Et six mois de plus ! – Nous ne céde­rons pas !

Appel daté du 20 juillet du Collec­tif unitaire « Nous ne cède­rons pas ! »

Une nouvelle fois, la France vient d’être confron­tée à l’hor­reur des atten­tats. Face au nombre de victimes, aux circons­tances et au mode opéra­toire choi­sis, nous ne pouvons que ressen­tir colère et douleur.

La réponse gouver­ne­men­tale, formu­lée au soir même de cet acte odieux, consiste à proro­ger une quatrième fois l’état d’ur­gence pour une durée d’au moins six mois. Après s’être livrés à une lamen­table suren­chère sécu­ri­taire et déma­go­gique, les parle­men­taires ont avalisé à une très large majo­rité cette proro­ga­tion d’un état d’ur­gence sans fin, aggravé par des dispo­si­tions qui accroissent encore les possi­bi­li­tés d’ar­bi­traire ou qui valident des mesures sans rapport avec l’objet du texte.

Ainsi, les perqui­si­tions admi­nis­tra­tives vont reprendre et même les enfants deviennent des suspects poten­tiels puisqu’ils pour­ront être rete­nus pendant quatre heures au cours d’une perqui­si­tion !

Ces dispo­si­tions vien­dront s’ajou­ter à celles prévues par la toute récente loi sur la réforme de la procé­dure pénale mais aussi par toutes les lois sécu­ri­taires votées depuis une ving­taine d’an­nées.

Alors que le dernier rapport parle­men­taire sur l’état d’ur­gence a montré la portée limi­tée d’un régime qui se voulait d’ex­cep­tion, la France va donc s’ins­tal­ler de façon durable dans une situa­tion qui margi­na­lise chaque jour davan­tage le rôle du juge judi­ciaire, garant des liber­tés indi­vi­duelles, au profit du seul pouvoir exécu­tif. Nous savons, aujourd’­hui, que l’état d’ur­gence a été utilisé pour autre chose que la lutte contre les actes de terro­risme, notam­ment pour empê­cher des mani­fes­ta­tions et assi­gner à rési­dence des mili­tants poli­tiques sans que tout cela ait le moindre rapport avec la lutte contre les actes de terro­risme.

Plus que jamais, il convient de rappe­ler qu’il n’y a pas à choi­sir entre sécu­rité et liberté, sauf à entrer dans un marché de dupes qui, à terme, ne garan­tit ni l’une ni l’autre.

Depuis le mois de novembre 2015, nous refu­sons de céder à la peur parce que celle-ci génère amal­games, discri­mi­na­tions et frac­tures au sein même d’une société légi­ti­me­ment inquiète et trau­ma­ti­sée. Pour lutter effi­ca­ce­ment contre le terro­risme, il convient d’abord de s’in­ter­ro­ger sur ce qui, en amont, n’a pas marché. Le pays n’a pas besoin de nouvelles dispo­si­tions légis­la­tives ou d’une péren­ni­sa­tion de l’état d’ur­gence. Il doit au contraire se retrou­ver autour d’une mobi­li­sa­tion citoyenne qui renforce la soli­da­rité, les liber­tés et les valeurs portées par la démo­cra­tie.

Paris, le 20 juillet 2016

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