Voici un article écrit le 9 juin par notre camarade Pierre Vallat
Les vecteurs (sous-marins) de la bombe atomique française bientôt démantelés ?
La marine nationale dispose de bâtiments de guerre propulsés par des réacteurs nucléaires.
Actuellement, les réacteurs des 6 premiers Sous-marins Nucléaires Lanceurs d’Engins (SNLE) dits de 1e génération sont en phase de démantèlement et stockés à Cherbourg (port militaire).
Sur la période 2018–2029, il faudra y ajouter les réacteurs des 6 Sous-marins Nucléaires d’Attaque (SNA). Puis entre 2030 et 2045, ceux des 4 SNLE de la seconde génération et les 2 réacteurs du porte-avions Charles de Gaulle.
Au total, ce sont donc pas moins de 18 réacteurs nucléaires qui devront être gérés jusqu’en 2045 en attendant leur hypothétique démantèlement.
Hypothétique, car selon les premières estimations, il faut au moins 70 ans pour procéder au démantèlement complet d’un seul réacteur (révélations de la DGA* notamment). Les gouvernements successifs ne sont pas au bout de leur peine…
Ainsi par exemple, le réacteur du fameux SNLE « Le Redoutable », lancé en 1967, opérationnel en 1971, désarmé en 1991 (soit après 20 ans d’existence), stocké depuis 1993, ne serait pas démantelé avant 2063 ! Et cela sans compter les décennies de gestion des tonnes de déchets nucléaires engendrés…
(source : « Médecine et Guerre Nucléaire » de juin 2017, suite à la publication d’un rapport d’information des 2 députés Julien Aubert (LR) et Barbara Romagnan (PS) de février 2017)
*DGA = Direction Générale de l’Armement
Une lueur de lucidité du côté du Sénat ?
La commission des Affaires étrangères, de la défense et des forces armées du Sénat a décidé de mettre en place une mission sur « La modernisation de la dissuasion nucléaire ». Elle devra répondre aux questions suivantes, selon Jean-Pierre Raffarin (citation) :
« Est-il légitime, à l’heure des restrictions budgétaires, d’engager les importants crédits que requiert la modernisation de la dissuasion nucléaire ? Qu’apporte-t-elle à la sécurité de notre pays, quand la première menace semble être le terrorisme ? Répondre sans tabou à ces questions est le but de ce rapport d’information, alors que la France devra faire face, dans les années à venir, à un nouveau cycle de renouvellement de ses moyens nucléaires. »
Si JPR s’interroge sur la pertinence de la dissuasion nucléaire…
(source : Observatoire des armements, janvier 2017, cité par « Médecine et guerre nucléaire » dans le même numéro)