégale. Cela implique également de faire pression sur les médias grand public pour qu’ils garantissent que leurs reportages sur Gaza respectent les normes professionnelles et rendent compte fidèlement de la situation.
Contester la réponse du Canada au génocide
Les gouvernements libéraux du Canada, tant sous Trudeau que sous Carney, n’ont pas réagi adéquatement au génocide en cours. Les intentions meurtrières d’Israël étaient connues dès le début, et des spécialistes du génocide et des experts de l’ONUont très tôt alerté sur le fait que les actions et le langage d’Israël indiquaient qu’un génocide était en cours. Malgré ces avertissements, le Canada a apporté un soutien sans équivoque à l’offensive militaire israélienne contre Gaza après l’attaque du Hamas contre Israël le 7 octobre, et a refusé pendant de nombreuses semaines de soutenir les appels au cessez-le-feu, alors même que le bilan des victimes s’alourdissait rapidement.
Au fil du temps, la gravité et la cruauté des actions d’Israël sont devenues impossibles à ignorer. Le crime de génocide a été retenu par la Cour internationale de Justice et des mandats d’arrêt ont été émis par la Cour pénale internationale pour famine forcée systématique. Au niveau national, des manifestations populaires se sont poursuivies chaque semaine à travers le pays contre le génocide et pour un embargo sur les armes.
Face à cette réalité, le gouvernement canadien a lentement commencé à modifier son approche et a finalement adopté de nouvelles politiques : l’imposition d’une « pause » temporaire sur certaines nouvelles exportations d’armes destinées à la production de biens « mortels », l’imposition de sanctions contre deux ministres israéliens d’extrême droite, et plus récemment la reconnaissance de l’État de Palestine avec des conditions totalement asymétriques et coloniales. Dans chaque cas, ces politiques résultaient de pressions populaires, mais aussi de mesures incomplètes qui sont loin de mettre fin aux ambitions génocidaires d’Israël ni de rompre l’alliance militaire et économique du Canada avec Israël et son mécène, les États-Unis.
Face à cette réponse molle du gouvernement au génocide, nous, à CJPMO, avons récemment fait campagne pour des changements politiques sérieux : ceux-ci incluent le projet de loi C-233,la Loi visant à éliminer les échappatoires fiscales , qui mettrait fin aux profits de guerre des entreprises canadiennes à Gaza ; et des sanctions économiquesstratégiques contre les principales organisations responsables de l’annexion de la Cisjordanie.
Contester la complicité des médias
Les grands médias canadiens ont joué un rôle important dans la distorsion de la clarté morale de l’opposition à ce génocide. Du mensonge inventé selon lequel le Hamas aurait « décapité des bébés » le 7 octobre aux allégations non corroborées selon lesquelles le Hamas « se cacherait parmi les civils » pendant qu’Israël bombarde des hôpitaux et des écoles, les grands médias répètent la propagande israélienne sans scepticisme, transformant les mensonges en gros titres et la vérité en cendres.
Depuis deux ans, CJPMO lutte contre la mauvaise couverture médiatique et a eu d’innombrables répercussions. Nous avons contribué à un nouveau livre, « Quand le génocide n’était pas une nouvelle » , qui témoigne de cette tache sur notre histoire. Notre site webtémoigne de nos efforts incessants pour faire pencher la balance contre les intérêts des puissants et favoriser une presse plus honnête, même si cela implique de critiquer les médias traditionnels dans l’espoir d’inciter les Canadiens ordinaires à consulter de meilleures sources. Notre équipe et nos bénévoles ont envoyé des milliers de courriels à des journalistes, des rédacteurs en chef et des salles de presse partout au pays. Les médias nous connaissent, connaissent beaucoup d’entre nous par leur prénom et sont obligés de nous prendre de plus en plus au sérieux.
L’opinion mondiale se dresse contre Israël
Du génocide israélien à Gaza à l’expansion des colonies illégales en Cisjordanie occupée, en passant par ses attaques contre le Yémen, la Syrie, l’Iran, le Liban et le Qatar, l’impunité d’Israël semble sans limites. Les gouvernements ont clairement fait savoir qu’il n’y avait pas de ligne rouge ni de conséquences.
