Abraham Behar, militant anti impérialiste de longue date, militant du Cedetim, ce texte est issu d’une discussion sur une liste d’une Cedetim qui nous a été transmise avec l’accord de son auteur. Précieuse contribution au débat.
A celles et ceux qui disent « oui à la vaccination, non à l’utilisation du pass sanitaire », voici ce qu’il répond:
« Puis je me permettre quelques objections?
1– Sans traitement, l’unique voie possible reste la prévention
2– Celle-ci a 3 étages: la prévention primaire pour tout le monde, ici les gestes barrières, la prévention secondaire, c’est le dépistage qui permet d’isoler et traiter les cas positifs, et aussi de circonscrire la pandémie, la prévention tertiaire pour prévenir les complications; c’est le rôle des vaccins qui protègent le plus souvent contre les cas graves.
3– D’où vient l’idée du passe sanitaire? directement du virus lui même: le variant actuel est mille fois plus contagieux que la souche d’origine. Cela veut dire que les non vaccinés sont hyper contaminants (voir le drame de la Martinique et la Guadeloupe); Et les vaccinés? ils le sont, selon le “New England Journal of medecine“ douze fois moins.
Dans ce contexte que peut on faire? Bien sûr accélérer la vaccination, mais cela prend du temps, et les inégalités sont criantes dans le monde. Alors vient l’idée de diminuer le flux de la contagion en introduisant une barrière face aux hyper contagieux par le pass sanitaire. C’est vrai, cela n’est pas glorieux, et il y a là dedans une part de panique de nous, les soignants. Il y a bien sur des excès dans l’application: nous suivons le modèle de New York (et non, ce n’est pas Macron qui l’a inventé), et il faudrait peut être prendre plus de distance.
Mais de là a vouer aux gémonies cette tentative de circonscrire la pandémie qui galope, malgré la couverture vaccinale, il y a un pas que je ne franchis pas. La prévention en santé publique a toujours été une galère terrible, pour avoir affronté trois épidémies dans ma carrière de soignants, j’en sais quelque chose! Mais a-t-on le choix? Laisser galoper la pandémie? dire “c’est bien fait“ pour la majorité actuelle en réanimation des anti vacs, (ce qui serait honteux, tout patient doit être pris en charge)? Toute honte bue, pour une fois dans ma vie, je suis réformiste: oui il faut adapter cette mesure, oui il faut combattre les effets pervers, mais en attendant mieux, oui le pass sanitaire peut nous aider a reprendre le contrôle de la situation. Je ne vois pas d’autres moyens d’assurer notre mission de soins.
Abraham Behar
Qui est Abraham Behar? cf Le Maitron)
Né le 29 avril 1932 ; maître de conférences de l’Université-médecin des hôpitaux de Paris jusqu’à sa retraite ; militant syndical (SNESup, CFDT) ; militant politique (PSU) ; militant de l’Association internationale des médecins pour la prévention de la guerre nucléaire
Abraham Béhar fut un des fondateurs de l’association médicale franco-palestinienne. Membre du comité Vietnam national, il fut un des fondateurs de l’association médicale franco-vietnamienne Il fut membre du tribunal Russel pour le Vietnam. Membre fondateur du Centre d’études et d’initiatives de solidarité internationale (CEDETIM), il participa aussi à la création du Centre international de culture populaire (CICP);