Plus de 300 délégué.es venu.es de l’ensemble du territoire se sont réuni.es le week end des 31 janvier-1er février à Bobigny, en Seine-Saint-Denis, pour une « assemblée constitutive » qui devait marquer une avancée dans la construction de notre mouvement. Celles et ceux qui l’ont pu ont, la veille, participé à un passionnant meeting international, au cours duquel se sont notamment exprimés un représentant de Podemos et une représentant de Syriza, longuement ovationnée.
Personne n’ignore la difficulté de la situation politique et sociale dans laquelle nous nous trouvons. D’un certain point de vue, dans un champ politique en crise à gauche et à droite, Ensemble !, petite force en construction, toute jeune encore, fait presque figure d’exception, tant en ce qui concerne les rapports entre militant.es qu’une communauté de vue globale en matière d’analyse et d’orientation politique.
Ce n’est évidemment pas rien, pour un mouvement constitué de composantes dotées d’une forte identité politique, d’histoires et d’expériences diverses, et qui pourtant ont construit, avec d’autres, en un peu plus d’un an, un cadre commun qui n’a rien d’un cartel et au sein duquel lesdites composantes ne constituent plus, globalement, des cadres d’intervention politique.
La discussion politique fut riche, évidemment nourrie par les récents événements, la séquence des 7–11 janvier et la victoire de Syriza en Grèce. Sur ce dernier point, les choses se sont encore accélérées depuis, avec la décision inique de la BCE, dans le sens d’un affrontement dont l’issue est déterminante pour le peuple grec, pour le rapport de forces interne à l’UE et pour l’avenir de la gauche radicale dans toute l’Europe. L’urgence, bien sûr, et chacun.e y a insisté, se situe sur le terrain du soutien au peuple grec, à Syriza, au gouvernement, en mettant toutes nos forces dans la construction du front politique et social le plus large, pour le respect des choix démocratiques des Grecs et pour la rupture avec les politiques d’austérité. Autre tâche de l’heure, et autre front à construire en France : après l’attentat contre Charlie hebdo et la tuerie antisémite, après la force d’une réaction populaire globalement fondée sur des ressorts progressistes et à distance de tout amalgame raciste, après la montée des actes islamophobes et les dénonciations/condamnations pour « apologie du terrorisme », il s’agit de favoriser la construction d’un large front contre tous les racismes, et de contribuer à lancer une campagne contre les lois liberticides. Reste un débat en notre sein et plus largement au sein de la gauche radicale sur la meilleure manière de construire ce front large.
Autre aspect largement discuté durant celle assemblée, les chantiers d’espoir, dans lesquels Ensemble ! investit ses forces, tentant localement d’entrainer les forces du Fdg, d’EELV, les associations, syndicats, plus largement toutes celles et ceux qui jugent fondamental de construire une alternative de gauche à la politique aujourd’hui menée par le gouvernement, qui appauvrit, broie et désespère la majorité de la population et favorise la montée du FN. Les délégué.es ont apprécié positivement le fait que les choses avancent, avec la sortie de l’appel national, déjà signé par 3000 personnes, et les premières initiatives prévues. Restent deux préoccupations liées, celle de faire en sorte qu’il ne s’agisse pas seulement d’un cartel, d’une nouvelle union de partis, et celle de l’impératif renouvellement des pratiques politiques. Sans oublier la nécessité d’avancer sur le fond des propositions que nous pourrions porter en commun.
D’autres questions ont été évoquées, la situation internationale, et notamment la Syrie, mais aussi le nucléaire et les possibilités d’avancer sur ce thème, dans la société, et dans le Fdg …
La COP 21 a fait l’objet d’une discussion en tant que telle, tant les enjeux sont majeurs et tant il convient que chacun.e se les approprie. C’est de ce processus que rend compte le texte adopté par l’assemblée.
Outre la discussion politique, puisque l’assemblée voulait marquer un pas en avant dans la construction de notre mouvement, il a également été question de son fonctionnement. Les collectifs locaux avaient largement débattu d’un texte dont la première version avait été diffusée au mois de novembre. La discussion du week end fut donc à la mesure de cet investissement, riche, passionnée et passionnante. Elle a permis d’avancer sur une série de points, en restant à des formules de compromis et d’équilibre sur d’autres, à propos desquels le consensus doit continuer à se construire. Le fonctionnement acté demeure donc transitoire, inscrit dans un processus de construction d’un mouvement en devenir… qui a vocation à se dépasser lui-même !
Ingrid Hayes