L’in­ter­syn­di­cale natio­nale inter­pelle les député.e.s

Madame, Monsieur, la, le député(e),

L’in­ter­syn­di­cale consti­tuée depuis juillet 2022, et profon­dé­ment unie dans le rejet du projet de réforme des retraites, souhaite vous inter­pel­ler de façon très solen­nelle et grave sur la crise poli­tique et sociale que traverse actuel­le­ment notre pays, en raison de l’en­tê­te­ment incom­pré­hen­sible du gouver­ne­ment.

Il n’est jamais inutile de répé­ter les raisons de la colère. Les argu­ments portés par l’in­ter­syn­di­cale sont solides, justes. Aujourd’­hui, ils sont repris par l’im­mense majo­rité des médias, des expertes et experts. Ils ont convaincu l’opi­nion publique et ne peuvent, Madame, Monsieur, la, le député, avoir échappé à votre saga­cité.

Notre système de retraites par répar­ti­tion auquel nous sommes très atta­chés n’est pas menacé et l’exé­cu­tif drama­tise la situa­tion de manière cari­ca­tu­rale. En effet, il intègre notam­ment à ses calculs, le poids des pensions des fonc­tion­naires sous financé par l’Etat, ce qui est une héré­sie. L’objec­tif est de faire une réforme budgé­taire en ne solli­ci­tant que les efforts des travailleurs, sans jamais remettre en cause la gabe­gie d’aides aux entre­prises sans aucune contre­par­tie, la baisse perma­nente des impôts sur les entre­prises, le renon­ce­ment à la lutte contre l’op­ti­mi­sa­tion fiscale ou encore la course à l’ex­tra­va­gance finan­cière qui déséqui­libre chaque jour un peu plus la répar­ti­tion des richesses.

Cette présen­ta­tion cari­ca­tu­rale d’un besoin urgent de réforme du système des retraites se pare d’in­ten­tions nobles, toutes plus fausses les unes que les autres. Ce projet serait ainsi, selon le gouver­ne­ment, une réforme de justice sociale favo­rable aux femmes, aux petits reve­nus et permet­tant une avan­cée notoire avec un mini­mum vieillesse porté à 1200 euros…

La vérité est toute autre. Les femmes comptent parmi les grandes victimes de cette réforme avec l’an­nu­la­tion de l’ef­fet boni­fi­ca­teur des mater­ni­tés, les travailleurs et travailleuses ayant commencé à travailler tôt vont travailler encore davan­tage et seule une petite partie des retraité.e.s sera concer­née par la mesure des 1200 euros mensuels. Le reste des mesures d’ac­com­pa­gne­ment de la dispo­si­tion phare du recul de l’âge et de l’ac­cé­lé­ra­tion de la reforme Touraine, ne sont que des tenta­tives d’amor­tis­se­ment des consé­quences de cette dispo­si­tion injuste.

La chance et le drame du pays c’est que les citoyennes et citoyens, sala­rié.e.s, et fonc­tion­naires se sont aperçus des contre-véri­tés, en même temps qu’ils ne se décou­vraient aucune appé­tence pour travailler dans des orga­ni­sa­tions où ils se sentent très souvent indé­si­rables dès 55 ans.

C’est une chance parce qu’ils le mani­festent, dans des cortèges d’une impor­tance inédite à Paris et en Province, par la signa­ture d’une péti­tion ayant reçu à ce jour un million de signa­tures, par des réponses aux nombreux sondages témoi­gnant chaque semaine davan­tage du rejet massif par la popu­la­tion de cette réforme.

C’est un drame parce que le gouver­ne­ment reste sourd à une argu­men­ta­tion tech­nique solide, ancrée dans la réalité du travail. Le gouver­ne­ment reste sourd à cette volonté popu­laire et l’in­com­pré­hen­sion a laissé place à l’in­di­gna­tion, ainsi qu’à la colère dans un contexte d’après-pandé­mie, de guerre en Europe, de baisse du pouvoir d’achat et de crainte géné­ra­li­sée pour l’ave­nir.

C’est la raison pour laquelle, Madame, Monsieur, la, le député(e), l’in­ter­syn­di­cale se tourne vers vous, la repré­sen­ta­tion natio­nale. Nous sommes persua­dés que jamais vous n’au­rez une occa­sion plus belle de prou­ver que votre travail consiste à relayer dans l’Hé­mi­cycle les aspi­ra­tions des citoyennes et citoyens, qu’en vous oppo­sant à cette réforme.

Il ne s’agit pas seule­ment d’em­pê­cher l’adop­tion et la mise en place d’un dispo­si­tif injuste, il s’agit égale­ment de redon­ner à la Nation, confiance dans la réalité et la vigueur de sa démo­cra­tie et de main­te­nir une cohé­sion sociale mena­cée.

Nous vous deman­dons donc solen­nel­le­ment de voter le rejet de ce projet de loi et plus parti­cu­liè­re­ment son article 7. Nos repré­sen­tantes et repré­sen­tants sont, si vous le pensez utile, dispo­nibles pour vous rencon­trer et vous expo­ser nos posi­tions argu­men­tées et vous convaincre.

Veuillez agréer, Madame, Monsieur, la, le député(e), nos salu­ta­tions démo­cra­tiques. L’in­ter­syn­di­cale.

Télé­char­ger le docu­ment : Cour­rier-inter­syn­di­cal-Mesdames-Messieurs-les-dépu­tées-14022023 

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