Loi travail : dans la jeunesse, le mouve­ment est lancé

La première chose à rete­nir à propos de la jour­née de mobi­li­sa­tion du mercredi 9 mars contre la loi travail, c’est son succès clair et net. Avec 150 mani­fes­ta­tions à travers le pays qui ont souvent atteint des niveaux qui n’avaient plus été vus depuis 2010, des cortèges nombreux, jeunes et dyna­miques, la déter­mi­na­tion à obte­nir le retrait de la loi se mêle à un regain d’es­poir et de confiance. Avec 500 000 mani­fes­tant-e-s dans toute la France (224 000 selon la police), cette première jour­née d’ac­tion dépasse celle du 7 février 2006 qui avait lancé le mouve­ment contre le contrat première embauche (CPE). À l’époque, la mobi­li­sa­tion de la jeunesse, rejointe progres­si­ve­ment par les sala­rié-e-s, avait imposé l’abro­ga­tion de cette loi de préca­ri­sa­tion des jeunes.

Dans les univer­si­tés, l’af­fluence dans les assem­blées géné­rales a surpris nombre de mili­tant-e-s : 300 personnes à Grenoble, 400 à Toulouse, 400 à Rennes-2, 700 à Paris-8, 700 à Paris-1… Si toutes les AG n’ont pas été aussi massives, leur nombre (cinquante dans toute la France), ces succès et l’in­di­gna­tion géné­rale que suscite la réforme nous montrent que démarre un mouve­ment d’am­pleur. C’est ce que confirme par exemple l’aug­men­ta­tion du nombre d’étu­diant-e-s mobi­lisé-e-s entre l’AG du mardi et la mani­fes­ta­tion du mercredi, obser­vée entre autres à Sciences po Paris et à Cler­mont-Ferrand. Il y a de bonnes raisons de penser que les prochaines assem­blées fran­chi­ront encore un cap.
Dans les lycées, la mobi­li­sa­tion a été plus variable, touchant propor­tion­nel­le­ment moins d’éta­blis­se­ments mais avec des cortèges souvent impres­sion­nants de centaines de lycéen-ne-s : à Paris (plus de 2000), mais aussi à Lorient, à Bordeaux, à Cler­mont-Ferrand… Dans des dizaines de villes, les lycéen-ne-s mobi­lisé-e-s ont formé le gros des cortèges jeunes.

Plusieurs mani­fes­ta­tions ont été violem­ment répri­mées par la police : à Lyon, à Saint-Étienne, à Nantes, à Valen­cien­nes… Il va falloir réagir face à un gouver­ne­ment qui répond à la contes­ta­tion sociale par la matraque, les gaz et les arres­ta­tions, et dont les pouvoirs auto­ri­taires sont renfor­cés par l’état d’ur­gence.

Les jeunes se sentent à juste titre visé-e-s par cette loi qui leur promet un avenir en alter­nance entre l’ex­ploi­ta­tion et le chômage. C’est d’ailleurs en large part grâce à l’ap­pel des orga­ni­sa­tions de jeunesse qu’ont eu lieu les mani­fes­ta­tions du 9 mars. Mais si la jeunesse peut jouer un rôle-clef dans le lance­ment du mouve­ment contre la loi travail, seule une conver­gence avec les travailleuses et travailleurs peut permettre de faire échouer le gouver­ne­ment ; d’au­tant plus que, contrai­re­ment à l’époque du CPE, ce sont tou-te-s les sala­rié-e-s qui sont direc­te­ment concerné-e-s. Il est donc néces­saire d’al­ler rapi­de­ment vers une grève natio­nale inter­pro­fes­sion­nelle établis­sant la jonc­tion entre le mouve­ment de la jeunesse en plein déve­lop­pe­ment et un mouve­ment des sala­rié-e-s encore trop timi­de­ment engagé dans la lutte.

D’ici-là, la mobi­li­sa­tion doit s’élar­gir et s’ap­pro­fon­dir dans les facs et les lycées. Un effort systé­ma­tique d’in­for­ma­tion et de discus­sion doit permettre d’éle­ver le niveau de conscience des jeunes et l’op­po­si­tion à la réforme. Pour ancrer le mouve­ment dans la durée et bâtir un rapport de forces favo­rable, il est néces­saire de saisir toutes les occa­sions qui s’offrent à nous loca­le­ment : mani­fes­ta­tions, blocages, occu­pa­tions… ; dans les endroits où la mobi­li­sa­tion est la plus avan­cée, la ques­tion de la grève doit être posée. Toute action doit cepen­dant être pensée en fonc­tion de son effi­ca­cité et non d’une radi­ca­lité abstraite : si la modé­ra­tion peut frei­ner la lutte, des actions mino­ri­taires menées sans égard pour l’opi­nion d’une large partie des jeunes peuvent égale­ment se révé­ler nuisibles.

Le déve­lop­pe­ment d’un mouve­ment puis­sant, fidèle aux inté­rêts des jeunes et des sala­rié-e-s et et reconnu comme légi­time suppose la mise en place de cadres d’auto-orga­ni­sa­tion.  À mesure que les assem­blées géné­rales se renforcent, il devient néces­saire de réflé­chir à une struc­ture démo­cra­tique permet­tant aux premier-e-s concerné-e-s d’avoir prise sur leur mouve­ment. La propo­si­tion issue de l’as­sem­blée géné­rale de Paris-8 de réunir une coor­di­na­tion natio­nale des univer­si­tés le 19 mars va dans ce sens.

Ce qui fait la force des mani­fes­ta­tions qui ont eu lieu le 9 mars est de savoir qu’elles ne sont qu’une première étape. Le jeudi 17 mars aura lieu une nouvelle jour­née natio­nale d’ac­tion à l’ap­pel des orga­ni­sa­tions de jeunesse. Sur tout le terri­toire, faisons monter la pres­sion pour un raz-de-marée social qui empor­tera la loi travail et toute la poli­tique de ce gouver­ne­ment !

Ensemble! jeunes

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