Nous, présidentes et présidents d’université et d’établissement d’enseignement supérieur et de recherche, prenons connaissance des mesures du projet de loi relatif à l’immigration voté par le Sénat et l’Assemblée Nationale ce 19 décembre 2023.
Faisant suite à la vive inquiétude qui était déjà la nôtre à l’issue des débats parlementaires, comme exprimé par France Universités dans un communiqué diffusé dimanche 17 décembre, nous déplorons que la version proposée à cette heure vienne s’attaquer aux valeurs sur lesquelles se fonde l’Université française : celles de l’universalisme, de l’ouverture et de l’accueil, de la libre et féconde circulation des savoirs, celles de l’esprit des Lumières.
À l’heure où les établissements d’enseignement supérieur sont invités à renforcer leurs ambitions pour le rayonnement de la recherche, comment accepter des mesures qui tendront à replier l’université française sur elle-même, alors que nos étudiants et chercheurs accueillis participent à la production, à la diffusion des valeurs et des savoirs académiques et culturels au-delà de nos frontières ?
L’accès aux connaissances et à la formation ne peut être entravé par des considérations financières si restrictives et sans fondement, à l’image de l’instauration d’une caution de retour ou d’une limitation des aides sociales. Les étudiantes et étudiants internationaux sont une richesse pour notre pays, et participent du dynamisme de notre communauté académique.
Par ailleurs, appliquer de façon généralisée et sans possibilité d’exonération la majoration des droits d’inscription pour les étudiantes et étudiants extra-communautaires aurait un effet particulièrement délétère sur le nombre, l’origine géographique et la situation sociale des étudiantes et étudiants pouvant venir étudier en France. Cela reviendrait également à mettre en cause l’autonomie des
universités quant à leur stratégie d’accueil et de rayonnement international.
Ces mesures indignes de notre pays mettent gravement en danger la stratégie d’attractivité de l’enseignement supérieur et de la recherche française, et nuisent à l’ambition de faire de notre pays un acteur majeur de la diplomatie scientifique et culturelle internationale.
Pour toutes ces raisons, nous réaffirmons collectivement notre opposition ferme et déterminée à cet ensemble de mesures.
Les signataires à ce jour
Lamri Adoui – Président de l’Université de Caen Normandie
David Alis – Président Université de Rennes
Annick Allaigre – Présidente de l’Université Paris 8 Vincennes – Saint Denis
Philippe Augé – Président de l’Université de Montpellier
Mathias Bernard – Président de l’Université Clermont Auvergne
Mohammed Benlahsen – Président de l’Université de Picardie Jules Verne
Carine Bernault – Présidente de Nantes Université
Éric Berton – Président d’Aix-Marseille Université
Laurent Bordes – Président de l’Université de Pau et des Pays de l’Adou