Pour des cellules de lutte contre les violences sexistes et sexuelles

Tribune Inter-Orga­ni­sa­tions à l’oc­ca­sion du 25 novembre 2022 : Jour­née inter­na­tio­nale de lutte contre les violences à l’égard des femmes
MeToo poli­tique et syndi­cal : un moment néces­saire !

Cette année est marquée par les 5 ans de MeToo, c’est un moment histo­rique.

En cette jour­née inter­na­tio­nale d’éli­mi­na­tions des violences à l’égard des femmes, nous, orga­ni­sa­tions syndi­cales et poli­tiques, asso­cia­tions, consta­tons depuis quelques mois une mise en cause de nos dispo­si­tifs internes de lutte contre les violences sexistes et sexuelles (VSS). Elles sont accu­sées de rendre une forme de justice sauvage, secrète et à visée poli­tique.

Le moment MeToo est un moment impor­tant dans la prise en compte de la parole des femmes, un mouve­ment qui conti­nue sa défla­gra­tion dans toute la société. Aujourd’­hui, nous assis­tons à un MeToo poli­tique, suite logique que nous saluons sur sa capa­cité à faire entrer le débat dans chaque orga­ni­sa­tion poli­tique ou syndi­cale quant à la manière de faire cesser les méca­nismes de domi­na­tion à l’œuvre en interne pour que l’éga­lité soit réelle. Au lieu de voir ce moment avec crainte, il faut l’abor­der avec luci­dité et sans complai­sance.

Nous rappe­lons que les cellules de veille, commis­sions ou collec­tifs qui existent dans nos struc­tures, ont pour mission prin­ci­pale de proté­ger les victimes, en faisant en sorte d’éloi­gner leurs agres­seurs et de les empê­cher de repré­sen­ter nos orga­ni­sa­tions. Il s’agit aussi de faire vivre des valeurs d’éga­lité sur lesquelles se fondent nos struc­tures. Elles supposent de faire cesser toutes formes de violences à l’égard des femmes. C’est une condi­tion sine qua non au chan­ge­ment de société auquel nous œuvrons. La mise en place d’un envi­ron­ne­ment mili­tant sans violence ni domi­na­tion doit permettre aux femmes de prendre toutes leurs places dans le mili­tan­tisme et d’y prendre des respon­sa­bi­li­tés. Outre l’at­teinte grave à la dignité des victimes que consti­tuent les VSS, elles sont aussi un frein majeur à leur inves­tis­se­ment et donc au renfor­ce­ment de nos struc­tures.

Le fémi­nisme se bat contre les oppres­sions et domi­na­tion. Il prône l’éga­lité réelle entre les femmes et les hommes dans la vie privée et dans la vie publique.
Il ne s’agit pas pour nous de lancer une « guerre des sexes ». Il ne s’agit pas davan­tage de rendre la justice – que celle-ci fasse son travail, « il est temps de siffler la fin… » de l’im­pu­nité pour les agres­seurs !

Le droit du travail oblige l’em­ployeur à agir sans attendre une déci­sion de justice, nous ne pouvons pas faire moins. Il s’agit d’avoir des repré­sen­tant.es, diri­geant.es dont les compor­te­ments sont en confor­mité avec les valeurs défen­dues par nos orga­ni­sa­tions. Ce sont elles qui fondent notre fonc­tion­ne­ment interne, pas les insti­tu­tions judi­ciaires.

Nous nous sommes doté.es pour cela de proto­coles de fonc­tion­ne­ment, géné­ra­le­ment débat­tus et adop­tés collec­ti­ve­ment dans nos instances et le plus souvent rendus publics. Les membres de nos cellules de veille, commis­sions ou collec­tifs sont formés et tenus à la confi­den­tia­lité. Le battage média­tique dont certaines situa­tions ont fait ou font encore l’objet montre à la fois que les violences sexistes et sexuelles conti­nuent de sortir de l’in­vi­si­bi­lité, ce qui est une avan­cée, mais que les ressorts du patriar­cat sont encore puis­sants : la lutte doit se pour­suivre.

