Compte rendu de Myriam Martin élue Nouveau Monde, membre d’Ensemble !
Vendredi 15 avril, à Montpellier se tenait la troisième assemblée plénière de la région Languedoc Roussillon Midi Pyrénées.
Un point d’importance à l’ordre du jour, le débat autour de l’orientation budgétaire de la nouvelle grande région.
Au préalable, un temps de discussion a été consacré au choix du nom de la région. Plus exactement aux modalités mises en place pour que les habitant-es choisissent entre mai et juin le nom qui remplacera l’acronyme provisoire utilisé actuellement, LRMP.
C’est alors que nous avons assisté au « cirque » habituel désormais, du Front National, puisque le jeu du parti frontiste est de faire obstruction, de ralentir le cours de l’assemblée. Mais cette fois ci et ce tout au long de la journée, on a tout de même franchi un cap. En effet sur le nom, un élu du FN n’a pas pu s’empêcher de proférer des propos sexistes à l’encontre de Mme Delga : « On ne choisit pas un nom, Mme Delga comme on choisit le nom d’une lessive » (sic!). Ou encore les modalités mises en place pour le nom de la région auraient été guidés par « le népotisme en jupon » !
Enfin tout en vociférant, les 40 élu-es frontistes ont brandi des affiches où était écrit « Delgastan », stigmatisant notre Région en un « Delgastan », musulman et intégriste, et ont terminé par une marseillaise tonitruante dans une attitude grotesque et agressive.
Pourtant, le point essentiel de la journée n’était pas celui là mais bien le débat d’orientation budgétaire. Pour ce sujet le FN était bien moins présent sauf pour dire (à lire d’ailleurs sur le blog des élu-es du FN en Languedoc Roussillon) qu’il s’oppose aux dépenses destinées aux élèves, contre la gratuité en fait su service public. Obsédé comme d’autres par « la dette », le FN n’a donc pas grand-chose à dire sauf à reprendre le vieux dogme libéral « de la bonne gestion » qu consiste à ne programmer aucune dépense ou investissement à long terme, nécessaires pour répondre aux besoins sociaux de nos concitoyen-nes.
La droite est restée assez mutique, critiquant les orientations présentées par le PS mais elle se trouve dans une position délicate car les questions budgétaires sont abordées souvent sous l’angle des contraintes liées à la baisse drastique de la dotation de l’état et de l’absence de levier fiscal. Dans les deux cas c’est la droite, sous Sarkozy, qui a ouvert le bal, en diminuant les premiers les moyens nécessaires au fonctionnement des collectivités territoriales et en réformant la taxe professionnelle, privant dès lors les conseils régionaux d’un levier fiscal important.
Quant au PS et au PRG, on est restés sur notre fin : les interventions ont oscillé entre autosatisfaction et prudence sur les politiques à mener, révélant en fait que les théories libérales phagocytent les orientations budgétaires. Pourquoi ? Parce qu’investir pour l’avenir signifie emprunter pour investir. C’est une bonne politique surtout pour une région qui est la moins endettée de France, qui possède une épargne brute considérable, globalement présente des finances saines et qui présente un endettement de 3 ans environ par habitant-e (6–7 ans c’est la moyenne nationale). Mais là aussi l’obsession de la dette tenaille le PS-PRG.
Or aujourd’hui les marges de manœuvres existent pour mener des politiques offensives qui répondent aux attentes : développement des services publics, amélioration et développement des trains du quotidien, plus de démocratie dans les grandes décisions qui concernent et engagent l’avenir de tous et toutes, investissement pour l’avenir pour la préservation de notre écosystème etc.
C’est le sens que nous avons donné à nos intervention pour notre groupe Nouveau Monde En Commun, des interventions au ton différent, constructives, avec des propositions concrètes pour investir, mettre en place la gratuité dans les lycées, aider l’économie sociale et solidaire, l’emploi utile socialement, respectueux de l’environnement et non délocalisable…. (voir mon intervention à la fin de ce compte rendu).
Le débat et donc la confrontation nécessaire pour porter des politiques alternatives comme on s’y est engagé dans notre campagne électorale, ne font que commencer. On ne doit rien lâcher.
La dernière partie de la réunion de ce vendredi 15 avril a porté sur les vœux et sur les questions posées pour la majorité d’entre elles, par le FN.
Sur les vœux : la région a voté majoritairement un texte qui la met « hors tafta ». C’est, je pense , la première région depuis les élections de décembre dernier, qui a pris une telle décision. Le groupe Nouveau Monde En Commun y est pour beaucoup et nous devons nous en féliciter.
Nous avons voté un vœu présenté par le PS, proposant aux deux grandes agglomérations de la région, de participer au financement du prolongement de la ligne B du métro à Toulouse et de celui du Tramway à Montpellier.
