La majorité actuelle de la Mairie de Poitiers a donné aux élu.es un document d’orientation budgétaire (qui sera mis en ligne à la suite du prochain Conseil municipal). Nous en avons tiré quelques remarques critiques sur les manquements dans l’analyse et sur les vrais choix effectués.
Croissance ou croyance ?
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Quel est le rapport entre les données économiques internationales citées dans le document et les orientations budgétaires de la ville de Poitiers ? Quelles conséquences pour le budget local ? Mystère.
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Caractériser l’année 2014 par la crise Ukrainienne et la chute des cours du pétrole comme éléments notables de la montée des risques géopolitiques, c’est un peu court, d’autant plus court sans nous dire les périls encourus par notre cité du fait de cette situation.
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Pas un mot sur les alertes confirmées du réchauffement climatique qui nécessairement impacte et impactera notre cité, et qui, à tout le moins, devrait nous amener à prévoir des mesures pour réduire nos émissions de gaz à effet de serre, végétaliser nos espaces, etc…
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Pas un mot non plus sur le risque de déflation économique qui menace d’autant plus que se renforcent les cures d’austérité imposées à toute l’Europe au mépris même de l’expression démocratique des peuples (cf Grèce)
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Les gloses sur la croissance (« Anne ma sœur Anne ne vois tu rien venir ? ») ne génèrent aucune proposition municipale concrète. Le document de la majorité municipal ressemble à un catéchisme martelé comme une prière. Difficile de savoir, à l’écoute du « avons nous cru ? » employé , s’il s’agit de croissance ou de croyance.
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Affectés que vous êtes par la « fièvre acheteuse » de tout et n’importe quoi, votre politique Mesdames, Messieurs de la majorité, se résume à ce seul mot d’ordre : Qu’importe le climat pourvu qu’on croisse.
Voilà un premier jet d’ordre très général, juste pour dire vite fait d’arrêter de nous prendre pour des ânes.
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« Panier du maire » et fatalitas
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Quant aux données locales, l’inflation très « modérée » est limite déflationniste. Ce n’est donc pas le jonglage entre sa mesure en glissement et en moyenne annuelle qui change quoique ce soit à l’état de fait. Cette situation est la conséquence des politiques économiques imposées par l’Europe et servilement appliquées par le gouvernement Français.
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C’est quoi le « panier du maire » ? Invention locale pour justifier à terme la hausse du taux des impôts ? Où trouve t on sa mesure sur le site de l’INSEE ?
Pour confirmer que tout ce galimatias de chiffres mis bout à bout ne sert à rien puisqu’il ne se décline nulle part en orientation budgétaire pour la ville. Sauf à le présenter comme une fatalité qui ne permet aucune autre politique municipale que celle présentée.
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L’essentiel est où ?
Pire, il cache l’essentiel : aux cadeaux royaux faits au patronat pour soit disant « relancer la croissance » s’ajoutent les réductions budgétaires pour limiter la dette. Cela aboutit à réduire les dotations aux collectivités locales.
D’ailleurs, des chiffres prouvent cette orientation au détriment des citoyens ordinaires, mais en faveur des riches et du patronat :
- les valeurs locatives cadastrales sont revalorisées de 0,9% pour 2015 (comme en 2014).
- au nom du risque de déflation, (dite inflation faible), le point d’indice fonction publique est resté gelé,
- l’augmentation légale (calée sur inflation prévisionnelle) des pensions et retraites, d’abord repoussée d’avril à octobre, a été gelée,
- les impôts sur le revenu ont augmenté du fait du maintien du gel Sarkosiste du barème,
- la baisse des prix (faible inflation oblige) a généré augmentation du chômage et accentuation de la pauvreté.
Mais le prix des services municipaux a lui augmenté de 2%, et on indique pour 2015 que les produits des services en déduction des charges de fonctionnement progressent de 5%.
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Comment est financé l’austérité ?
Qui paye finalement l’austérité ?
Où donc doit-on voir les traces d’une politique municipale d’une gauche vraiment sociale ?
Les subventions versées augmenteront de 0,7%. Aucune participation à l’effort collectif d’intérêt communal n’est demandé à quiconque ?
C’est donc sur l’épargne prévisionnelle que se fera l’effort essentiel, diminution de 1,5M€ pour compenser les 650K€ qui manquent en recette, eux mêmes déjà en partie compensés par l’augmentation des prix des services.
Toute l’orientation politique municipale, très peu sociale, est résumée là.
Guy Aubarbier