Un article de notre camarade Jean-Pierre Bugeau, déja paru sur web86
Il était une fois, un gouvernement d’opérette, au royaume de France !…
Le 5 septembre dernier le petit roi de France a nommé, après beaucoup d’hésitation, un nouveau premier ministre de 73 ans qui succède à l’ancien premier ministre, le juvénile fou du roi, Gabriel Attal, qui n’aura exercé sa charge que moins de huit mois…
Michel Barnier, très embarrassé également, mettra plus de 15 jours pour constituer de bric et de broc, un gouvernement d’opérette composé de 39, puis de 41 ministres plus ou moins fantoches, tous de droite, allant de la macronie à la vieille droite rétrograde, conservatrice et réactionnaire, plus ou moins extrême… et ceci, le 22 septembre, qui correspond, sans doute par hasard, à la veille du premier vendémiaire, 1er jour de l’An 233, du calendrier républicain ; étonnant, non ?!
En fait, ce gouvernement ne représente à l’Assemblée nationale qu’une « minorité majoritaire » de 215 députés sur 577, soit 37 % du nombre total de députés de l’assemblée, seulement…
Il serait pénible et fastidieux d’analyser le pedigree des 41 hommes et femmes, ministres, ministres délégués et secrétaires d’état, mais cependant, un certain nombre d’entre-eux mérite notre attention, tant notre inquiétude sur la gouvernance de la France est grande et justifiée…
Six anciens ministres, macronistes ont été maintenus au sein du gouvernement Barnier, soit au même poste, soit à des fonctions différentes ; à savoir :
– Sébastien Lecornu, toujours ministre des armées ; colonel de réserve de la gendarmerie nationale, (ex LR et ancien fillonniste) ;
– Rachida Dati, toujours ministre de la culture, malgré sa mise en examen dans l’affaire Goshn Renault Nissan (ex LR et ancienne sarkoziste) ;
– Catherine Vautrin, ancien ministre du travail récupère « les territoires », (ex LR, droite extrême) ;
– Agnès Pannier-Runachier passe de l’agriculture à la transition écologique, malgré un dossier judiciaire en cours, (macroniste) ;
– Guillaume Kasbarian quitte le logement pour la fonction publique (macroniste) ;
– Jean-Noël Barrot est promu aux affaires étrangères, (Modem).
Parmi les 19 ministres, 17 ministres délégués et 5 secrétaires d’état, quelques uns et quelques unes méritent le détour ; par ordre du protocole :
– Didier Migaud, garde des sceaux-ministre de la justice, ancien président de la cour des comptes, que l’on ose qualifier de gauche puisqu’il a été autrefois, député socialiste pendant plus de 20 ans ;
– Bruno Retailleau, ministre de l’intérieur, la plus belle prise ou la meilleure pioche de gouvernement, ancien chef de file des sénateurs LR ; il reste une figure incontestée de la droite la plus conservatrice et réactionnaire, après avoir été membre du Mouvement pour la France de Philippe de Villiers proche de l’extrême-droite, soutien de la très droitière manif pour tous et de Fillon… (Pourvu qu’il ne nous rallume pas les guerres de Vendée !) ;
– Anne Genetet, ministre de l’éducation nationale, médecin de formation, macroniste de la 1ere heure ; elle semble ne connaître l’enseignement que par sa grand-mère institutrice et par la gestion de la formation des personnels de maison qu’elle a exercée à Singapour ;
– Annie Genevard, ministre de l’agriculture, ancienne professeur de français et chargée du projet éducation chez LR ; elle souhaitait obtenir le poste de ministre de l’éducation nationale, on lui a donné l’agriculture ;
– Maud Brégeon, ministre déléguée, porte-parole du gouvernement en remplacement de la sinistre Prisca Thévenot ; née à Poitiers, macroniste de la première heure après avoir soutenu Sarkozy, député des Hauts-de-Seine, elle souhaitait obtenir son investiture dans la 1ère circonscription de la Vienne ;
– Othman Nasrou, secrétaire d’État, chargé de la citoyenneté et de la lutte contre les discriminations, proche de Pécresse ; il semble être un cadre ambitieux et arrogant du parti résiduel de la droite républicaine ;