Pourtant, au Canada et partout dans le monde, nous constatons un changement radical dans l’opinion publique : une majorité de Canadiens et une pluralité d’Américains reconnaissent que les actions d’Israël à Gaza constituent un génocide. Israël est de plus en plus isolé, tandis que la solidarité mondiale avec la lutte palestinienne continue de croître. Lorsque le premier ministre Netanyahou s’est adressé aux Nations Unies à New York, il s’est retrouvé face à des rangées de sièges vides, tandis que les dirigeants mondiaux quittaient la salle en signe de protestation. (Malheureusement, l’ambassadeur canadien Bob Rae était l’un des rares à rester assis.)
Quelques jours plus tôt, le 22 septembre, les Italiens avaient déclenché une grève générale, paralysant le pays. Les travailleurs portuaires, les chauffeurs de taxi, les chauffeurs d’autobus et les enseignants protestaient contre la complicité de leur gouvernement dans le génocide. Le même jour, l’Espagne annonçait un embargo « total » sur les armes contre Israël. D’autres pays européens ont également commencé à prendre des mesures plus importantes, de l’Irlande qui promettait d’interdire les produits des colonies à la Slovénie qui a imposé une interdiction de voyager à Netanyahou. Aujourd’hui, à Montréal, où se trouve le bureau de CJPMO, des grèves en solidarité avec Gaza ont contraint les universités à fermer.
Il ne fait aucun doute que les choses évoluent et que la volonté d’agir est plus forte. Mais ce changement est lent et le temps presse. Il est crucial de continuer à inciter nos gouvernements et nos institutions à prendre les mesures nécessaires. La complicité de génocide fait peut-être partie de l’histoire du Canada, mais elle ne doit pas nécessairement définir notre avenir.
Nous ne resterons pas silencieux.
Grâce à votre soutien, nous pouvons continuer à lutter pour mettre fin à la complicité du Canada dans le génocide israélien à Gaza et son annexion de la Cisjordanie. Ensemble, nous pouvons réclamer justice au Parlement et dans les médias. Avec votre aide, CJPMO continuera de se battre pour des politiques fondées sur le droit international et les droits de la personne, de la lutte contre la complicité canadienne dans les exportations d’armes à la lutte contre la désinformation dans les médias.
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Deux ans après le début de ce génocide, notre détermination est plus forte que jamais : demander des comptes à nos dirigeants, exiger justice et soutenir sans faille le peuple de Gaza.
Pour la justice et la paix
L’équipe CJPMO
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Déclaration de solidarité des organisations québécoises des arts de la scène avec la Palestine
Plus de vingt organisations québécoises des arts de la scène ont signé une déclaration de solidarité envers la Palestine initiée par le collectif theatre4palestine, qu’elles ont lue le 26 septembre dernier au M.A.I. (Montréal, arts interculturels), dans le cadre de l’exposition The Lost Paintings : A Prelude to Return, réunissant 53 artistes palestinien·ne·s.
Nous, directions d’organisations québécoises des arts de la scène, prenons la parole pour répondre à l’appel à la mobilisation lancé par nombre de confrères et consœurs d’ici et d’ailleurs, activistes, artistes, spécialistes et organisations, qui unissent leur voix pour dénoncer l’occupation illégale de la Palestine par Israël. Tandis que nous entrerons dans quelques jours dans une troisième année d’un effacement méthodique de la population palestinienne, nous ne pouvons plus douter des intentions génocidaires du gouvernement israélien. Face à ce constat, le silence n’est tout simplement plus une option.
Si les journalistes ne sont pas autorisés en territoire palestinien et que la réalité vécue là-bas nous demeure cruellement cachée, certaines vérités ne peuvent plus être niées. Ainsi, le 22 août dernier, l’état de famine a-t-il été officiellement déclaré par l’ONU dans la bande de Gaza. Une population entière est forcée de se déplacer vers des camps coupés de toute aide humanitaire et pris comme cibles de bombardements. L’utilisation de la faim comme arme de guerre, la destruction massive des infrastructures civiles, dont les hôpitaux, et les frappes aveugles répétées contre la population confirment que nous sommes face à un génocide. Maintenant que l’ONU le reconnaît officiellement, il est impensable d’attendre les années qu’il faudra à la Cour internationale de justice pour en arriver à la même conclusion avant de choisir de quel côté de l’Histoire nous voulons nous tenir.
