L’Ukraine, POUTINE et…TRUMP
Il y a quelques mois encore l’idée étaient assez répandue que les autorités ukrainiennes et Zelenski étaient en quelque sorte des marionnettes entre les mains des USA et de l’ OTAN. La guerre en Ukraine était ainsi présentée comme une guerre entre les USA, l’occident, et la Russie, idée réalisant une vision campiste. C’est le point de vue qui a été porté par de nombreuses organisations de gauche en Amérique latine notamment. La logique de cette approche débouchait sur la dénonciation de tout soutien à l’ Ukraine considéré comme un ralliement aux positions américaines. Cela a débouché en Europe sur le refus de tout soutien militaire car risquant de fâcher Poutine et de mettre de l’huile sur le feu.
En résumé, la guerre était ainsi caractérisée comme un conflit inter-impérialiste par procuration dans lequel la ‘’gauche’’ devait rester à distance ou agiter le thème de la paix sur un mode pacifiste. Dans les faits pour certains à gauche cela a débouché sur la promotion de la démarche diplomatique, les conférences, la négociation.
Face à cette vision, et restant fidèle à quelques principes, le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, le droit international malgré ses limites, ont été avancés comme orientation la dénonciation de l’agression, l’exigence du retrait des troupes russes et le soutien à la résistance du peuple ukrainien. Les ukrainiens nous l’ont montré : comme chacun ou chacune ils préfèrent la paix à la guerre, mais ils détestent les envahisseurs
L’évolution de la situation depuis l’arrivée de Trump vient complétement bouleverser le paysage.
Pour une guerre inter-impérialiste même par procuration, voila une situation étrange ou l’imperialisme américain se retire, reprend le récit russe sur l’Ukraine, le ‘’dictateur Zelenski,’’ ‘’ qui doit se dépêcher d’accepter le plan Trump sinon il perd tout’’…voila une manière originale de défendre ses intérêts pour l’impérialisme américain qui passerait ainsi d’une guerre à la Russie par procuration à un marchandage avec la Russie et Poutine sur le dos des ukrainiens. L’épisode Trump zélensky à washinton hier vient confirmer cela (à moins de croire que Trumpest devenu …..anti-impérialiste !!)
Il semble bien que le soutien de l’impérialisme américain qui soutenait du bout des lèvres le combat des ukrainiens avait en réalité pour objectif les richesses de l’ Ukraine, Trump le dit de manière grossière en prédateur qu’il est pour le compte du capital américain.
Tout cela pour interroger les partisans de la vision campiste évoquée plus haut à la lumière de la nouvelle situation qui émerge avec l’arrivée de Trump. Le rapprochement Poutine Trump ne parait guère compatible avec l’idée d’une guerre inter-impérialiste par procuration.
Faut -il rappeler au passage qu’au début de l’invasion russe la proposition américaine à Zelenski aurait consister à lui proposer une exfiltration du pays ce qui revenait à ouvrir la route aux chars vers Kiev.
lI faut appeler un chat un chat : cette guerre de la Russie contre l’Ukraine a toujours été et reste une guerre d’agression impérialiste de type coloniale avec une volonté de conquête territoriale avec un objectif de prédation. Politique poutinienne dont on ne sait pas très bien jusqu’où d’ailleurs elle pourrait aller si on prend au sérieux le discours sur la grande Russie porté par Poutine. Cela pose évidemment la question de la manière de la combattre.
Les manœuvres auxquelles on assiste en ce moment ressemble plus à un marché entre brigands sur le dos des ukrainiens, entre ‘’gros ‘’ sur cette planète dans le cadre de l’explosion du cadre international mis en place en 1945 et la remise en cause de tous les dispositifs de relations internationales. D’une certaine manière le retour de la loi de la jungle ? cela y ressemble.
Les objectifs américains ?
On peut se poser la question de savoir si l’’arrangement avec Poutine et le lâchage de l’Ukraine permettrait à Trump de centrer et concentrer son attention sur ce qui est son principal sujet de préoccupation à savoir le Pacifique et la confrontation avec la Chine, principale concurrente économique des USA ? objectif ? obtenir de la Russie une neutralité dans le cadre de ce conflit économique avec la Chine pouvant très vite devenir militaire ?
Un Yalta préventif en quelque sorte.
Tout cela en mettant sur la touche malgré les gesticulations de Macron l’Union Européenne.
Quelle politique pour le mouvement ouvrier, de la gauche progressiste radicale, dans tout cela ? comment agir face à des menaces ? quelle position prendre pour mettre un frein à ces grandes manœuvres ?
Dans la situation actuelle même si je sais bien que les évènements passés ne peuvent pas être plaqués sur le présent, il est difficile néanmoins de ne pas évoquer et méditer sur ce qui s’est passé en Europe en 37– 38 avec les invasions-annexions d’Hitler ( Tchécoslovaquie, Autriche) et sur les tentatives de négociations, les fameux accords de Munich qui se sont révélés incapables de satisfaire l’appétit nazi et surtout de protéger les populations et les peuples du carnage.
Bruno (GES Dordogne)