Pas de paix sans justice

Un article de notre cama­rade Pierre Khalfa paru son blog hébergé par Media­part (qui n’en­gage pas la respon­sa­bi­lité de Media­part)

https://blogs.media­part.fr/pierre-khalfa/blog/251023/pas-de-paix-sans-justic

Pas de paix sans justice, une fois de plus ce slogan s’ins­crit dans la réalité des chairs meur­tries, des civils tués, des prises d’otages dans ce qui semble un engre­nage sans fin d’une violence qui semble ne jamais devoir s’ar­rê­ter. Dépas­ser l’émo­tion devant les actes de terreur du Hamas et les repré­sailles aveugles et meur­triers de l’État d’Is­raël contre la popu­la­tion civile de Gaza, avec une catas­trophe huma­ni­taire en route, est une néces­sité abso­lue si nous voulons sortir de cet engre­nage. La quali­fi­ca­tion précise de tous ces actes relève du droit inter­na­tio­nal et ce doit être aux juristes de nous dire quelle est celle qui devrait être rete­nue en la matière – crime de guerre, crime contre l’hu­ma­nité, voire géno­cide – et la Cour pénale inter­na­tio­nale est là pour en punir les auteurs. Mais quali­fier ces actes, les condam­ner au nom d’une morale huma­niste pour laquelle une vie vaut tout autre vie, pour néces­saire que cela soit, est tota­le­ment insuf­fi­sant si nous ne les resti­tuons pas dans une profon­deur histo­rique qui seule permet de les déchif­frer.

Contrai­re­ment à ce qu’af­firment une macro­nie de plus en plus à droite, une droite de moins en moins répu­bli­caine et l’ex­trême droite, nous ne sommes pas dans une guerre de civi­li­sa­tions dans laquelle Israël repré­sen­te­rait la démo­cra­tie et les Pales­ti­niens la barba­rie isla­miste. Et face à cette barba­rie, nous dit la Prési­dente de l’As­sem­blée natio­nale, « rien ne doit empê­cher Israël de se défendre », justi­fiant ainsi, de fait, les bombar­de­ments israé­liens sur Gaza. Nous ne sommes pas non plus dans un conflit reli­gieux qui oppo­se­rait juifs et musul­mans. La majo­rité des juifs, même s’ils sont atta­chés affec­ti­ve­ment à Israël, n’y vivent pas et ne veulent pas aller y vivre au grand dam des gouver­ne­ments israé­liens succes­sifs. Quant aux Pales­ti­niens, ils ne sont pas tous musul­mans et la société pales­ti­nienne est d’une grande diver­sité.

Un conflit entre colo­ni­sés et colo­ni­sa­teurs

Nous sommes dans un conflit poli­tique qui oppose des colo­ni­sa­teurs aux colo­ni­sés. Comme l’avait écrit Maxime Rodin­son dès 1967 dans la revue Les Temps modernes, article qui à l’époque fit beau­coup de bruit, Israël est un fait colo­nial. Ce n’est pas le seul. Les États-Unis, l’Aus­tra­lie ou la Nouvelle-Zélande sont eux aussi des pays issus de proces­sus de colo­ni­sa­tion et le fait colo­nial s’est trans­formé en fait natio­nal. Il y a aujourd’­hui un fait natio­nal israé­lien dont l’exis­tence ne peut être niée. Cepen­dant l’État d’Is­raël a trois carac­té­ris­tiques bien parti­cu­lières. Tout d’abord, c’est le géno­cide des juifs par les nazis qui justi­fie in fine la fonda­tion de l’État d’Is­raël. Les puis­sances occi­den­tales qui ont refusé à l’époque d’ac­cueillir les juifs persé­cu­tés puis les survi­vants de la Shoah se sont ainsi débar­ras­sés à bon compte du « problème juif » sur les Pales­ti­niens. Ensuite, l’État d’Is­raël, État juif, est donc fondé sur une base ethnico- reli­gieuse, fait encore aggravé par le vote en juillet 2018 d’une loi fonda­men­tale procla­mant celui-ci « État nation du peuple juif ». Au-delà, de la discus­sion sans fin de savoir qui est juif – ce qui a amené des cher­cheurs israé­liens à essayer de trou­ver un « gène juif » -, comment quali­fier de démo­cra­tique un État fondé sur de telles bases qui inévi­ta­ble­ment font des non-juifs des citoyens de seconde zone ? Enfin, alors que les États-Unis, l’Aus­tra­lie ou la Nouvelle-Zélande ont certes très diffi­ci­le­ment et très impar­fai­te­ment commencé à rendre justice aux popu­la­tions autoch­tones, l’État d’Is­raël, non seule­ment n’a pas entamé le moindre retour critique sur son passé, mais a conti­nué un proces­sus de colo­ni­sa­tion qui s’est même accen­tué ces dernières années.

