Israël multiplie les opérations militaires au Liban, dans la bande de Gaza et en Cisjordanie
Le premier front alarmant est celui de Gaza. Un mois et dix jours après le début du cessez-le-feu, la situation y demeure extrêmement précaire à la fois sur un plan militaire, humanitaire et sanitaire. Depuis le 10 octobre, 312 habitants de l’enclave ont été tués par l’armée israélienne, 760 blessés, selon le ministère de la santé palestinien, contrôlé par le Hamas. Dans le même temps, 572 corps ont été retirés des décombres, portant le nombre total de morts estimés à plus de 69 500 depuis l’attaque terroriste lancée le 7 octobre 2023 par l’organisation islamiste palestinienne, une estimation jugée crédible par les organisations internationales.
A trois reprises, depuis le 10 octobre, l’Etat hébreu a déclenché des frappes massives sur Gaza en riposte à des attaques attribuées au Hamas. Mercredi 19 novembre, trente-deux Palestiniens ont ainsi été tués, dont deux cadres du mouvement, dans des frappes après que l’armée israélienne a fait état de tirs en direction de ses troupes à Khan Younès. D’autres frappes ont été signalées jeudi, ajoutant cinq décès supplémentaires.
Le 28 octobre, plus de 100 Palestiniens avaient été tués après la mort d’un soldat israélien à Rafah. Le 19 octobre, 45 habitants de Gaza avaient également été tués après la mort de deux militaires dans une explosion. (…)
« Le cessez-le-feu est juste une forme différente de la guerre », se désole un cadre humanitaire de retour de l’enclave palestinienne, où il décrit une situation toujours catastrophique pour les 2,1 millions d’habitants. « Les conditions sanitaires et d’hygiène [y] sont déplorables », a ainsi relevé, jeudi, le bureau des affaires humanitaires des Nations unies (OCHA). « L’état de délabrement des systèmes d’assainissement de Gaza met en danger la santé publique, notamment en augmentant le risque de propagation d’infections bactériennes par contact avec des déchets ou de l’eau contaminée », indique l’agence internationale.
MLe deuxième front alarmant est celui du Liban. Israël a continué, depuis le cessez-le-feu intervenu fin novembre 2024, de cibler des cadres du Hezbollah ou des dépôts supposés d’armes dans le sud du pays.(…)
Dans ce contexte particulièrement sensible, Benyamin Nétanyahou, accompagné de plusieurs ministres et de la haute hiérarchie militaire d’Israël, a, par ailleurs choisi d’effectuer, mercredi, une visite des troupes installées dans le territoire syrien depuis la chute du président Bachar Al-Assad, fin 2024, afin de marquer sa volonté d’y maintenir une présence militaire durable.(…)
Le troisième front se situe en Cisjordanie. Le niveau de tension y est extrêmement élevé depuis plusieurs semaines en raison des attaques commises par des colons juifs contre des Palestiniens. La saison de la récolte des olives, depuis début octobre, a été marquée par un nombre inédit d’incidents, selon l’ONU. L’intensité et la fréquence des attaques se sont encore accentuées depuis une semaine. Jeudi soir, un garage a été incendié à Hawara, des Palestiniens blessés à Hébron, d’autres ont été attaqués près de Ramallah. « Nous n’avons jamais vu cela », témoigne, à l’unisson d’autres élus, Adib Lafi Shalabi, le maire de Turmus Ayya, près de Ramallah, où les attaques n’ont pas cessé, facilitées par la complicité de fait de l’armée israélienne sur le terrain.
(…)Vendredi matin, deux jeunes Palestiniens ont été mortellement blessés à Jérusalem-Est. L’un d’eux avait 16 ans – il est le cinquantième enfant tué par Israël depuis le début de l’année en Cisjordanie. Mardi, un journaliste d’Al-Jazira a été blessé au pied par le tir d’un soldat alors qu’il couvrait une manifestation d’habitants du camp de réfugié de Tulkarem, empêchés de rentrer chez eux depuis des mois. Depuis le 7 octobre 2023, 1 006 Palestiniens – et 56 Israéliens – ont été tués en Cisjordanie.
(…) Sur la bande de Gaza, la résolution du Conseil de sécurité de l’ONU, adoptée lundi, prévoit la création d’une force internationale de stabilisation et entrouvre l’hypothèse d’un « chemin » vers la création d’un Etat palestinien, un chiffon rouge en Israël pour l’électorat d’extrême droite, de droite et même du centre – contrairement à tous les engagements publics de M. Nétanyahou depuis des années.
