5 décembre 2025

Nations unies. La Russie a commis des crimes contre l’hu­ma­nité en Ukraine, selon l’ONU

La Russie a commis des crimes contre l’hu­ma­nité en Ukraine, selon l’ONU

Les auto­ri­tés russes ont systé­ma­tique­ment coor­donné des actions visant à expul­ser des civils ukrai­niens de leurs foyers par des attaques de drones, déclare la Commis­sion d’enquête inter­na­tio­nale indé­pen­dante sur l’Ukraine dans un nouveau rapport soumis à l’As­sem­blée géné­rale des Nations Unies.

Ce rapport établit que les attaques de drones à courte portée des forces armées russes ont touché une zone géogra­phique plus vaste, au-delà de la zone iden­ti­fiée dans l’enquête publiée par la Commis­sion en mai 2025. La zone ciblée s’étend sur plus de 300 kilo­mètres le long de la rive droite du Dniepr, à travers les oblasts de Dnipro­pe­trovsk, Kher­son et Myko­laïv.

Les cas docu­men­tés démontrent que des unités mili­taires des forces armées russes opérant depuis la rive gauche du Dniepr, sous un comman­de­ment centra­lisé, ont utilisé le même modus operandi pour cibler inten­tion­nel­le­ment des civils et des biens civils.

Les attaques répé­tées de drones à courte portée menées par les forces armées russes dans les zones de front ont fait des morts et des bles­sés parmi les civils, provoqué des destruc­tions massives et créé un climat qui a contraint des milliers de personnes à fuir leurs foyers.

La Commis­sion a conclu que ces attaques de drones consti­tuent des crimes contre l’hu­ma­nité de meurtre et de trans­fert forcé de popu­la­tion.

Une situa­tion invi­vable
Depuis plus d’un an, les forces armées russes dirigent des attaques de drones contre un large éven­tail de cibles civiles, bles­sant et tuant des civils, causant des destruc­tions à grande échelle et semant la terreur. Parmi les cibles figu­raient des habi­ta­tions, des bâti­ments médi­caux et des infra­struc­tures au service des civils, pertur­bant ainsi les services essen­tiels.

Les secou­ristes, notam­ment les ambu­lances et les pompiers, ont égale­ment été touchés, malgré la protec­tion spéciale qui leur est accor­dée par le droit inter­na­tio­nal huma­ni­taire, ce qui a entravé leur inter­ven­tion.

Les habi­tants ont décrit une situa­tion invi­vable. « Les drones frappent n’im­porte quelle voiture, n’im­porte quel moyen de trans­port – personne ne vient ici, ni les pompiers, ni l’am­bu­lance, personne », a déclaré une femme ayant quitté une zone fréquem­ment attaquée.

De nombreuses attaques ont été menées de manière coor­don­née, par plusieurs drones, ou par le même drone lançant des muni­tions succes­sives, provoquant fréquem­ment des incen­dies. Souvent, un premier drone perçait un trou dans le toit, suivi d’un second larguant un explo­sif. Certains drones trans­por­taient des substances inflam­mables. « Ce n’est pas une simple explo­sion, ça frappe et ça brûle immé­dia­te­ment – on dirait des feux d’ar­ti­fice », a raconté un témoin.

Groupe de forces « Dniepr »
La Commis­sion a iden­ti­fié les auteurs, les unités de drones et les unités mili­taires asso­ciées, ainsi que leurs comman­dants, déployés sur la rive gauche du Dniepr. Ils appar­tiennent tous au Groupe de forces « Dniepr » de la Fédé­ra­tion de Russie.

Le rapport établit égale­ment que les auto­ri­tés russes ont coor­donné des actions visant à expul­ser ou à trans­fé­rer des civils des zones sous leur contrôle dans l’oblast de Zapo­rijjia, ce qui consti­tue des crimes de guerre.

En 2024 et 2025, les auto­ri­tés russes ont expulsé des civils ukrai­niens des zones occu­pées de l’oblast de Zapo­rijjia vers la Géor­gie, en invoquant la légis­la­tion russe rela­tive au statut juri­dique de certaines caté­go­ries de citoyens étran­gers. Les respon­sables les ont conduits à la fron­tière inter­na­tio­nale entre la Fédé­ra­tion de Russie et la Géor­gie et leur ont ordonné de la traver­ser.

En 2022 et 2023, les auto­ri­tés russes ont trans­féré des civils vers des terri­toires sous contrôle ukrai­nien, après les avoir accu­sés de mener des acti­vi­tés contre la Fédé­ra­tion de Russie. Elles ont conduit les victimes à un poste de contrôle situé à l’ex­tré­mité de la zone qu’elles contrô­laient alors. Là, elles les ont forcées à traver­ser une zone haute­ment dange­reuse de 10 à 15 kilo­mètres de long pour atteindre le terri­toire sous contrôle ukrai­nien.

Expul­sions et trans­ferts
Quant aux expul­sions et aux trans­ferts, les auteurs ont géné­ra­le­ment détenu les victimes, soumis certaines d’entre elles à la torture et confisqué leurs docu­ments et leurs biens. Ces actes ont infligé de graves souf­frances psycho­lo­giques et consti­tuent un trai­te­ment inhu­main, un crime de guerre et une viola­tion des droits humains.

Les preuves montrent que les auto­ri­tés russes dans les zones occu­pées de l’oblast de Zapo­rijjia, y compris de hauts fonc­tion­naires, ont agi de manière systé­ma­tique et coor­don­née. Parmi eux figurent la « Direc­tion des affaires migra­toires » du « minis­tère de l’In­té­rieur », créée par la Fédé­ra­tion de Russie, des membres du Service fédé­ral de sécu­rité (FSB) et d’autres auto­ri­tés.

La Commis­sion a égale­ment examiné les allé­ga­tions des auto­ri­tés russes concer­nant des attaques de drones par les forces armées ukrai­niennes contre des cibles civiles dans les zones occu­pées par la Russie. Cepen­dant, elle n’a pas pu conclure son enquête en raison du manque d’ac­cès au terri­toire, des préoc­cu­pa­tions rela­tives à la sécu­rité des témoins et de l’ab­sence de réponse à ses ques­tions aux auto­ri­tés russes.

La Commis­sion d’enquête
* La Commis­sion d’enquête inter­na­tio­nale indé­pen­dante sur l’Ukraine a été créée par le Conseil des droits de l’homme des Nations Unies le 4 mars 2022.
* Son objec­tif prin­ci­pal est d’enquê­ter sur toutes les viola­tions et atteintes présu­mées aux droits de l’homme, ainsi que sur les viola­tions du droit inter­na­tio­nal huma­ni­taire, dans le contexte du conflit en cours, déclen­ché par l’agres­sion de la Fédé­ra­tion de Russie contre l’Ukraine.
* Le mandat de la Commis­sion a été prolongé à plusieurs reprises, la dernière fois en avril 2025, afin de pour­suivre ses travaux et de four­nir des mises à jour au Conseil des droits de l’homme et à l’As­sem­blée géné­rale.

https://news.un.org/fr/story/2025/10/1157749

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