Urgence démo­cra­tique et révo­lu­tion­naire.

Le gouver­ne­ment veut la prolon­ga­tion de l’état d’ur­gence. Or, l’état d’ur­gence , c’est l’ar­bi­traire poli­cier sous direc­tion des préfets et sans contrôle de la justice. Dans les mani­fes­ta­tions de protes­ta­tion, on enten­dit le rejet de « l’État poli­cier ».

Plus préci­sé­ment, dans le tract unitaire, asso­cia­tif et syndi­cal, à l’ini­tia­tive de la Ligue des droits de l’homme, on pouvait lire : « Nous refu­sons une société du contrôle géné­ra­lisé, une société qui glisse de la présomp­tion d’in­no­cence au présumé poten­tiel­le­ment coupable. ». L’ac­cu­sa­tion est grave et argu­men­tée ; même la Ministre de la Justice Taubira a fini par l’en­tendre.

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L’état d’ur­gence, ses consé­quences et la riposte démo­cra­tique

Les suppo­sés musul­mans « radi­ca­li­sés », et parfois des écolo­gistes en vue, furent les prin­ci­pales victimes des perqui­si­tions et assi­gna­tions à rési­dence. L’état d’ur­gence permet « aux services de police de perqui­si­tion­ner tout lieu à toute heure du jour et de la nuit, sans l’as­sen­ti­ment de l’oc­cu­pant et sans avoir à justi­fier du moindre élément lais­sant présu­mer la commis­sion d’une infrac­tion ou la viola­tion d’une régle­men­ta­tion ».

L’as­so­cia­tion de soli­da­rité avec les migrant.e.s, le GISTI, met en place un recueil des abus commis par la police sous la direc­tion des préfets.  « Il peut s’agir de récits et témoi­gnages, de déci­sions de justice, de commu­niqués de presse, d’ar­ticles dans la presse régio­nale ou natio­nale, ou plus géné­ra­le­ment de toutes infor­ma­tions sur des pratiques judi­ciaires ou admi­nis­tra­tives concer­nant les étran­gers et les étran­gères liées au contexte d’état d’ur­gence ».

Il existe aussi un Obser­va­toire de la discri­mi­na­tion et de la répres­sion syndi­cales qui a fort à faire.

Nous sommes nombreux à rappe­ler que l’état d’ur­gence et plus géné­ra­le­ment tous les dispo­si­tifs juri­diques desti­nés à le péren­ni­ser, portent intrin­sèque­ment atteinte aux liber­tés et droits fonda­men­taux inhé­rents à l’État de droit. Amnesty inter­na­tio­nal a publié aussi un rapport alar­mant sur la situa­tion des liber­tés en France.

Sans oublier qu’ inscrire le retrait de la natio­na­lité française aux bina­tio­naux condam­nés pour crimes terro­ristes, c’est porter atteinte au prin­cipe même d’éga­lité des citoyens.

Et ce n’est pas nouveau !

Une loi sur le rensei­gne­ment, adop­tée en première lecture en mai 2015 avait déjà instauré une société de surveillance géné­ra­li­sée, auto­ri­sant l’État à espion­ner tout un chacun, n’im­porte qui, n’im­porte quand, n’im­porte où, sans contrôles indé­pen­dants ni auto­ri­sa­tions judi­ciaires. Surveillance par la collecte géné­ra­li­sée et la conser­va­tion durable de données collec­tées sur nos ordi­na­teurs, nos télé­phones, nos tablettes. La Commis­sion natio­nale consul­ta­tive des droits de l’homme affirma que le dispo­si­tif de la loi contient « une viola­tion flagrante de l’ar­ticle 8 » de la Conven­tion euro­péenne des droits de l’homme énonçant le « droit au respect de la vie privée et fami­liale ». Asso­ciée à la loi anti­ter­ro­riste promul­guée en novembre 2014, elle formait déjà un arse­nal juri­dique liber­ti­cide.