Si nous croyons que toute vie a une valeur égale, qu’elle soit canadienne, israélienne, palestinienne ou autre, il faut agir en cohérence contre la destruction programmée d’un peuple. Alignés sur les valeurs d’empathie et d’altérité qui animent nos lieux et nos oeuvres, nous plaidons pour l’égalité des droits pour toutes les personnes vivant sur le territoire israélo-palestinien et pour que cesse enfin l’occupation continue de la Palestine par Israël dans le respect du droit international.
Au lendemain de la décision du gouvernement canadien de reconnaître l’État de la Palestine, il est maintenant capital de nous assurer que cette affirmation dépasse la simple portée symbolique et devienne un véritable levier de changement. Tant qu’Israël sera en violation du droit international, nous demandons à Ottawa d’accompagner ses paroles de sanctions concrètes, qu’elles soient diplomatiques ou commerciales, et de mettre fin immédiatement aux ventes directes ou indirectes de matériel militaire à Israël. La solidarité internationale est une obligation morale face aux crimes contre l’humanité. Celle-ci exige de nous le courage de poser des gestes politiques francs et cohérents.
À notre tour, nous appelons chacune et chacun à joindre leur voix au concert de celles qui s’élèvent pour marteler que l’inaction est intenable et réclamer la fin de l’oppression du peuple palestinien.
Signataires
Sylvain Bélanger et Mélissa Pietracupa, Centre du Théâtre d’Aujourd’hui
Édith Patenaude et Mayi-Eder Inchauspé, Espace GO
Félix-Antoine Boutin et Julie Mamias, Espace Libre
Martine Dennewald, Jessie Mill et Sandra O’Connor, Festival TransAmériques (FTA)
Olivier Bertrand, La Chapelle, Scènes contemporaines
D. Kimm et Gaétan Paré, Les Filles électriques / Festival Phénomena
Claudel Doucet et Éva Patenaude, LA SERRE – arts vivants
South Miller et Jacob Brindamour, Les Sages Fous / La Fabrique de théâtre insolite
Camille Larivée, Montréal, arts interculturels
Kim-Sanh Châu et Mari Deckers, Studio 303
Julie Deschênes, Tangente
Charles Bender, Marco Collin, Marcelle Dubois, Olivier Ducas, Anne-Marie Guillemaine, Xavier Huard, Francis Monty, Marilyn Perreault, Annie Ranger, Claudine Robillard, Théâtre Aux Écuries
Catherine Vidal et Xavier Inchauspé, Théâtre de 4’SOUS
Jean-Simon Traversy, David Laurin et Amélie Duceppe, Théâtre Duceppe
Geoffrey Gaquère et Étienne Langlois, Théâtre du Nouveau Monde
Mani Soleymanlou, Théâtre français du CNA
Maxime Burgoyne-Chartrand et Michel Nadeau, Théâtre La Bordée
Philippe Lambert et Hélène Rioux, Théâtre La Licorne
Olivier Arteau et Marc-Antoine Malo, Théâtre Le Trident
Philippe Cyr et Vincent de Repentigny, Théâtre Prospero
Sophie Corriveau, Danse-Cité
https://www.pressegauche.org/Declaration-de-solidarite-des-organisations-quebecoises-des-arts-de-la-scene
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Flottilles vers Gaza, tous les participants sont libres
Depuis leur interception dans les eaux internationales dans la nuit de mercredi à jeudi dernier, les 150 participants de la flottille Thousand Madleens et de la Freedom flotilla Coalition enlevés et fait prisonniers par les autorités israéliennes ont été libérés au compte-gouttes. Les dernières personnes en détention ont été libérées ce weekend, ainsi que les six membres de la Global Sumud Flotilla toujours emprisonnés après avoir passé plus de dix jours enfermés dans les geôles israéliennes.
