Une note d’es­poir dans un monde de déses­poir

Ces derniers temps, la ques­tion de l’im­mi­gra­tion est un sujet en perma­nence évoqué et qui nous concerne tous. J’ai eu la chance d’as­sis­ter à une confé­rence trai­tant de ce sujet. Et quelle confé­rence ! J’ai été subju­guée par le talent d’ora­teur d’Edwy Plenel. Pour ceux à qui ce nom ne dirait rien, c’est le fonda­teur et direc­teur de Media­part et ancien­ne­ment direc­teur de rédac­tion au jour­nal Le Monde.

Edwy Plenel traita donc, à Poitiers le 7 octobre 2015, de la ques­tion de l’étran­ger. C’est grâce au collec­tif poite­vin « D’ailleurs nous sommes d’ici » que cette confé­rence a eu lieu. Cette orga­ni­sa­tion a pour­suivi l’ac­tion du « Collec­­tif contre les expul­sions et pour le droit de vivre en France » en soutien à la grève des sans-papiers Guinéens dont l’objec­­tif annoncé était de relan­­cer et de faire vivre loca­­le­­ment, dans la durée, un mouve­­ment unitaire de soutien aux migrants et sans-papiers,

Le discours de Plenel était une note d’es­poir par bien des aspects. Tout d’abord, il rappela ce qui est la base de notre démo­cra­tie actuelle, La Décla­ra­tion univer­selle des Droits de l’homme. Il a cité 3 articles fonda­men­taux :

Article 13

1. Toute personne a le droit de circu­ler libre­ment et de choi­sir sa rési­dence à l’in­té­rieur d’un Etat.

2. Toute personne a le droit de quit­ter tout pays, y compris le sien, et de reve­nir dans son pays.

Article 14

1. Devant la persé­cu­tion, toute personne a le droit de cher­cher asile et de béné­fi­cier de l’asile en d’autres pays.

2. Ce droit ne peut être invoqué dans le cas de pour­suites réel­le­ment fondées sur un crime de droit commun ou sur des agis­se­ments contraires aux buts et aux prin­cipes des Nations Unies.

Article 15

1. Tout indi­vidu a droit à une natio­na­lité.

2. Nul ne peut être arbi­trai­re­ment privé de sa natio­na­lité, ni du droit de chan­ger de natio­na­lité.

Il est donc clair que le fait d’ac­cueillir des personnes victimes de persé­cu­tions fuyant la guerre ou encore la misère est un devoir. En ne respec­tant pas ce devoir d’ac­cueil, nous trahis­sons les valeurs dont nous sommes pour­tant si fiers.

Qu’est-ce que 2 000 personnes de plus dans notre pays ! C’est le nombre de demandes d’asile qui ont été accep­tées en France en 2013 sur 122 000. Pour­tant certains respon­sables poli­tiques parlent d’in­va­sion quand cela ne repré­sente qu’une infime partie de la popu­la­tion. Ces réfu­giés qui ont besoin d’une terre d’ac­cueil sont comme nous, l’étran­ger n’existe pas, nous sommes tous humains et égaux, c’est écrit noir sur blanc dans notre consti­tu­tion de 1958 : « La France est une Répu­blique indi­vi­sible, laïque, démo­cra­tique et sociale. Elle assure l’éga­lité devant la loi de tous les citoyens sans distinc­tion d’ori­gine, de race ou de reli­gion. » Malgré tout, ce sont les hommes qui ont instauré des diffé­rences entre eux par une idéo­lo­gie d’iné­ga­li­tés guidée par des préju­gés. Chaque homme a le droit de quit­ter son pays pour un autre et si cet autre pays est le nôtre, il est de notre devoir de les aider, c’est notre respon­sa­bi­lité en tant qu’être humain. La diver­sité, quelle qu’elle soit, est une force, elle permet le déve­lop­pe­ment de la crois­sance écono­mique, mais aussi l’épa­nouis­se­ment person­nel intel­lec­tuel, affec­tif, morale et spiri­tuel. Elle ne devrait pas être vue comme une tare, puisque les diffé­rentes cultures, reli­gions, façons de vivre permettent l’en­ri­chis­se­ment person­nel.

Edwy Plenel a rappelé à l’as­sem­blée atten­tive que la France par son histoire est une nation multi­cul­tu­relle, consti­tuée de citoyens origi­naires de multiples pays. Il a même cité, à cette occa­sion, une phrase de Nelson Mandela : « We are a rain­bow nation ». La France une nation arc-en-ciel qui a le devoir de montrer l’exemple au monde.

Actuel­le­ment, les hommes vivent en inter­ac­tion perma­nente puisque le monde est connecté.

Malheu­reu­se­ment, aujourd’­hui, une image est plus forte que bien des mots. Malgré tout, la tech­no­lo­gie permet d’in­for­mer et de faire réagir les peuples qui vivent dans l’in­dif­fé­rence. Face à un enfant syrien mort, échoué sur une plage turque, la popu­la­tion s’émeut. « Que pouvons-nous faire ? Quelle horreur ! » Voilà les réac­tions engen­drées alors que des drames simi­laires se produisent tous les jours. Je pense que chacun doit se mobi­li­ser à sa manière pour ces humains qui ont besoin de nous.

Tel était le message d’Edwy Plenel qui a tenu un discours émou­vant de plus d’une heure, qui se termina par un tonnerre d’ap­plau­dis­se­ments montrant que l’in­dif­fé­rence n’est pas partout et que des citoyens se soucient du sort de l’hu­ma­nité.

Dans ce climat de crainte et de méfiance de l’autre, il conclut sur l’es­poir de voir une France soudée et soli­daire face à la misère et à la souf­france de l’autre. C’est avec les larmes aux yeux et un nouveau regard sur la ques­tion de l’im­mi­gra­tion que je sortis du Salon de Blos­sac. Si l’oc­ca­sion se présente à vous d’al­ler entendre un homme tel que lui, je vous assure que les mots pronon­cés ne vous lais­se­ront pas indif­fé­rents.

Romane Pinot

Une réflexion sur « Une note d’es­poir dans un monde de déses­poir »

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.