Gérard Miller, psychanalyste et éditorialiste, il était l’invité de la Midinale de Regards, ce mercredi 18 mai 2022.https://youtu.be/KEZTVIcCumk |
Sur la nomination d’Elisabeth Borne« Je me dis qu’Emmanuel Macron a été chercher dans son vivier. Vraisemblablement Macron a choisi quelqu’une qui le ferait le moins d’ombre possible, si ce n’est qu’il y a encore du soleil à l’Élysée. La thèse du Président est ‘je ne veux voir qu’une tête : la mienne’. Donc quand je regarde Borne, c’est un peu comme quand on va au musée Grévin, où il y a des pièces un peu mystérieuses où on voit apparaitre des fantômes. Quand je vois Borne, je vois E.Macron. Donc je serai pour qu’on l’appelle Elisabeth Borne-Macron. » « Aujourd’hui, il y a une vraie dépolitisation. Elisabeth Borne est une technocrate, quelqu’une qui a un point de vue technique. Le Président a non seulement décidé qu’on ne lui fasse pas d’ombre, mais en plus il ne faut pas faire de politique. » « Cette expression ‘venir de la gauche’, je la trouve irrésistible : quand vous menez une politique de droite pendant des années, on peut considérer que vous venez de gauche mais que vous êtes maintenant de droite. » « C’est une première ministre de la continuité, mais j’irais même plus loin : selon moi, c’est Castex puissance 10. Castex a fait très peu de politique, Madame Borne c’est encore pire si j’ose dire, car je crois vraiment aux vertus de la politique. » Sur l’urgence écologique dans le quinquennat à venir« Un jour où l’on posait à Jacques Lacan, l’une des très célèbres questions de Kant : qu’est ce qui est permis d’espérer. Lacan répondait : espérer ce que vous voulez. Donc je ne vais pas désespérer les gens, mais je crois pour le coup qu’il n’y a strictement rien à espérer de ce quinquennat. Je crois aux logiques politiques. Et, le Président de la République a une logique qui donne très peu de marge de manœuvre à son action. Il a beaucoup de pouvoir et très peu de marge de manœuvre. » « Il n’y a rien à espérer, sauf si, Madame Borne devient la Première Ministre avec la moins forte longévité de la Vème République. Si en effet elle n’a pas le temps de mettre à profit son poste pour réaliser les dégâts que j’imagine qu’elle fera. » Sur la Nupes« Cette Nupes est un événement majeur de la Vème république. Ce qui était impossible avant, devenu possible après, nous confronte tous à quelque chose sur quoi nous n’aurions pas parié 10 centimes. Cela bouleverse la donne. Si on aime qu’il y ait de la surprise et du mouvement : c’est de ce côté que cela se passe. » « La rapidité avec laquelle cela s’est passé, nous donne le sentiment qu’il se passe quelque chose, disons de prometteur. » Sur la composante sociale-démocrate de la Nupes« Avant Mitterrand, au début des années 70, les socialistes ont souvent été infréquentables dans leur histoire. Quand j’étais jeune étudiant, nous crions contre Jules Moch : matraqueur des ouvriers. C’était un ministre comparable à Castaner. Il y avait avant Mitterrand des socialistes de droite. » « Mitterrand a réussi à mettre de côté cette histoire-là, mais chassez le naturel, il revient au galop. Grâce à Hollande et Valls, les socialistes ont redécouvert quelque chose qui était en eux, c’est à dire de se situer pas très loin des hommes de droite » « Ce que fait Jean-Luc Mélenchon aujourd’hui, c’est qu’il permet à un certain nombre de socialistes de retrouver ce qu’il y a de meilleurs dans les socialistes, c’est-à-dire de retrouver une dimension de gauche. » « Mitterrand avait réussi, notamment avec l’alliance avec les communistes, à insister un tant soit peu sur leur côté de gauche, même si on peut dire que cela s’est relativement effacé avec les années durant son septennat. » « J’ai toujours voté socialiste au deuxième tour. Mais je votais toujours au premier tour plus à gauche que les socialistes. » « Aujourd’hui, je me considère évidemment plus à gauche que les socialistes mais aussi plus à gauche que la NUPES. Ça me fait sourire lorsque l’on me dit que la NUPES, c’est l’extrême gauche. »« Je trouve particulièrement intéressant d’avoir des socialistes dans l’alliance : l’histoire de la gauche s’est faite avec des gens qui ne se ressemblaient pas, voire qui s’étaient détestés tout un temps. »« La dynamique n’aurait pas été la même s’il n’y avait pas eu les socialistes. » Sur la dissymétrie dans l’union de la gauche« Lorsque le Parti socialiste se crée en 1971 et lorsque Georges Marchais arrive à la tête du Parti communiste en 1972, les communistes pèsent 20% et près de 5 millions d’électeurs, soit l’étiage de leur meilleur score à la libération. » |