La campagne récente de survols des INB* par des drones en France démontre la vulnérabilité de nos installations nucléaires à ceux qui n’ en avaient pas déjà conscience: non seulement le survol des installations est possible, mais aucune mesure de prévention n’ a pu l’ empêcher. Malgré tous les moyens et les efforts déployés, les pilotes sont restés inconnus donc impunis.
L’ ANCCLI* a adressé, le 24 novembre 2014, une demande d’ information au ministère de la défense, accompagnée d’une demande de réunion pour échanger et travailler en synergie avec les organismes concernés par ce problème.
Le Ministère a fait 10 décembre une réponse dilatoire qui ne donne satisfaction à aucune des deux demandes de l’ ANCCLI.
A son tour, cet échange de courriers démontre l’impuissance des autorités face à ce problème qui demeure insoluble.
Il est évident que le niveau de sécurité* est lié à celui de la sûreté* de nos INB. Autrement dit, on peut craindre qu’ une agression extérieure ne soit capable de provoquer un accident nucléaire grave, voir majeur, dans un CNPE*.
Mais d’ où vient le réel danger : des drones ou des réacteurs nucléaires ?
Il existe des drones de toutes les tailles, du simple jouet pour enfant à l’arme chargée de missiles.
Les drones utilisés pour les survols de zones interdites n’ ont présenté aucun danger, alors pourquoi les stigmatiser? Pour masquer le danger que représente les réacteurs nucléaires?
Là se situe le véritable danger: une attaque terroriste pourrait détruire les défenses des CNPE qui n’ ont été dimensionnés que pour parer des accidents technologiques. Une telle attaque pourrait avoir pour conséquence un accident nucléaire majeur. Le tort des drones est de leur montrer le chemin.
Dans le contexte actuel de risque terroriste, nos 58 réacteurs en fonctionnement sont devenus autant de talons d’ Achille dans notre défense nationale. Du point de vue stratégique, la France est devenue indéfendable en raison de la vulnérabilité de ses centrales. Aucune de nos nombreuses bombes atomiques en pourra jamais empêcher une attaque sur l’une d’ elles.
L’état va « prendre les mesures qui s’ imposent… » : pourrait-il transformer nos 19 sites nucléaires civils en forteresses, avec DCA, radars anti-missiles et anti-drones, aviation de chasse…?
L’ ANCCLI également a raison de considérer que « …on ne peut laisser grandir les inquiétudes de toute une population qui vit, ne l’ oublions pas,sur un territoire où sont implantés 58 réacteurs nucléaires. »
Mais suffira-t-il d’informer et de rassurer pour rendre nul le risque nucléaire ?
Ce risque, avéré depuis Tchernobyl et Fukushima, est inhérent au fonctionnement des réacteurs. Ces quatre explosions de réacteurs représentent une occurrence de presque 1% sur le parc mondial, ( sans compter les accidents de piscine de stockage à Mayak et à Windscale). On est bien loin des calculs de probabilité très optimistes qui avaient été avancés.
Les seuls réacteurs sûrs qui existent dans le monde sont ceux qui n’ont jamais été mis en service, il y en a 5. Le rêve d’une société en paix et bénéficiant d’une énergie propre illimitée est devenue le cauchemar des gendarmes et des ingénieurs.
Sûreté et sécurité des CNPE ne seront assurées qu’ à leur fermeture.
Jacques Terracher
Petit lexique du nucléaire :
ANCCLI : association nationale des CLI (commission locale d’information).
Sûreté : la prévention des accidents, assurée par les ingénieurs.
Sécurité : la prévention des attentats, assurée par les gendarmes et l’armée.
INB : installation nucléaire de base (centrales, usines, sous-marins …nucléaires)
CNPE : centrale nucléaire de production d’ électricité.