Ce conflit colo­nial a débuté avant la créa­tion de l’État d’Is­raël. Elias Sanbar le date de 1917, date de la décla­ra­tion Balfour, du nom du secré­taire d’État britan­nique aux affaires étran­gères qui se prononçait pour la créa­tion d’un foyer natio­nal juif en Pales­tine. Ce conflit éclate avec la grande révolte arabe de 1936 violem­ment répri­mée par les Britan­niques, se pour­suit en 1948 avec l’ex­pul­sion de près de 800 000 Pales­ti­niens de leurs terres, la Nakba, et la créa­tion de l’État d’Is­raël. On peut certes penser rétros­pec­ti­ve­ment, au vu de la situa­tion actuelle, que les Pales­ti­niens, ou plus exac­te­ment leurs diri­geants, ont eu tort de refu­ser le plan de parti­tion de la Pales­tine proposé par l’ONU qui prévoyait la créa­tion d’un État pales­ti­nien à côté de l’État d’Is­raël. De plus, après le géno­cide, les juifs de Pales­tine pensaient se battre pour leur survie face à l’in­ter­ven­tion armée des gouver­ne­ments arabes, ce d’au­tant plus que des émeutes anti­sé­mites avaient éclaté dans les pays arabes. L’image du « David contre Goliath », qui s’est construite à ce moment-là, avait de beaux jours devant elle. Quoi qu’il en soit, c’est une guerre de longue durée qui s’ins­talle.

Dans cette guerre, les accords d’Oslo en 1993, qui avaient permis de mettre fin à la première inti­fada,  ont été un espoir immense et lais­saient présa­ger enfin le règle­ment de ce conflit. Ils ont été torpillés par le Hamas qui a multi­plié les atten­tats terro­ristes en Israël et par les gouver­ne­ments israé­liens succes­sifs après l’as­sas­si­nat d’Yitz­hak Rabin par un mili­tant d’ex­trême-droite israé­lien. Malgré la seconde inti­fada, la colo­ni­sa­tion a conti­nué avec les massacres qui vont avec et la construc­tion du « Mur de la honte » en Cisjor­da­nie instau­rant un régime d’apar­theid comme l’ana­ly­sait en 2022 Amnesty Inter­na­tio­nal et plus récem­ment l’an­cien chef du Mossad Tamir Pardo. L’Au­to­rité pales­ti­nienne s’est trans­for­mée en supplé­tif de l’État d’Is­raël et a étouffé tout fonc­tion­ne­ment démo­cra­tique dans les terri­toires soumis à son contrôle. Le Hamas, dont la créa­tion a été encou­ra­gée par les gouver­ne­ments israé­liens pour affai­blir l’OLP, ayant pris le contrôle de Gaza, cela a justi­fié le blocus de la zone trans­for­mée ainsi en prison à ciel ouvert. La ques­tion pales­ti­nienne semblait sous contrôle et elle dispa­rais­sait de la scène poli­tique mondiale, ce d’au­tant plus qu’un proces­sus de norma­li­sa­tion des rela­tions entre Israël et les pays arabes était en cours en « oubliant » les droits des Pales­ti­niens. Les négo­cia­tions entre Israël et l’Ara­bie saou­dite étaient censées en être le point d’orgue. Le réveil a été doulou­reux et s’est fait de la pire des manières. Le Hamas a réussi à repo­ser sur la scène poli­tique la ques­tion pales­ti­nienne avec un prix à payer consi­dé­rable tant en termes de vies humaines israé­liennes et pales­ti­niennes que sur le plan poli­tique par la haine réci­proque qui se déve­loppe en Israël-Pales­tine, espé­rons-le de façon provi­soire, notam­ment dans la jeunesse.