Nos cellules de veille, commis­sions et collec­tifs travaillent ensemble depuis main­te­nant plus d’un an :

• Nous deman­dons que les moyens néces­saires et suffi­sant soient donnés aux asso­cia­tions d’aide et d’écoute aux victimes : orga­ni­ser une réelle prise en charge est une néces­sité incon­tour­nable. L’im­pact de ces violences sur les femmes est délé­tère, que ce soit sur leur santé physique ou psycho­lo­gique ou sur leur place dans nos orga­ni­sa­tions. L’ac­cès aux soins et à la justice doit être garanti,
• Nous expri­mons toute notre soli­da­rité envers les membres des cellules dont le travail méti­cu­leux et dans le respect de la confi­den­tia­lité a été soumis à la vindicte publique jusqu’au plus haut niveau,
• Nous deman­dons que soit lancée une large campagne de forma­tion sur les violences sexistes et sexuelles, à même de recen­trer le débat sur les ques­tions de fonds : préve­nir les violences sexistes et sexuelles, proté­ger les victimes et obte­nir répa­ra­tion, ce qui passe notam­ment par des mesures à l’en­contre des mis en cause. Stop à l’im­pu­nité !

Nos aspi­ra­tions rejoignent celles qui vont s’ex­pri­mer dans la rue à l’oc­ca­sion de la jour­née inter­na­tio­nale d’éli­mi­na­tion des violences à l’égard des femmes : nous voulons vivre dans une société où chacun.e puisse s’épa­nouir quels que soient son genre ou sa sexua­lité.
Pour cela, nous sommes prêt.e.s à chan­ger ce monde sexiste et patriar­cal !

Signa­taires :

• Alice PICARD et Youlie YAMAMOTO, co-porte-parole d’ATTAC France,

• Aline CHITELMAN -Cellule Contre les Violences Sexuelles et Sexistes d’ENSEMBLE ! Et J-F PELLISSIER, Porte – parole d’ENSEMBLE ! Mouve­ment pour une Alter­na­tive de Gauche et Ecolo­giste,

• Véro­nique MARCHESSEAU, Secré­taire géné­rale de la Confé­dé­ra­tion paysanne et Nico­las GIROD Porte-parole,

• Chloé SAGASPE et Alain COULOMBEL, porte-parole d’EELV,

• Benoit TESTE, Secré­taire géné­ral de la FSU et Sigrid GERARDIN, Secré­taire natio­nale,

• Sophie VENETITAY, secré­taire géné­rale du SNES-FSU, et Emma­nuel SECHET, secré­taire géné­ral adjoint,

• Myriam MARTIN et Hendrik DAVI, portes paroles de la Gauche Ecoso­cia­liste GES,

• Mathilde PANOT, prési­dente du groupe parle­men­taire LFI-NUPES et Sarah LEGRAIN, dépu­tée de Paris et réfé­rente du Comité de suivi contre les violences sexistes et sexuelles de la France Insou­mise,

• Philippe POUTOU Porte-parole natio­nal, Alice PELLETIER Commis­sion natio­nale d’in­ter­ven­tion fémi­niste et Conseil poli­tique natio­nal pour le NPA,

• Imane OUELHADJ, prési­dente de l’UNEF et Adrien LIENARD, secré­taire géné­ral,

• Blan­dine TURKI, secré­taire géné­rale et Nico­las WALLET, secré­taire géné­ral pour le SNUipp-FSU,

• Fabien ROUSSEL, secré­taire natio­nal du PCF et député du nord, et Shir­ley WIRDEN, respon­sable natio­nale du dispo­si­tif Tolé­rance Zéro du PCF,

• Jean-Chris­tophe SELLIN, co-coor­di­na­teur du Parti de gauche et Hélène LE CACHEUX , co-coor­di­na­trice du Parti de gauche,

• . Olivier FAURE, Premier Secré­taire du Parti Socia­liste et Céci­lia GONDARD Secré­taire Natio­nale à l’éga­lité entre les femmes et les hommes,

• Murielle GUILBERT, co-délé­guée de l’Union syndi­cale Soli­daires et Julie FERRUA, secré­taire natio­nale de l’Union syndi­cale Soli­daires,

• Gaëlle BACKER et Pablo RAUZY pour l’UCL, Union Commu­niste Liber­taire.

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