Le premier tour de ces élections départementales laisse dans la bouche un goût amer et ce n’est pas le nombre très élevé de vote FN qui en est la cause. Après les débats nombreux qui ont eu lieu sur la liberté d’expression, les interventions militaires lancées au nom de la démocratie, les dénonciations faites par la France (et d’autres) à la suite d’élections démocratiques (Victoire du Hamas en 2006, victoire d’ Ennahda en 2011), on peut se demander aujourd’hui quelle est la légitimité de notre démocratie. En effet, quand on entend le personnel politique annoncer fièrement qu’il y a 44% de votants lors de ce scrutin, cela interpelle. Qu’en est il de la liberté d’expression de ces 56% d’adultes français qui ne se déplacent pas ? Qui les écoute ? M. Hollande avait promis de prendre en compte les votes blancs et qu’en est il de l’abstention ? Jusqu’à quel point une élection est elle valable ? Nous savons très bien répondre à ce genre d’interrogation quand elles concernent les pays d’Afrique ou du monde arabe, pourquoi ne nous semblent elles pas pertinentes sur le sol français ?
Après ce petit coup de gueule un peu général, je voudrais rapporter ici un incident qui m’a touché moi et plusieurs centaines de personnes lors de ces élections. Je suis inscrite sur les listes de Poitiers, or je me suis actuellement pour raison professionnelle à Toulouse, jusque là tout va bien. Je me suis donc déplacée jeudi dans un commissariat pour faire une procuration, jusque là tout va bien. Dimanche je reçois un appel de ma mère (qui avait ma procuration) qui me dis que je ne peux pas voter, c’est là que les choses se compliquent : la mairie de Poitiers n’a jamais reçu ma procuration. Je me déplace donc au commissariat de Toulouse où j’avais fait ma procuration, il est fermé. Je téléphone au commissariat de garde pour leur expliquer ma situation pour m’entendre dire que c’est la poste, qu’ils n’y sont pour rien et non ils ne faxeront pas de papier disant que j’ai bien fait une procuration.
Ne pas voter pour des gens dont les missions ne sont pas définies ne m’a pas chamboulé outre mesure, puisque les rôles précis des conseils départementaux seront revus dans quelques mois (bizarrerie qui aurait de quoi choquer) en revanche l’absence de réaction de la police ou du gouvernement après le battage médiatique appelant au vote m’a, je l’avoue, quelque peu énervée. Cela veut dire que toutes les personnes ayant fait une procuration à Toulouse à partir de jeudi n’ont pas voté. Toulouse uniquement ? Qui sait, mais s’il s’agit d’un problème de la poste, il est possible que cela soit national. Donc toutes les personnes ayant fait une procuration jeudi ou vendredi au niveau national n’ont pas eu le droit d’exprimer leur voix. Cela pose question. A l’heure d’internet, à l’heure où il est possible de mobiliser des milliards d’euros pour les banques, un million d’euros pour UN journal et des milliers d’hommes pour la sécurité, il est impossible de faire parvenir une liste de nom de personne pouvant voter en l’espace de 3 jours.
Cela veut-il dire qu’en France la sécurité et la finance passent avant la démocratie ? C’est en tout cas la conclusion qu’on semble pouvoir tirer de cette anecdote !
Nadia