La fin et les moyens

Un regard vers le passé colo­nial de la France peut ici nous appor­ter un point de vue décalé instruc­tif. En 1954 en Algé­rie, la situa­tion semblait aussi sous contrôle. La répres­sion féroce en 1945 des mani­fes­ta­tions dans la région de Sétif, le trucage des élec­tions de 1948 à l’As­sem­blée algé­rienne par l’ad­mi­nis­tra­tion colo­niale, la margi­na­li­sa­tion des défen­seurs de l’éga­lité des droits et le harcè­le­ment des indé­pen­dan­tistes, tout cela semblait indiquer que « l’Al­gé­rie de papa », pour reprendre une expres­sion employée plus tard par De Gaulle, allait pouvoir conti­nuer ad vitam aeter­nam. Le réveil là aussi fut doulou­reux et s’en s’est suivie une guerre atroce où les civils ont payé le prix fort que ce soient la popu­la­tion arabe massa­crée, regrou­pée dans des camps ou la popu­la­tion euro­péenne victime des atten­tats du FLN.

Ce qui pose une fois de plus la ques­tion de la fin et des moyens. Le FLN avait un but révo­lu­tion­naire louable, l’in­dé­pen­dance. A-t-il eu raison de s’en prendre à la popu­la­tion civile en mettant des bombes dans les cafés et dans les lampa­daires ? La réponse à cette ques­tion est d’au­tant moins simple aujourd’­hui que nous connais­sons la fin de l’his­toire, c’est-à-dire l’exode des pieds-noirs bascu­lant massi­ve­ment du côté de l’OAS et la confis­ca­tion de la révo­lu­tion algé­rienne par les mili­taires. S’il est diffi­cile de savoir ce qu’au­rait pu être le compor­te­ment des pieds-noirs si le FLN n’avait pas pratiqué des atten­tats aveugles, par contre la confis­ca­tion du pouvoir par les mili­taires n’est pas sans rapport avec le fait que la prio­rité avait été donné par le FLN à la lutte armée, ce qui a abouti à donner une place centrale aux mili­taires dans ce proces­sus. Pour mémoire, un des prin­ci­paux diri­geants du FLN, Abane Ramdane a été assas­siné en 1957 par des mili­taires algé­riens parce qu’il voulait subor­don­ner les mili­taires aux civils. Les moyens employés par le FLN ont certes permis d’ob­te­nir l’in­dé­pen­dance de l’Al­gé­rie, mais cette indé­pen­dance s’est faite dans des condi­tions telles que l’his­toire future de ce pays en a été large­ment obérée.

Un dialogue résume assez bien les dilemmes d’une guerre de libé­ra­tion natio­nale asymé­trique, du faible au fort. En 1957, lors de la Bataille d’Al­ger, un des prin­ci­paux diri­geants du FLN, Larbi Ben M’hidi, arrêté – il sera torturé puis exécuté sans procès – s’en­tre­tient avec le géné­ral Massu, respon­sable de « l’ordre public » à Alger. Ce dernier lui reproche, comme intel­lec­tuel, de mettre des bombes dans des couf­fins pour tuer des civils. Réponse de Ben M’hidi : « donnez-moi vos tanks et vos avions et je vous donne­rez mes couf­fins ». Il n’y a pas une guerre de libé­ra­tion natio­nale qui n’ait pas été confronté au même dilemme.

Plus globa­le­ment, dès qu’un conflit armé se déclare, il est vain de penser que les popu­la­tions civiles pour­ront être épar­gnées. Dire que ce qui se passe aujourd’­hui est un nouveau moment de la guerre colo­niale entre Pales­ti­niens et Israé­liens ne veut évidem­ment pas dire accep­ter les massacres de popu­la­tions civiles. Le massacre de popu­la­tions civiles est atroce et doit être condamné sans restric­tion aucune. Et c’est atroce, parce que la guerre, quelle qu’elle soit, est atroce. Il n’y a pas de guerre propre, sans crime de guerre que ce soit dans le cas des « victimes colla­té­rales » d’ac­tions mili­taires ou par la volonté de cibler volon­tai­re­ment les popu­la­tions civiles.