Les derniers participants retenus prisonniers en Israël ont été libérés ce dimanche 12 octobre. Ils faisaient partie des 150 membres de l’équipage du Thousand Madleens et du bateau Conscience (de la Freedom Flotilla Coalition, FFC). Certains ont passé près de quatre jours emprisonnés dans les geôles israéliennes, tout comme leurs prédécesseurs membres de la Global Sumud Flotilla et arrêtés une semaine plus tôt.
Des passagers de la seconde flottille libérés en plusieurs vagues
Arrêtés le jeudi 9 octobre au petit matin, les 150 participants à la flottille Thousand Madleens accompagnés du bateau Conscience (affrété par la FFC) ont été libérés au fur et à mesure. Parmi les premières personnes libérées, on trouve les députées LFI Alma Dufour et Farida Amrani, relâchées dans la journée du 9 octobre.
Le lendemain, vendredi 10 au matin, une nouvelle vague de ressortissants français, au nombre de neuf, s’envole vers la Turquie, avant de rejoindre la France en fin de soirée. Parmi eux, le journaliste du Média TV Andreï Manivit et un humanitaire, Mouss. D’après le site d’informations, « leur retour a été un vrai périple, sans aucune aide du gouvernement ».
La députée LFI Farida Amrani a elle aussi condamné sur X le comportement du cabinet de Jean-Noël Barrot, le ministre des Affaires étrangères, avec qui elle aurait échangé plusieurs fois. Pour elle, « la consigne était claire : ne pas financer le retour des ressortissants français ».
Les derniers membres de cette seconde flottille interceptée ont été relâchés hier, dimanche 12 octobre, d’après un communiqué publié par l’organisation de la FFC : « Des dizaines de volontaires internationaux ont été expulsés vers la Jordanie plus tôt dans la journée. Les derniers individus relâchés de la prison de Shikma étaient Huwaida Arraf et Zohar Regev, les deux ayant la nationalité israélienne, ont été injustement détenus sous de fausses accusations criminelles fabriquées avant d’être relâchés par la police israélienne. »
Dans son communiqué, la FFC rappelle que Adalah , une organisation de défense des droits de l’homme qui vient en aide juridiquement aux Arabes d’Israël, et qui représentait 145 détenus des deux flottilles, a rapporté des mauvais traitements causés à ces derniers par les forces israéliennes.
Des détenus ont été agressés verbalement et physiquement, privés de sommeil, leurs effets personnels confisqués et leurs droits juridiques bafoués.
Libération des derniers prisonniers de la Global Sumud Flotilla
Alors que l’attention se portait sur la nouvelle flottille interceptée par l’armée israélienne, six membres de l’équipage de la Global Sumud Flotilla, toujours détenus depuis leur kidnapping dans les eaux internationales au début du mois d’octobre, ont finalement été libérés à leur tour dans le weekend avec 89 autres membres de la Thousand Madleens et de la FFC.
La dernière passagère libérée est une militante espagnole, Reyes Rigo, qui a passé dix jours emprisonnée en Israël avant d’être libérée hier dans la journée. Elle a pu retrouver ses proches en Espagne aujourd’hui.
Agence Média Palestine, le 13 octobre 2025.
https://agencemediapalestine.fr/blog/2025/10/13/flottilles-vers-gaza-tous-les-participants-sont-libres/
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Rencontre avec Iyad Alasttal – Paris, le 25/10/25
https://atljenine.net/rencontre-avec-iyad-alasttal-paris-le-25–10–25/
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« Ce qu’il reste de nous »
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La Génération Palestine
https://leblognotesdehugueslepaige.be/la-generation-palestine/
Face aux attaques des colons contre les Palestiniens, l’interposition non-violente des volontaires internationaux
Pendant que Trump vante son plan de paix pour Gaza, en Cisjordanie, les attaques de colons contre des Palestiniens se poursuivent. Face aux violences, des volontaires internationaux et israéliens tentent de soutenir villageois et cultivateurs.
