5 décembre 2025

L ‘holo­causte des Roms. 1943–1944.

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Roms massa­crés à Ausch­witz : l’an­ni­ver­saire tragique du 2 août 1944

A Ausch­witz-Birke­nau, dans la nuit du 2 au 3 août 1944, 2 897 Roms survi­vants dans le camp, pour la plupart des femmes, des enfants et des vieillards, furent assas­si­nés dans les chambres à gaz lors la liqui­da­tion du « Zigeu­ner­la­ger » (« le camp des tsiganes ») 

Le « Zigeu­ner­la­ger » avait été établi par un décret de Himm­ler en décembre 1942.

Le 29 janvier 1943, son admi­nis­tra­tion, le RHSA, ordonne la dépor­ta­tion de tous les Roms d’Al­le­magne et des pays occu­pés vers Ausch­witz ( ci-dessous)

Déjà le 8 décembre 1938, dans le décret sur « la lutte contre le fléau tsigane  » Himm­ler avait ordonné le recen­se­ment « inté­gral » des Tsiganes. A partir de 1940, ils furent dépor­tés par milliers dans des camps de travail et des ghet­tos en Pologne, en appli­ca­tion de l’or­don­nance nazie du 27 avril 1940 dite de « trans­plan­ta­tion » (Umsied­lung­ser­lass).

Au total, 20 000 Roms sur les 23 000 déte­nus dans le « Zigeu­ner­la­ger » à Ausch­witz-Birke­nau y ont trouvé la mort à partir du début de 1943. 13 000 d’entre eux étaient origi­naires d’Al­le­magne et d’Au­triche, les autres venant de pays soumis au Troi­sième Reich ou colla­bo­rant avec lui.

Entre avril et juillet 1944, envi­ron 3 500 Roms et Sinti ont été trans­fé­rés vers d’autres camps. Certains d’entre eux ont survécu aux épreuves de la persé­cu­tion, mais 85% de ceux qui ont été trans­por­tés initia­le­ment à Ausch­witz Birke­nau ont été exter­mi­nés.

Les histo­riens estiment que les nazis et leurs alliés auraient exter­miné 500 000 Roms et Sintis soit entre le tiers et la moitié de la popu­la­tion tzigane vivant en Europe avant la guerre.

Un exemple parti­cu­lier est celui du lieu de mise à mort de Babi-Yar en Ukraine avec ses exécu­tions précoces dès 1941 (voir ici)

Pendant des décen­nies, les Roms et Sinti qui avaient survécu aux persé­cu­tions nazies ont été réduits au silence.

Après 1945, de nombreux pays n’ont ni reconnu ni condamné leurs persé­cu­tions raciales, et ils ont en outre conti­nué leurs pratiques discri­mi­na­toires à l’égard des Roms et des Sinti, y compris dans le proces­sus de resti­tu­tion des biens pillés par les nazis.

Du fait que la commé­mo­ra­tion dépend de la recon­nais­sance offi­cielle ainsi que de la recherche et de l’his­to­rio­gra­phie, les souf­frances des Roms et des Sinti ont très peu attiré l’at­ten­tion.

Face à cette situa­tion, les Roms et les Sinti ont longue­ment lutté pour être recon­nus et occu­per la place qui est la leur parmi les victimes du régime nazi.

C’est en 1979 seule­ment que l’Al­le­magne de l’Ouest a reconnu offi­ciel­le­ment que l’ex­ter­mi­na­tion des Roms et des Sinti était fondée sur des raisons raciales, par déci­sion du Parle­ment de la répu­blique fédé­rale d’alors .

C’est à partir de 1984 que les Roms et les Sinti eux-mêmes ont commencé à commé­mo­rer leur géno­cide à Ausch­witz, le 2 août, date de la liqui­da­tion du « Zigeu­ner­la­ger », avec la parti­ci­pa­tion des repré­sen­tants des États et de la commu­nauté inter­na­tio­nale.

C’est en 2001 seule­ment que le musée natio­nal d’Au­sch­witz a ouvert une expo­si­tion perma­nente sur le géno­cide des Roms et des Sinti. Ce pavillon repré­sente main­te­nant un lieu de mémoire impor­tant qui docu­mente l’en­semble du proces­sus de persé­cu­tion mis en œuvre par les nazis et leurs alliés, dont la France de Pétain.