Il y en a eu, même dans les guerres les plus justes, contre le nazisme par exemple ou les guerres de libé­ra­tion natio­nale, de la part du « bon camp ». Dès que la violence est à l’œuvre, il est vain de penser pouvoir la conte­nir. Le droit inter­na­tio­nal vise à proté­ger les popu­la­tions civiles, mais en géné­ral il est appliqué a poste­riori et souvent par les vainqueurs. Ainsi, si on a jugé (trop peu) les crimes nazis, ceux commis contre les popu­la­tions civiles alle­mandes par les Alliés n’ont jamais été jugés : par exemple, Chur­chill a person­nel­le­ment ordonné le bombar­de­ment de Dresde en février 1945, alors que la ville avait été décla­rée ouverte et n’abri­tait aucun objec­tif mili­taire mais des centaines de milliers de réfu­giés. Ce constat n’em­pêche pas, sauf à tomber dans la barba­rie, de tout faire pour que le droit inter­na­tio­nal en temps de guerre soit respecté par les belli­gé­rants. C’est en théo­rie le rôle de la commu­nauté inter­na­tio­nale. On sait cepen­dant à quel point cette dernière est divi­sée et soumise aux inté­rêts natio­naux des grandes puis­sances.

La fin est dans les moyens, et l’em­ploi de la violence comme moyen d’ar­ri­ver à une fin modi­fie la fin elle-même à l’insu des acteurs. La violence détruit celles et ceux qui la subissent et trans­forme celles et ceux qui l’em­ploient. C’est pourquoi une stra­té­gie non-violente doit être privi­lé­giée à tout autre. Encore faut-il qu’une telle stra­té­gie puisse exis­ter et ne pas rester un vœu pieux servant de prétexte à une passi­vité favo­rable au statuquo. Le combat des Pales­ti­niens illustre parfai­te­ment cette diffi­culté. Ainsi la « Grande marche du retour », série de mani­fes­ta­tions paci­fiques orga­ni­sée à Gaza en 2018 pour protes­ter contre la construc­tion du mur, a été prise sous le tir des snipers israé­liens faisant ainsi des centaines de morts et des milliers de bles­sés. Comment dans ces condi­tions mettre en œuvre une stra­té­gie non-violente ?

Et main­te­nant

Concer­nant Israël et la Pales­tine, outre le fait que les Israé­liens, contrai­re­ment aux pieds-noirs, n’ont nulle part où aller et donc que toute réso­lu­tion du conflit ne peut que passer par une garan­tie de sécu­rité pour Israël, c’est le projet même du Hamas qui est inac­cep­table. L’objec­tif du Hamas est de détruire Israël et d’ins­tau­rer une Pales­tine isla­mique (même s’il avait semblé adou­cir sa posi­tion ces dernières années), avec tout ce que cela signi­fie en termes de régres­sion des droits humains, parti­cu­liè­re­ment ceux des femmes, de refus de la démo­cra­tie et de la diver­sité de la société pales­ti­nienne. C’est un projet poli­tique cohé­rent qui se traduit assez logique­ment par des actes de terreur contre la popu­la­tion israé­lienne qui visent à rendre infran­chis­sable le fossé entre les deux peuples. De ce point de vue, le Hamas est l’en­nemi idéal pour la droite et l’ex­trême droite israé­lienne aujourd’­hui au pouvoir. Ainsi Benja­min Neta­nya­hou lui-même a pu décla­rer lors d’une réunion le 11 mars 2019 : « Le trans­fert de l’argent fait partie d’une stra­té­gie visant à sépa­rer les Pales­ti­niens de Gaza et de Cisjor­da­nie. Quiconque s’op­pose à la créa­tion d’un État pales­ti­nien devrait soute­nir le trans­fert de fonds du Qatar vers le Hamas, de cette façon nous contre­car­re­rons la créa­tion d’un État pales­ti­nien ».