Enfin a été présenté un vœu, rédigé à l’origine par NMEC et auquel a souscrit le PS, sur l’accueil des réfugiés, préconisant en fait de mettre les moyens pour accueillir dignement ces derniers et pour dénoncer les derniers accords notamment ceux passés avec la Turquie (la Turquie devenant un grand camp pour réfugiés dont ne veut pas l’Europe, une honte!). Ce vœu a été également adopté mais il a donné lieu à une déclaration abjecte du maire de Beaucaire. Je ne m’étendrai pas longtemps car je ne compte pas gaspiller temps et écrit à la formation frontiste.
Mais je dois dire que la déclaration de ce triste individu était un condensé de ce qu’est au fond l’extrême droite : c’est à dire la haine de l’humanité.
Les deux dernières questions du FN qui mettaient à la fois en cause notre groupe à propos du communiqué de soutien à ma collègue de la CGT, Carole Delga et moi même en tant que présidente de la commission éducation, a donné lieu à un spectacle incroyable et lamentable de 40 élu-es frontistes éructant, menaçant dans une hystérie collective qui ne m’avait jamais été donnée de voir.
La prochaine assemblée plénière aura lieu le 26 mai prochain, séance durant laquelle sera voté le budget primitif.
Myriam Martin, le 19 avril 2016.
Mon intervention (résumée) :
« Madame La Présidente, Mesdames et Messieurs les élu-es,
en ce qui concerne le débat sur l’orientation budgétaire, je souhaiterais commencer mon intervention sur les lycées publics. Je souhaite faire part de la satisfaction de mon groupe sur le choix fait d’étendre l’aide à la restauration scolaire à l’ensemble des élèves de la grande région. C’est un marqueur fort à gauche. Mais je pense qu’on doit aller plus loin encore si on veut faire le choix d’autres marqueurs à gauche, il faut un geste fort, celui d’étendre la gratuité des manuels scolaires à l’ensemble des élèves de la grande région. L’ex-région Languedoc Roussillon appliquait à juste titre cette politique que nous souhaitons voir étendue à Midi Pyrénées. Cette mesure correspond à ce que doit être un service public d’éducation qui assure la gratuité d’un outil pédagogique obligatoire, le manuel scolaire, sans distinction entre les élèves, parque ce que chacun et chacune doivent avoir les mêmes droits.
Il s’agit bien de faire un choix politique. Et même si nous dénonçons la baisse inacceptable de la dotation de l’état, des choix budgétaires sont tout à fait possibles, d’autant que comme l’ont dit mes camarades avant moi, les marges de manœuvre pour mener des politiques répondant aux besoins sociaux sont possibles. Choix donc d’orienter l’argent public vers les services publics.
Un autre sujet fort, présent dans les orientations budgétaires : l’apprentissage.
Les politiques actuelles sur le sujet et les orientations indiquées nous interpellent et méritent d’être interrogées.
Souvent on parle de l’apprentissage comme voie d’excellence, sans nuances, sans bilan chiffré suffisant. Pourtant pour mener et améliorer des politiques conséquentes en matière d’apprentissage il faut s’appuyer sur des faits.
Les chiffres de la DARES, le rapport demandé par le gouvernement à l’Inspection Générale de l’Education Nationale (IGN), à l’Inspection Générale des Affaires Sociales (IGAS), à l’Inspection Générale de l’Administration, de l’Education Nationale et de la Recherche (IGAENR), confirment des tendances dont il faut tenir compte : un apprentissage en augmentation mais pour les étudiants donc dans le supérieur, mais baisse de celui-ci chez les non diplômés, de nombreuses ruptures de contrat chez les moins de 18 ans, pas assez de contrôle de la région, accompagnement des apprentis insuffisant, pas assez de formation pour les tuteurs etc.
Pour contrôler l’argent public que nous investissons dans l’apprentissage il faut contrôler en amont, accompagner les apprentis et évaluer en fin de cursus.
Enfin pour conclure sur ce sujet nous voulons faire part de notre inquiétude quant à la vision actuelle de l’apprentissage qui est développée comme une voie professionnelle concurrentielle de la formation initiale publique dans les lycées professionnels. Ces deux voies doivent être complémentaires et non concurrentielles. Le protocole signé entre le président de l’association des régions de France et le premier ministre le 31 mars dernier ne peut que nous inquiéter, il contribue à mettre en danger les LP face à l’apprentissage.
Nous serons vigilant-es quant aux politiques qui seront mises en place au sein de notre région.
Pour finir, Mme Pinel tout à l’heure a parlé des « nuits debout », précisant qu’elles étaient l’expression d’une inquiétude légitime chez les jeunes. Si on ne veut pas obérer l’avenir des jeunes il faut en finir avec la loi dite travail, la loi El Khomri ».