Ce livre est le deuxième d’une série, il est écrit par notre camarade Philippe Bayer. Son sous-titre est « Matériaux pour une refondation du marxisme ». Il est édité aux éditions « L’Harmattan », dans la collection « ouverture philosophique »; il a paru en décembre 2014.
Ce qu’il nous propose, ce n’est rien de moins qu’ une relecture de Marx centrée sur ce que l’auteur nomme « le Dernier-Marx ».
Chez Marx, avant ce « dernier Marx », le déterminisme aurait prévalu, avec une conception de l’Histoire comme ayant un but déterminable. Ce Dernier-Marx, « on peut le lire dans l’édition française du Capital » en un repositionnement de Marx, où intervient « une problématique radicalement subjective à partir d’une ontologie de l’identité vitale ».
Dans un précédent ouvrage, l’auteur a développé le premier moment de cette relecture que constituait « la critique radicale de la valeur-travail » par le Dernier-Marx. Dans cet ouvrage deuxième, cette relecture se poursuit en abordant la critique radicale de l’argent et du capital.
Pour donner une idée des enjeux de ce travail, voici une dénonciation de l’ « universalité abstraite » qu’on peut y lire dans sa conclusion :
« Il faut se rendre à l’évidence que la seule universalité qui s’est construite est celle du capital, parce que l’histoire qui s’est réalisée a été la sienne. Aussi dans le débat actuel qui traverse la gauche radicale, à propos de la nécessité ou pas de sortir de l’Europe, il convient de cesser de se référer à un universalisme abstrait, comme si l’universalité concrète du capital la réalisait malgré tout, de par une sorte de ruse de la raison historique. C’est la logique du capital dans sa manifestation la plus développée que nous avons avec l’Europe, sa propre logique absolument opposée à une humanité libre à laquelle elle s’en prend pour en détruire les éléments possibles. » (p228).
Par ce travail, l’auteur entend participer à une refondation du marxisme, il se situe dans le travail de la critique radicale, ce alors que la logique du capital se déploie dans tout l’univers avec les conséquences ravageuses que nous vivons.
Ce travail participe de cette urgence politique qui est aussi théorique. Car comment penser en dehors de ces catégories qui s’imposent à nous comme naturelles et qui ne sont que des concepts de l’époque du capitalisme triomphant ? Comment organiser la nouvelle hégémonie politique anticapitaliste ? L’importance des travaux théoriques anticapitalistes et leur mise en confrontation, leur dispute, s’impose à toutes et tous les militants.
Ce livre s’inscrit dans cette actualité brûlante.
Pascal Boissel, mai 2015.