Réunie du 26 au 28 mars en Auvergne, la deuxième assemblée du secteur jeune d’Ensemble! a rassemblé plusieurs dizaines de jeunes du mouvement venu-e-s de toute la France. Ces trois jours de formation et de débat ont permis de discuter de la situation politique et notamment de la mobilisation en cours contre la loi travail, ainsi que du fonctionnement et des projets du secteur jeune.
Le contexte international et en France
La situation mondiale demeure marquée par une offensive générale du capital. Confrontées aux contradictions de leur système économique, les classes dominantes se livrent une concurrence acharnée tout en cherchant à accroître leurs profits par une exploitation accrue des classes laborieuses.
En Europe, les gouvernements des différents pays, malgré leurs désaccords, se retrouvent tous dans des politiques d’austérité faisant payer à la population le rétablissement des profits des banques et du grand patronat. L’urgence de répondre radicalement au changement climatique pour défendre nos conditions de vie s’est imposée lors de la COP21 ; mais celle-ci a aussi révélé l’incapacité à le faire de la part des gouvernements dévoués aux intérêts des entreprises privées. La situation économique qui continue de se dégrader et les conséquences croissantes du réchauffement climatique participent à l’extension des conflits à l’échelle mondiale : interventions directes et indirectes des grandes puissances, répression exercée par des dictatures cherchant à maintenir leur domination sur leur peuple, et montée de courants religieux réactionnaires ultra-violents dans un contexte de misère et de manque d’alternative. À l’intérieur des pays développés, le pourrissement de la situation internationale conduit à des attentats meurtriers qui visent en particulier notre milieu. Les gouvernements utilisent ces drames pour imposer une logique de guerre se traduisant sur le territoire par la restriction des libertés et la chasse aux migrant-e-s et minorités, soutenues par l’extrême-droite mais aussi par les partis de droite et social-démocrates. Face à cela, les résistances populaires se manifestent sur tous les terrains : pour l’accueil de tou-te-s les migrant-e-s, contre le racisme, pour l’arrêt des projets productivistes et la justice climatique, la fin de l’austérité et le partage des richesses, contre l’impérialisme et les extrêmes-droites, contre le sexisme et les LGBTphobies : malgré les difficultés, de l’Espagne aux États-Unis, de la Syrie au Mexique, les opprimé-e-s résistent, lèvent la tête et parviennent parfois à remporter des victoires. C’est dans ce contexte international que nous inscrivons les luttes que nous menons en France.
La politique antisociale menée par le gouvernement Hollande s’est encore aggravée. Attaques contre les salarié-e-s, politiques racistes, poursuite des grands projets inutiles et imposés, répression… Ces derniers mois se sont ajoutés l’état d’urgence, qui risque de devenir permanent, la menace de la déchéance de nationalité et la loi travail. Mais les signes se multiplient que, pour des millions d’entre nous, c’en est trop : il faut mettre ce gouvernement hors d’état de nuire. La montée des luttes contre les gaz de schiste et l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes peuvent le mettre en échec. La réforme constitutionnelle, qui vise particulièrement les classes populaires, les militant-e-s et les personnes supposées musulmanes, rencontre une forte résistance. Mais c’est la réforme du code du travail qui vient de déclencher une colère sociale inédite : la combativité et l’espoir reviennent, il nous faut maintenant transformer la colère en révolte.
Discriminé-e-s, assigné-e-s au chômage et à la précarité, dans un environnement en voie de destruction, les jeunes sont en première ligne des batailles qui se jouent aujourd’hui. Ils et elles doivent prendre leur place au cœur des mobilisations et pour la construction d’une société d’émancipation, au côté de tou-te-s les opprimé-e-s.
