Media­part. Sophie Bessis, Domi­nique Eddé, Annie Ernaux et Chris­tiane Taubira. Appel à rompre les rela­tions avec Israël.

L’État d’Is­raël – gouverné par son extrême droite – est en train d’ex­ter­mi­ner un peuple et de dépe­cer le Moyen-Orient. Ni l’as­sas­si­nat de plus de deux cents jour­na­listes pales­ti­niens, ni l’in­ter­dic­tion des médias étran­gers sur les lieux du crime, ni l’au­to­cen­sure systé­ma­tique de la majo­rité des médias occi­den­taux, n’au­ront suffi à filtrer l’hor­reur.

Heure après heure, les bombes tombent partout à Gaza. Des familles entières sont déci­mées, les hôpi­taux sont hors service dans leur presque tota­lité, les enfants ampu­tés sans anes­thé­sie, les tentes de deuil sont brûlées, les gens qui courent au secours des bles­sés sont tués à bout portant, les survi­vants condam­nés à ne pouvoir récu­pé­rer les cadavres de leurs proches, un navire chargé d’aide pour Gaza visé par des drones israé­liens au large de Malte… Toute précau­tion de langage relève désor­mais de la cécité volon­taire.

Pendant ce temps, le régime israé­lien occupe le Golan et le Liban-Sud. Depuis le 27 novembre 2024, il a violé le cessez-le-feu au Liban à 1 500 reprises. La Syrie, à peine déli­vrée d’un demi-siècle de tyran­nie sanglante, a enduré la destruc­tion de son armée par Tsahal sans que personne ne pipe mot. Les forces aériennes israé­liennes ont attaqué la Syrie près d’un millier de fois. Le nouveau régime syrien est donc privé par son voisin israé­lien des moyens d’ins­tal­ler son auto­rité.

La prise en otage de la popu­la­tion syrienne druze par Israël ajoute au chaos sa pièce de sabo­tage. « Il n’y a pas de “massacres de Druzes” mais des heurts inter­com­mu­nau­taires que tente de conte­nir le nouveau gouver­ne­ment », écrit l’an­cien ambas­sa­deur de France Gérard Araud. Ce faisant, Israël peau­fine son plan de dépeçage de la région. Il ne s’agit plus ici d’an­ti­ci­pa­tions ni d’hy­po­thèses. Il s’agit d’ob­ser­va­tions, de constats, de faits.

Si les respon­sables poli­tiques euro­péens conti­nuent à attendre – et à attendre quoi ? –, s’ils ne se lèvent pas en respon­sa­bi­lité et en dignité pour appliquer des sanc­tions contre Israël et rompre leurs rela­tions avec ce régime incen­diaire, ils figu­re­ront au nombre des accu­sés devant l’his­toire. Plus grave : ils inva­li­de­ront le prin­cipe même de l’Eu­rope, ils cosi­gne­ront la fin de la démo­cra­tie, le triomphe du fascisme.

Rappe­lons qu’une tren­taine de pays sont visés par des sanc­tions de l’Union euro­péenne, notam­ment pour de graves viola­tions des droits de l’homme. Le cadre juri­dique de mesures sanc­tion­nant la poli­tique de terreur exer­cée par Israël existe. Reste à l’ap­pliquer.

« L’objec­tif est mani­fes­te­ment de créer les condi­tions pour mener à bien la plus grande opéra­tion d’épu­ra­tion ethnique depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale », écrit Josep Borrell, ancien haut repré­sen­tant de l’Union euro­péenne pour les affaires étran­gères. Il plaide pour le retour de toute urgence au droit inter­na­tio­nal, le recours aux leviers d’ac­tion contre Israël, le refus du « fait accom­pli ». Or s’agis­sant de « fait accom­pli », s’il est un pouvoir qui soit imbat­table en termes de déci­sions unila­té­rales, impo­sées par la force, c’est bien Israël.

Que la France et l’Eu­rope se portent au secours d’elles-mêmes en disant non, clai­re­ment et enfin non, à cette poli­tique de la destruc­tion.

Sophie Bessis, Domi­nique Eddé, Annie Ernaux et Chris­tiane Taubira

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