C’est depuis 2015 seule­ment que  la date du 2 août a été recon­nue offi­ciel­le­ment par le parle­ment euro­péen comme « Jour­née euro­péenne de commé­mo­ra­tion de l’Ho­lo­causte des Roms »

On l’ap­pelle « Poraj­mos », « Samu­da­ri­pen », holo­causte rom, ou encore « Kali Traš »,( litté­ra­le­ment « Terreur noire »).

En 2010, en France le secré­taire d’État aux anciens combat­tants a évoqué la parti­ci­pa­tion de la France à l’in­ter­ne­ment des Tziganes, lors d’une Jour­née natio­nale de la mémoire des victimes de crimes racistes et anti­sé­mites de l’État français.

Trente et un camps, dans lesquels furent inter­nés entre 6 000 et 6 500 « nomades », ont été gérés par les auto­ri­tés françaises jusqu’en 1946. En 2016, François Hollande, lors d’une céré­mo­nie d’hom­mage sur le site du plus grand de ces camps, à Montreuil-Bellay (Maine-et-Loire), décla­rait : 
« La Répu­blique recon­naît la souf­france des nomades qui ont été inter­nés et admet que sa respon­sa­bi­lité est grande dans ce drame ».

On connaît le sort de discri­mi­na­tion et de racisme qui conti­nue à accom­pa­gner la vie des popu­la­tions Roms en Europe, notam­ment en Hongrie et Slovaquie

C’est aussi le cas dans des pays comme l’Ita­lie.

En France les Roms sont la cible de multiples attaques venant de tous les bords ; certains respon­sables de l’UMP se sont spécia­li­sés dans la dénon­cia­tion haineuse des Roms à la suite de Sarkozy et de Le Pen.

Mais à gauche aussi, les propos et les actes discri­mi­na­toires à leur égard perpé­tuent l’op­pres­sion dont sont victimes ceux qui ont payé un si lourd tribut au nazisme. 

Ils conti­nuent à subir des attaques violentes alimen­tées par des rumeurs complai­sam­ment répan­dues, notam­ment sur les réseaux sociaux .

Ce fut le cas notam­ment en Mars 2019 en Seine Saint-Denis et dans d’autres loca­li­tés d’Ile de France (voir recen­se­ment ici), après qu’une rumeur ait circulé sur les réseaux sociaux selon laquelle des Roms, à bord d’une camion­nette, kidnap­pe­raient des enfants.

Nous rendons un hommage parti­cu­lier à Raymond Gurême, l’un des derniers témoins de la dépor­ta­tion tzigane. Cet ancien déporté est décédé le 24 mai 2020 à l’âge de 95 ans.

Il était un défen­seur de la mémoire de la dépor­ta­tion et de la culture tzigane.

Interné au camp de Linas-Montl­héry
Il était l’un des derniers survi­vants du camp dit « d’in­ter­ne­ment des nomades » qui avait vu le jour en quelques heures à Linas-Montl­héry (Essonne) , en novembre 1940.

Né au cœur des années 1920 dans une famille française tzigane, Raymond Gurême se desti­nait à suivre les pas de ses ancêtres dans le cirque fami­lial ambu­lant. Mais tout bascule au moment des années 1940, quand l’en­semble de sa famille est arrê­tée par la police française.

Après quelques jours près de Rouen dans le camp de Darné­tal, il finit par atter­rir au camp de Linas-Montl­héry. Avec sa famille, ils y connaî­tront le froid, la faim ou encore la soif sous l’in­dif­fé­rence de leurs geôliers.

Un des derniers témoins
Parvenu à s’échap­per à maintes reprises de camps et de situa­tions périlleuses, il prend ensuite le chemin de la Résis­tance. Son action dans ses rangs lui permet­tra d’ai­der les siens et son pays, la France.

D’ailleurs, il ne reverra ses proches que près de dix ans après le conflit mondial.

Installé à Saint-Germain-lès-Arpajon,il passé une partie de sa vie à trans­mettre son histoire, comme lors de l’inau­gu­ra­tion de la stèle en mémoire de la dépor­ta­tion à Bréti­gny-sur-Orge en 2011.

Père de quinze enfants, il s’est ainsi éteint ce dimanche 24 mai après une longue vie de lutte pour la culture tzigane.

Le combat conti­nue pour la recon­nais­sance du géno­cide des Roms et Sinti et contre les discri­mi­na­tions dont ils sont victimes si fréquem­ment.

MEMORIAL 98

https://www.memo­rial98.org/2020/08/roms-massacres-a-ausch­witz-l-anni­ver­saire-tragique-du-2-aout-1944.html

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