Il y a quelques jours, Jean-Luc Mélenchon a accusé Cazeneuve d’être le « gars qui s’est occupé de l’assassinat de Rémi Fraisse ». Il a déclaré mercredi qu’il n’était pas question pour lui de faire des excuses à l’ancien Premier ministre et ancien ministre de l’Intérieur Bernard Cazeneuve, qu’il juge responsable de la mort du jeune écologiste Rémi Fraisse en 2014.
Rappelons de quoi il s’agit. Reprenons quelques faits tels que cités dans un texte que nous avions mis en ligne à l’époque et qui fut aussi sur le site national d’Ensemble!
https://reve86.org/ils-ont-tue-remi-fraisse/
« Rémi Fraisse est mort dans le département où Jaurès fut député, sur le chantier du barrage de Sivens.
Il est mort dans la nuit du 25 au 26 octobre 2014, lors de heurts entre manifestants et gendarmes. Les mois et les semaines précédentes les exactions policières s’étaient multipliées, dans l’impunité des forces de l’ordre. La hiérarchie de l’appareil de répression, jusqu’au ministre de l’Intérieur, fut avertie, cela continua : c’était donc avec son aval que le comportement de soudards des gendarmes continua.
Sa mort est constatée par les gendarmes dès 2 heures du matin le dimanche 26 octobre. A 5 heures (du matin) un légiste constate un « décès immédiat par explosion localisée ». A 10 heures, une dépêche AFP annonce sa mort. (…)
Peu après 20 heures, Cazeneuve, le Ministre de l’Intérieur parle : il dénonce ceux qui ont « porté atteinte aux monuments aux morts » et qui sont responsables d’un déchaînement de violences. Il ne parle pas de la violence meurtrière des policiers mais de celle des manifestants. (…)
Cazeneuve, le premier flic de France, dénonce, lundi, la violence …des manifestants. Puis, le mardi, il dénonce « l’instrumentalisation politique » de la mort de Rémi Fraisse. Il ne dénonce pas les assassins ; il ne dénonce pas l’instrumentalisation politique par le PS, la droite et le FN (les amis de l’assassin de Clément Méric), tous unis bien sincèrement dans leur dénonciation des « casseurs ». »
Aujourd’hui, Cazeneuve se sent blessé lorsque Mélenchon le traite d’assassin. Or, sa responsabilité politique en tant que Ministre de l’Intérieur dans le mensonge d’État qui fut tenté, la diffamation de Rémi Fraisse est grande, écrasante.
Depuis près de trois ans, l’enquête judiciaire piétine, et la mauvaise volonté de l’État est patente.
Mediapart l’affirme : « aucune mise en examen n’a été prononcée et les juges s’acheminent tranquillement vers une ordonnance de non-lieu. » Alors, « pour relancer l’enquête, les avocats de la famille Fraisse déposent une plainte pour faux témoignage contre les gendarmes et une autre pour subornation de témoins, le 18 janvier 2017 ».
La famille de Rémi Fraisse a face à elle l’État répressif, sa machine de propagande, un appareil judiciaire fort peu indépendant en l’occurrence.
Cazeneuve aurait porté plainte contre Mélenchon. Mais qui a entendu Cazeneuve qui se montre soudain si sensible, regretter l’ignominie meurtrière qu’il tenta de minimiser?
Il est très blessé par les mots employés par Mélenchon ; Rémi Fraisse, lui, fut blessé à mort par la grenade envoyée sur les ordres du préfet et de lui-même.
S’il avait quelque honneur, Bernard Cazeneuve se tairait.
Pascal Boissel, 5–06–2017