Nous ne reviendrons pas sur la politique européenne de l’offre et d’austérité, du paiement de la dette illégitime, de la baisse massive du coût du travail et des droits salariés, de la division mondial du capitalisme.
Nous n’examinerons ici que l’aspect directement politique des choses.
Bien sûr le bilan ainsi additionné n’est pas affriolant mais il faut bien analyser le monde dans lequel on vit pour pouvoir le changer.
La singularité de la France en Europe réside dans la combinaison entre d’une part une montée spectaculaire de l’extrême droite et d’autre part l’absence de montée de la gauche radicale (FDG ou extrême gauche) malgré une défaite historique de la sociale démocratie et le recul des partis pro-Europe libérale.
Pour donner trois exemples, dans d’autres pays comme l’Espagne une opposition de gauche à l’austérité a confirmé une percée spectaculaire. En Grèce aussi mais combinée avec une montée de l’extrême droite. Dans d’autres pays ce sont les partis pro UE qui ont gagné comme au Portugal.
Au sortir des élections européennes nous assistons à une crise politique durable avec :
1°) une abstention massive, même pour les municipales, ce qui traduit, ou est produit par :
– l’éclatement du salariat,
– la résignation et le discrédit de ce système de moins en moins démocratique, qui entend de moins en moins. On peut citer quelques exemples :
* le non au referendum contre le TCE en 2005 ;
* la promesse vite oubliée de Hollande de lutter contre la finance ;
* l’inflexibilité des gouvernements et de l’UE contre les mouvements revendicatifs ;
* les diktats du Medef toujours suivis par le gouvernement
ou
* Valls nommé après la défaite des municipales,
2°) un brouillage des repères dans la population (gauche/droite ; le rôle et la valeur de l’impôt par exemple l’idée de faire baisser les « charges » des salarié.es » alors que c’est une baisse de salaire, etc.)
3°) une montée spectaculaire de l’extrême droite (FN). On y revient tout de suite.
4°) une crise au sein de la droite qui se rapproche de l’éclatement et qui se recomposera autour d’un programme politique digne de M. Thatcher pour se distinguer du gouvernement PS.
5°) l’absence de montée de la gauche appelons-là radicale (FDG ou extrême gauche) malgré l’échec de la gauche gouvernementale
Revenons sur quelques points.
Le FN
Il a su capter l’exaspération dans la population en désignant des responsables réels (partis de gouvernement, institutions européennes) et des coupables imaginaires (l’étranger sous toutes ses formes, à l’intérieur des frontières comme à l’extérieur). Le FN a crédibilisé une alternative mortifère, celle du salut identitaire, raciste et sécuritaire, celle du repli sur l’État-nation (et non l’État social) avec sa monnaie, ses frontières et ses législations. Ni vision catastrophique ni relativisation trompeuse, le FN est un danger réel mais que l’on peut défaire. Le FN apparaît comme un parti anti-système alors qu’il ne souhaite que remplacer un personnel politique par le sien pour imposer de manière autoritaire la domination du système capitaliste. À la population française, le FN propose de se faire tondre français plutôt que de se faire tondre européen.
Le PS
Il assume pleinement son acceptation de la politique libérale européenne. Sa direction prône l’exacerbation de sa politique (Pacte budgétaire, chasse aux Roms) quel qu’en soit le prix social ou politique. La montée du FN sera l’occasion pour le PS de jouer la carte du « front républicain » à savoir une unification sans contenu de toute la gauche et des écologistes sous prétexte de lutter contre la droite et le danger de l’extrême droite.
Quelques voix discordantes commencent à se faire jour notamment parmi les député.es « frondeurs » du PS. Leur positionnement reste pour l’instant prisonnier du cadre d’économie budgétaire, du carcan européen et de la non prise en compte des mobilisations sociales. Par exemple ils et elles ont voté pour la réforme ferroviaire qui prépare l’éclatement du SP et la privatisation plus poussée du rail. Les décantations au sein de la « majorité gouvernementale » ne sont pas achevées et il convient d’être attentif aux évolutions futures. Des contacts prudents sont pris par les députés FDG avec ces députés.
EELV
En quittant le gouvernement, EELV nationalement sur une position politique proche de ces personnalités du PS. À leur base il existe pourtant des courants qui réclament une qui s’oppose à l’austérité. Le FDG uni est allé à une première rencontre nationale avec EELV qui, pour l’instant, en veut surtout pas se positionner en dehors de la majorité présidentielle et prône même la possibilité d’un regroupement avec la centre droit (Modem).
Au centre
Il existe une possibilité de recomposition suivant l’évolution de l’éclatement de la droite et des tensions dans le PS ou chez EELV.
Le NPA
Ila disparu des radars électoraux et se trouve traversé par deux orientations qui semble a priori irréconciliables, entre sectarisme et ouverture.
Le Front de gauche
Malgré une stabilité des chiffres entre élections européennes, on peut faire le constat d’un recul du Front de Gauche suite aux européennes au regard des espoirs qu’avait soulevés le FDG aux présidentielles mais surtout face à nos responsabilités dans le rapport de force social et politique. Nous n’avons pas accueilli les votants du second Tour de la Présidentielle déçus par Hollande ni même l’électorat de l’extrême-gauche.
Autre élément fondamental à prendre en compte, et celui-là est positif, c’est le retour des mobilisations sociales au sortir de la période électorales : intermittent.es, cheminot.es, et certaines entreprises du privé (Fédéral Mogul). Ces mobilisations sont fortes, bien implantées et la convergence des luttes est tout de suite posée.
Nous en sommes solidaires car nous faisons le lien entre la nécessité d’une alternative politique et la montée de la contestation sociale.
Pour finir sur une note positive la bonne nouvelle c’est que le FDG existe, qu’il a réussi à faire une campagne européenne de terrain, qu’il y a eu unanimité pour soutenir les dernières mobilisations ouvrières, qu’il a su combiner les histoires et les traditions militantes différentes qui arrivent à discuter ensemble autour d’une même table. Sans angélisme et avec du recul, on peut dire qu’il s’agit-là d’une sacrée avancée porteuse d’espoir.