– Laurence Garnier, secrétaire d’état, chargée de la consommation, ancienne sénatrice de Loire-atlantique, catholique, traditionaliste de la vieille droite extrême. Elle s’est opposé au mariage des personnes de même sexe et a défilé aux côtés de la manif pour tous…
Voilà un aperçu d’une partie de la composition du gouvernement de droite, très à droite (de la droite macroniste finissante jusqu’à la vieille droite moisie que nous subissons depuis la fin du gouvernement de Vichy, en passant par toutes les autres nuances de la droite perpétuelle…
Il ne manquait plus, pour compléter le tableau, que le député de la deuxième circonscription de Poitiers, Sacha Houlié en tant que ministre de la propagande, mais sa disgrâce auprès du petit roi de France, l’a placé hors-jeu…
Pour résumer, la dissolution de l’Assemblée nationale n’aura servi qu’à remettre en place un autre gouvernement de droite, pire que le précédent, qui représente moins de 30 % des françaises et des français et ceci avec la bénédiction de l’extrême droite qui tire les ficelles et qui va pouvoir affûter ses armes pour arriver au pouvoir au cours des prochaines années…
Ce gouvernement qui ne présente aucune légitimité, va mettre en œuvre un régime d’austérité de droite dure et autoritaire, qui maintiendra l’ordre établi au profit des riches, sans programme de réformes sociales et fiscales indispensables pour améliorer les conditions des classes populaires…
Les premiers signaux du gouvernement ne contribuent pas à nous rassurer ; citons pêle-mêle, entre autres :
– La diminution des dépenses dans les services publics, à l’exception de la police et des armées,
en faisant appel à la réduction des budgets des collectivités territoriales ;
– La limitation de l’augmentation de la fiscalité à quelques foyers ou entreprises les plus riches, alors que la hausse de l’imposition pourrait être appliquée de façon progressive sur les foyers dont les revenus mensuels sont supérieurs à 10 000 € et non pas à 40 000 € comme la droite le propose ;
– La diminution de la prise en charge des dépenses de santé par la sécurité sociale qui va pénaliser encore plus les citoyennes et les citoyens les plus modestes ;
– La mise en œuvre de nouvelles mesures répressives d’atteinte aux libertés individuelles et collectives, sous l’impulsion de Retailleau qui veut « rétablir l’ordre à la puissance 3 » et qui ressemble fortement à l’ancien préfet de police de Paris Lallement de sinistre mémoire ;
– La préparation de nouvelles lois liberticides en matière de sécurité intérieure et d’immigration qui ne vont pas manquer de se faire jour…
Cette liste risque de s’allonger et de s’alourdir au cours des mois à venir, au détriment des classes populaires et au profit des classes possédantes qui vont continuer à s’enrichir ; d’ailleurs, à droite, on ne parle pas de la lutte contre la fraude fiscale qui prive chaque année l’état de 80 milliards d’euros de recettes. Heureusement, la gauche (NFP) a permis d’obtenir en commission des finances, 40 milliards de recettes fiscales nouvelles provenant de la taxation des bénéfices des multinationales et des superprofits des énergéticiens et de certaines entreprises…
Ce gouvernement de droite dure, soutenu par l’extrême droite prouve, s’il en était besoin, que la France se droitise et s’extrême-droitise de plus en plus, avec la complicité insidieuse des médias fascisants tels que des WCNews et Europe 1, j’en passe et des pires…
Pendant ce temps-là, le bon peuple qui trime et qui trinque va continuer à galérer, et la précarité et la pauvreté ne vont cesser de progresser.
La seule opposition véritable n’étant exercée que par la gauche parlementaire (NFP), il est indispensable que les forces de progrès (syndicats, associations, mouvements divers) se mobilisent pour lui apporter leur soutien et résistent en masse pour éviter que nous soyons broyés par le régime.
N’oublions jamais ce que disait le poète : « l’homme ne descend pas du singe, il descend plutôt du mouton »…!
JP Bujeau. Octobre 2024.