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Les liber­tés : une ques­tion poli­tique posée avec urgence

Ce gouver­ne­ment n’en finit pas de nous éton­ner : non seule­ment il a mené dès le début, avec une grande constance, une poli­tique pro-patro­nale , ce dès avant l’ar­ri­vée du chou­chou du MEDEF Macron, mais il s’at­taque aux liber­tés avec une déter­mi­na­tion qui laisse sans voix Sarkozy et fait presque applau­dir Le Pen.

Les révo­lu­tion­naires et écoso­cia­listes se retrouvent avec les juristes et ONG huma­ni­taires pour dénon­cer cette dérive de ce pouvoir.

Car nous pensons que les exploi­tés ont tout à perdre de cette évolu­tion vers un État sans droit, sans contrôle. Une police travaillée par les pulsions FN et soute­nues incon­di­tion­nel­le­ment par son Ministre, sans contrôle judi­ciaire ne peut annon­cer que des lende­mains à l’au­to­ri­ta­risme toujours crois­sant.

Nous sommes inves­tis dans ce combat, véri­table combat contre Hollande, Valls, Sarkozy et Le Pen, car nous croyons à la néces­sité d’ un équi­libre, jamais trouvé est toujours instable,entre les pouvoirs exécu­tifs légis­la­tifs et judi­ciaire.

Un tel équi­libre sera à repen­ser, mais exis­tera dans la société égali­taire que nous voulons.

Nous ne croyons pas à un avenir harmo­nieux à venir où les contra­dic­tions sociales seraient abolies, mais en une société post-capi­ta­liste qui devra affron­ter d’autres défis, et celui de permettre que la vie reste possible sur cette planète sera un des prin­ci­paux. Rien dans l’his­toire réelle des révo­lu­tions et des États qui furent établis à la suite de révo­lu­tions ne permet de penser que le crime aura disparu. Rien dans l’ex­pé­rience des révo­lu­tions et des groupes révo­lu­tion­naires ne permet de dire que la justice dite révo­lu­tion­naire ne s’en­com­brant pas du droit soit juste.

L État pénal (Armée, justice, police) n’ est pas un pur instru­ment au service du capi­tal,  la police et la justice et ses profes­sion­nels sont traver­sés de contra­dic­tions. Les révo­lu­tion­naires ont toujours été atten­tifs à ces contra­dic­tions.

Que les polices et justices qui s occupent des filières qui mènent vers Daesh aient les moyens pour ce faire est évidem­ment néces­saire. Que les Brigades nanti-crimi­na­lité soient dissoutes est une reven­di­ca­tion toujours actuelle.

Il n est pas indif­fé­rent que la police reçoive une femme agres­sée avec atten­tion et tact ou pas, ques­tion qui fut brûlante et reste objet de vigi­lance alors que la grande majo­rité des victimes de viol ne portent pas plainte. Il n est pas indif­fé­rent de pouvoir pour­suivre en justice les frau­deurs fiscaux ou pas. Etc. Police et justice ne sont pas pures néga­ti­vi­tés.

Elles ne sont pas non plus ces instru­ments neutres d’une Répu­blique qui serait fidèle à ses idéaux, qui l’ignore ? Quel poli­cier a été condamné pour les morts de Amine Bentoussi, Zyed et Bouna, d’Ali Ziri et de tant d’autres ?. L’ acquit­te­ment du poli­cier qui a tué dans le dos Bentoussi en 2012 inter­vint quelques jours après la condam­na­tion de 8 sala­riés d’Amiens pour avoir briè­ve­ment séques­tré leur patron dans le cadre de leur lutte pour la défense de leurs emplois.

Nous nous réjouis­sons du front de lutte inédit qui se construit sur la durée et va s’élar­gis­sant pour nos liber­tés.

Oui, déci­dé­ment, parler de l’ Etat et des liber­tés est aujourd’­hui à ‘ordre du jour. Discu­tons-en.

PB. 10/02/2016

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