Jeudi 26 mai a eu lieu une réunion du Conseil régional de la grande région Aquitaine, en la ville de Bordeaux, ville d’Alain Juppé et d’Alain Rousset.
La presse locale nous en a rendu compte : Rousset reproche à Virginie Calmels, tête de liste des LR (et amie de Juppé, et grande licencieuse de masse comme elle aima à le dire durant la campagne électorale) d ‘être frontale plutôt que constructive. « Frontale »? Amie du FN, bien sûr, mais ce n’est qu’un détail ici.
Rousset fait mine de s’étonner: lui qui a donné la commission des finances au LR Olivier Chartier (un gars du sérail de la droite de Poitiers), ce qui était « un acte de confiance », le voilà un peu déçu. Et Chartier exige des « efforts et des économies supplémentaires » face au « fiasco de Poitou-Charentes »; or, en parlant de ce « fiasco », Chartier parle comme Rousset.
Lors de cette séance du conseil région, Calmels intervient sur la ligne du FN : « Macaire démission » (Macaire succéda à la tête de la région Poitou-Charentes quand Royal devint ministre). Et Rousset déclara alors : « ce n’est pas très fair play, pas très courtois, pas très sympa », ce que le gentil journaliste traduit curieusement en un soutien à Macaire.
Pour en savoir plus les investigateurs et investigatrices de ReVe86 sont partis en quête. Voici le premier résultat : une lettre imaginée par nos soins d’Alain Rousset à Alain Juppé.
Bonjour Alain,
As tu vu comme je viens d’asseoir mon pouvoir sans partage suit la nouvelle région ? et en quelques semaines, pas plus.
En Poitou Charentes, j’ai publié les « dérives » des finances de Ségolène Royal et de son successeur JF Macaire. Opération choc : déclaration à la presse! puis audit express! puis deuxième audit!. Le deuxième audit divise par deux le chiffre des dérives annoncées, mais peu importe, qui oserait me chicaner sur ce point?
Je voulais détruire Royal et ses derniers soutiens sur Poitou Charentes, ça c’est fait.
J’ai jeté Macaire aux chiens ( il a osé se présenter contre moi à la primaire préparant les régionales, le cuistre!), et il n’a plus aucun soutien parmi les élus du PS. Voila qui est aussi réglé; mon pouvoir est sans partage comme il sied à vrai chef d’entreprise.
La réunion du Conseil régional a été impeccable, de ce point de vue.
D’abord la soumission des PS et EE-LV (as-tu vu comme ils sont drôles à propos du TGV Poitiers-Limoges?), mais c’était obtenu d’avance.
Mais surtout Virginie Calmels, notre amie, a été parfaite. Elle frappe Macaire à terre, et le FN arrive avec ses gourdins pour l’achever; tout s’est passé comme je l’avais prévu. Et moi alors de dire « ah la la, c’est pas courtois de cogner sur un homme sans défense, choqué je suis, ah la la ». Franchement, il y a des petites jouissances associées à l’exercice du pouvoir qui sont bien méritées.
Bref, notre projet d’alliance entre tes subordonnés et les miens peut progresser. Dans mon duché, comme tu le vois, la loi néolibérale est affirmée: toute dette doit être payée et sans discussion ni délai; on ne fait pas faire attendre les financiers. Foin de ces histoires de dette illégitime, odieuse et je ne sais quoi. C’est mon discours, c’est le tien, c’est celui de Bayrou, c’est celui de la Banque centrale européenne. Le message grec est importé dans mes terres : « honte sur ceux qui ne paient pas leurs dettes car ce sont vos enfants qui devront les payer, et du reste, nous créanciers n’hésiterions pas à affamer vos enfants dès à présent si vous tardiez à payer ».
Avec Valls et Macron (ces deux là se chamaillent mais le CAC 40 peut reconnaître en eux comme en nous des serviteurs fidèles) nous voulons comme toi un grand parti du « centre », néolibéral de choc et à visage cool. Ton programme économique néolibéral décomplexé, nous convient, je te le réaffirme.
A très vite, cher Alain, nous avons tant en commun,
Ton ami,
AR
PCC. Pascal Boissel, 29–05–2016