https://basta.media/Face-aux-attaques-des-colons-contre-les-Palestiniens-l-interposition-non-violente-des-volontaires-internationaux
Gaza : 70 milliards de dollars seront nécessaires pour reconstruire l’enclave dévastée
https://news.un.org/fr/story/2025/10/1157673
500 000 Palestinien·nes retournent dans la ville de Gaza
https://www.france-palestine.org/500–000-Palestinien-nes-retournent-dans-la-ville-de-Gaza
Gaza, jour 738 : au lendemain de l’échange des prisonniers, Israël assassine 5 Palestiniens dans la ville de Gaza
https://agencemediapalestine.fr/blog/2025/10/14/gaza-jour-738-au-lendemain-de-lechange-des-prisonniers-israel-assassine-5-palestiniens-dans-la-ville-de-gaza/
Des milices armées par Israël tentent de s’imposer à Gaza
Des gangs palestiniens de pilleur-euses, armés et soutenus par Israël, semblent accélérer leur recrutement ces dernières semaines et espérer prendre le pouvoir à Gaza.
https://agencemediapalestine.fr/blog/2025/10/13/des-milices-armees-par-israel-tentent-de-simposer-a-gaza/
« Otages », « captifs », « prisonniers » : les médias occidentaux placent les vies israéliennes au dessus vies palestiniennes
https://agencemediapalestine.fr/blog/2025/10/14/otages-captifs-prisonniers-les-medias-occidentaux-placent-les-vies-israeliennes-au-dessus-vies-palestiniennes/
Lettre ouverte à direction de la Philharmonie de Paris
Appel à l’annulation du concert de l’Israel Philharmonic Orchestra prévu le 6 novembre 2025 à la Philharmonie de Paris.
https://blogs.mediapart.fr/artistes-et-publics-contre-genocide/blog/151025/lettre-ouverte-direction-de-la-philharmonie-de-paris
Libération du doyen des détenus administratifs palestiniens
Après plus de vingt ans passés en détention administrative, sans jamais avoir été inculpé ni jugé, dont 18 années en isolement, le doyen des détenus administratifs palestiniens, le journaliste et syndicaliste Nidal Abu Akar, a enfin été libéré.
https://aurdip.org/liberation-du-doyen-des-detenus-administratifs/
Le souvenir du 7 octobre est enseveli sous 70 000 cadavres
Au lendemain du massacre, Israël a reçu un large soutien. Aujourd’hui, le discours sur « l’armée la plus morale au monde » a cédé la place à celui d’une force impitoyable, vindicative et aveugle.
https://global.ilmanifesto.it/the-memory-of-oct-7-is-buried-under-70–000-bodies
Boycotter Israël est devenu consensuel : « Nous n’avons jamais vu une telle poussée auparavant »
https://aurdip.org/boycotter-israel-est-devenu-consensuel-nous-navons-jamais-vu-une-telle-poussee-auparavant/
Des députés communistes expulsés du parlement israélien pour avoir protesté contre le discours de « victoire » de Trump
https://www.europe-solidaire.org/spip.php?article76644
Un député communiste israélien condamne la montée du fascisme et le « culte militariste de la mort »
https://www.europe-solidaire.org/spip.php?article76643
Cinq histoires d’otages ignorées, parce que les otages étaient… palestiniens
https://www.chroniquepalestine.com/cinq-histoires-otages-ignorees-parce-que-otages-palestiniens/
Al Mezan exhorte à la libération immédiate du Dr. Abu Safiya, avant l’audience au tribunal de demain
https://aurdip.org/al-mezan-exhorte-a-la-liberation-immediate-du-dr-abu-safiya-avant-laudience-au-tribunal-de-demain/
Gaza : l’afflux massif d’aide humanitaire menacé par des blocages
https://news.un.org/fr/story/2025/10/1157685










Il relaie le pire de l’extrême droite française :
Jeune nation, Egalité et réconciliation, Action française
Le porte-parole de la Global Sumud Flotilla viré pour ses propos antisémites et homophobes
Mustafa Cakici est l’auteur de centaines de publications haineuses sur les réseaux sociaux. Malgré les alertes de militants de terrain, l’une des flottilles pour Gaza l’a gardé comme porte-parole, avant de finalement l’exclure ce 16 octobre.
https://www.streetpress.com/sujet/1760615664-mustafa-cakici-waves-freedom-lfi-porte-parole-global-sumud-flotilla-palestine-vire-propos-antisemites-homophobes-negationnistes-facebook