Les négociations entre le gouvernement grec piétinent. Les Grecs n’ont trouvé aucun allié parmi les autres dirigeants des pays de l’Union européenne; Hollande en particulier participe à cette unanimité néolibérale. Les exigences des créanciers néolibéraux sont inconciliables avec le programme de Syriza, avec tout programme social. L’État grec a des caisses vides, le risque de faillite est imminent. C’est dans ce contexte que le secrétariat politique de Syriza a fait un communiqué suivant le 15 mai:
Communiqué du Secrétariat Politique de SYRIZA sur les développements politiques et la négociation
Dès l’instant où le gouvernement a été formé, il est devenu clair – tant à l’étranger que dans notre pays – que le mandat donné par le peuple grec est contraignant et constitue la boussole dans les négociations.
Les lignes rouges du gouvernement sont aussi les lignes rouges du peuple grec, elles expriment les intérêts des travailleurs, des travailleurs indépendants, des retraités, des agriculteurs et de la jeunesse. Elles expriment la nécessité pour le pays de prendre un nouveau chemin de croissance, avec comme axe la justice sociale et la redistribution des richesses.
L’insistance des créanciers à vouloir appliquer le programme mémorandaire du gouvernement Samaras, en créant dans le pays un carcan étouffant de pressions politiques et d’asphyxie financière, vient en opposition directe avec la notion de démocratie et de souveraineté populaire en Europe. Elle exprime un attachement obsessionnel à l’austérité qui déstructure l’État social, à une direction oligarchique des affaires européennes en vase clos hors influence de la volonté sociale, ce qui ouvre la voie à la montée de l’extrême droite en Europe.
Ces exigences sont inacceptables. Elles sont inacceptables pour le peuple grec, qui a lutté toutes ces années pour mettre fin aux politiques criminelles des mémorandums. Elles sont inacceptables pour les peuples d’Europe et les forces progressistes sociales et politiques qui se battent pour une Europe de la solidarité et de la démocratie.
Les citoyens de Grèce et d’Europe ne sont pas des consommateurs passifs des nouvelles de 20h, au contraire nous pensons qu’ils peuvent être aussi partie prenante dans une négociation qui concerne notre sort commun à tous à l’échelle de l’Europe et du monde.
SYRIZA prendra toute initiative possible pour informer la société grecque mais aussi les peuples d’Europe. Dans chaque ville, dans chaque quartier et sur chaque lieu de travail, mais aussi dans tous les pays d’Europe, les députés, les députés européens et les dirigeants de SYRIZA se trouveront, avec les membres de SYRIZA et les forces solidaires avec lui, dans un large appel à la mobilisation pour la victoire de la démocratie et de la dignité.
Il est temps maintenant que les peuples eux-mêmes entrent en lutte.
Nous vaincrons.
Traduction Frederique Bouvier
Pour en savoir plus voyez les sites de Syriza-Paris et de « Avec les Grecs ».
On lira aussi avec profit cette lettre du secrétaire du comité cental de Syriza:
Chers amis,
après presque quatre mois de négociations intensives, nous avons atteint un moment de vérité pour notre projet européen commun. Le gouvernement dirigé par SYRIZA fait de son mieux pour parvenir à un accord honorable avec ses partenaires européens et internationaux respectant à la fois les obligations de la Grèce en tant qu’Etat membre-européen, mais aussi le mandat électoral du peuple grec.
Le gouvernement dirigé par Syriza a déjà entamé une série de réformes qui s’en prennent à la corruption et à l’évasion fiscale généralisée. Les dépenses sont freinées et les recettes fiscales collectées dépassent les attentes, permettant d’atteindre un excédent budgétaire primaire de 2,16 milliards (janvier-avril 2015), bien supérieur à l’estimation initiale d’un déficit de 287 millions.
Parallèlement, la Grèce a honoré toutes les obligations de sa dette avec ses ressources propres – cas unique parmi les nations européennes – puisque tout versement de fonds a été coupé depuis août 2014.
Quatre mois de négociations épuisantes ont passé, durant lesquels, systématiquement, les créanciers de la Grèce ont tout fait pour contraindre le gouvernement dirigé par SYRIZA à appliquer l’exact programme d’austérité rejeté par le peuple grec aux élections du 25 janvier. L’asphyxie de liquidités orchestrée par les institutions a conduit à une situation critique pour les finances de notre pays, rendant insupportable le service des titres de créance à venir.
Le gouvernement grec a fait de son mieux pour parvenir à un accord, mais les lignes rouges –ayant à voir avec des excédents primaires durables et réalistes, la restauration des contrats collectifs et du salaire minimum, la protection des travailleurs contre les licenciements massifs, la protection des salaires, des pensions et du système de sécurité sociale contre de nouvelles réductions, l’arrêt des privatisations à prix bradé, etc- doivent être respectées. La souveraineté populaire et les mandats démocratiques doivent être respectés. Il ne faut pas confondre la patience et la bonne volonté du peuple grec avec la propension à céder à un chantage sans précédent. La démocratie européenne ne doit pas être asphyxiée.
La période est cruciale. Nos partenaires européens doivent faire preuve de volonté politique pour surmonter l’impasse actuelle. Cet appel n’est pas seulement un appel à la solidarité, c’est un appel au respect des valeurs européennes essentielles. Dans ce cadre, SYRIZA appelle tous les acteurs sociaux et politiques, progressistes et démocratiques, conscients du fait que la lutte de la Grèce ne se limite pas à ses frontières nationales, mais qu’elle est une lutte pour la démocratie et la justice sociale en Europe.
Dans ces moments critiques, nous appelons à des actions de solidarité sociale et politique, allant de l’organisation de rassemblements et de campagnes de sensibilisation à travers l’Europe, à des initiatives institutionnelles dans les assemblées locales, régionales et nationales et des déclarations individuelles ou collectives de soutien aux efforts de la Grèce pour faire passer le paradigme européen d’une austérité désastreuse à un nouveau modèle de croissance durable.
Votre soutien est d’une importance capitale, non seulement pour le peuple grec, mais aussi pour l’avenir de l’idée européenne.
Avec nos meilleures salutations.
Athènes, le 18 mai 2015. Tasos Koronakis, Secrétaire du Comité central de SYRIZA.