Dans une telle situa­tion, il y a toutes les raisons de déses­pé­rer. Étienne Bali­bar les résume parfai­te­ment dans un point de vue dans Media­part. Notre déses­poir cepen­dant ne doit pas nous empê­cher de dire qu’il n’y a pas de solu­tion mili­taire à ce conflit. Que les Israé­liens enva­hissent ou pas Gaza, qu’ils s’y embourbent ou au contraire réus­sissent à détruire les infra­struc­tures du Hamas, qu’ils réus­sissent ou pas à expul­ser la popu­la­tion de Gaza vers l’Égypte – ce dont rêvent tout haut des offi­ciels israé­liens -, ils ne feront que construire une nouvelle géné­ra­tion de combat­tants pales­ti­niens qui les empê­chera de vivre en paix. Il n’y aura de solu­tion que dans la négo­cia­tion sur la base du droit à l’au­to­dé­ter­mi­na­tion du peuple pales­ti­nien et des réso­lu­tions de l’ONU.

Mais avec qui négo­cier, nous répondent en cœur les soutiens du gouver­ne­ment israé­lien ? Il n’y a pas de parte­naire pour la paix, nous disent-il après que l’État d’Is­raël ait tout fait pour détruire ceux qui exis­taient. Eh bien, on négo­cie avec ses enne­mis. La France a négo­cié avec le FLN après l’avoir féro­ce­ment combattu et traité de terro­riste. L’État d’Is­raël détient sans juge­ment ou sur la base de procès iniques des milliers de Pales­ti­niens, dont Marwan Barghouti, parti­san d’une solu­tion négo­ciée qui aurait pu aider à construire un nouveau leader­ship en Pales­tine. C’est d’ailleurs la raison profonde de son empri­son­ne­ment et les gouver­ne­ments israé­liens succes­sifs s’ac­com­modent très bien d’une auto­rité pales­ti­nienne discré­di­tée et anti­dé­mo­cra­tique. La libé­ra­tion des prison­niers poli­tiques pales­ti­niens et l’or­ga­ni­sa­tion d’élec­tions libres en Pales­tine sont les condi­tions de la paix. Et il faudra aussi négo­cier avec le Hamas car comme le résume Edwy Plenel : « Si des actions du Hamas peuvent être quali­fiées de terro­ristes, c’est s’aveu­gler volon­tai­re­ment que de ne pas prendre en consi­dé­ra­tion son autre réalité, celle d’un mouve­ment poli­tique avec une assise sociale. Que sa ligne idéo­lo­gique et ses pratiques auto­ri­taires en fassent l’ad­ver­saire d’une poten­tielle démo­cra­tie pales­ti­nienne, qui respec­te­rait le plura­lisme des commu­nau­tés et la diver­sité des opinions, ne l’em­pêche pas d’être l’une des compo­santes, aujourd’­hui deve­nue domi­nante, du natio­na­lisme pales­ti­nien ».

C’est dans cette pers­pec­tive que l’ac­tion de la commu­nauté inter­na­tio­nale peut avoir une effi­ca­cité pour impo­ser un proces­sus de paix. Or c’est tout le contraire de ce que propose Emma­nuel Macron qui déclare que « La France est prête à ce que la coali­tion inter­na­tio­nale contre Daech puisse lutter aussi contre le Hamas ». Double erreur. D’une part, c’est assi­mi­ler le Hamas, issu des Frères musul­mans, et Daech, mouve­ment sala­fiste, alors que le premier contrai­re­ment au second ne vise pas à instau­rer un cali­fat isla­mique sur la terre entière et n’a jamais orga­nisé d’at­ten­tats en dehors de la Pales­tine et d’Is­raël, contrai­re­ment là aussi à Daesh. D’autre part, c’est mettre en scène la guerre des civi­li­sa­tions et faire ainsi un beau cadeau à Daesh au lieu de se foca­li­ser sur une solu­tion poli­tique négo­ciée.

Au-delà, la société israé­lienne est lourde d’une guerre civile, pour le moment larvée, entre deux concep­tions radi­ca­le­ment diffé­rentes de ce que doit être l’État d’Is­raël : État théo­cra­tique versus État laïque démo­cra­tique. Un espoir pour l’ave­nir est que les parti­sans et parti­sanes de cette dernière option – en rappe­lant que les femmes ont un rôle crucial à jouer dans ce proces­sus, comme le souligne le mouve­ment paci­fiste et fémi­niste israé­lien, Women Wage Peace – fassent leur cette phrase de Marx : « un peuple qui en opprime un autre ne saurait être libre ».

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