Construire les mobilisations, ouvrir les chemins de l’alternative
La loi travail a suscité une indignation importante dans la population ; à l’initiative de secteurs syndicaux, d’acteurs des réseaux sociaux et des organisations de jeunesse de gauche, la mobilisation s’est lancée et est déjà la plus importante depuis 2010. Il ne s’agit pas simplement de défendre nos droits de (futur-e-s) travailleuses et travailleurs, mais également d’arrêter le bulldozer libéral. Lors de multiples actions, des manifestations aux blocages d’établissements, des occupations aux délégations de solidarité, la jeunesse, notamment lycéenne et étudiante, a montré sa capacité d’initiative et d’entraînement d’autres secteurs de la société. Avec les entreprises et la fonction publique, où le mécontentement s’accumule depuis des années, la jonction est possible. Il faut d’ailleurs tirer les bilans des luttes des années passées : si l’action isolée ne permet pas de gagner, les journées d’action ponctuelles, même massives, sont également insuffisantes. Pour gagner, le mouvement contre la loi travail doit aller vers une grève générale reconductible, déterminée à tenir jusqu’au retrait total. L’auto-organisation de la lutte est fondamentale : elle permet l’implication de toutes et tous, de mettre les forces en commun et de s’assurer que la mobilisation ne soit pas détournée contre la volonté des premier-e-s concerné-e-s. Pour cela, il faut multiplier les assemblées générales et encourager leur coordination, pour que les décisions du mouvement appartiennent à celles et ceux qui le mènent. Le jeudi 31 mars s’annonce une mobilisation massive : dès maintenant, et notamment le 5 avril, préparons la poursuite pour dégager la loi travail et ce gouvernement.
La COP21 a été une prise de conscience de masse de l’importance des questions écologiques, et a marqué l’émergence à une échelle large de la notion de justice climatique. Mais, en France, la mobilisation a été brisée par le choc des attentats de novembre et la répression du gouvernement. Alors que la démonstration a été faite que seule la mobilisation populaire permettra un monde vivable pour toutes et tous, nous devons mener partout une bataille contre le système productiviste. Face au grandes entreprises, aux installations liées aux énergies fossiles, aux grands projets inutiles, développons des actions locales, nationales et internationales de blocage et d’alternative. Les actions multiples prévues au printemps et à l’été, et une marche pour le climat cet automne pourraient en marquer le début.
La lutte pour les droits des personnes LGBTIQA+ ne doivent pas être oubliées. Les luttes pour la PMA ou encore pour le changement libre d’état civil doivent être massivement soutenues, d’autant que le gouvernement se laisse influencer par les forces réactionnaires.
De nouvelles étapes pour le secteur jeune
Ces journées de printemps ont été une vraie réussite. La loi travail, les mouvements étudiants, les transformations des lycées et des universités, la situation en Syrie et les questions de genre et de sexualité ont été le sujet de formations et discussions. Le mouvement contre la loi travail, notre intervention et nos propositions ont été au cœur de ces trois jours. La participation a montré un renouvellement dans la plupart des villes où nous sommes présent-e-s ainsi qu’un début d’implantation dans de nouvelles.
Il s’agit maintenant de développer le lien entre les différentes villes et davantage de campagnes nationales. Sont d’ores et déjà prévues, outre la lutte contre la loi travail, de nous investir contre l’austérité, notamment dans les facs et les lycées, et pour changer le système afin de sauver le climat.
Nous nous impliquerons pleinement dans l’assemblée générale d’Ensemble! des 11 et 12 juin.
- Les jeunes participeront du 24 au 30 juillet aux Rencontres internationales de jeunes en Catalogne, en commun avec les camarades du Front de gauche ou non-organisé-e-s qui le souhaitent, aux côtés de jeunes anticapitalistes et écologistes radicaux-ales du monde entier.
- Nous serons également présent-e-s au Forum social mondial de Montréal du 9 au 14 août avec le reste du mouvement.
L’université d’été d’Ensemble! du 27 au 30 août, après les RIJ, sera un nouveau moment de rencontre entre jeunes pour nous former, échanger et préparer la rentrée. - Un nouveau secrétariat jeune a été élu, chargé d’assurer l’animation, d’encourager l’activité, de produire du matériel, de renforcer les liens entre villes et à l’international, et de représenter le secteur jeune.
- Une nouvelle réunion nationale jeune aura lieu à l’automne pour discuter de la nouvelle situation politique et des perspectives pour l’année à venir, et pour franchir une nouvelle étape dans notre fonctionnement.
Enthousiastes et déterminé-e-s, nous ressortons chargé-e-s à bloc pour continuer les luttes !
Le secteur jeune d’Ensemble!
30/03/16