Communiqué national d’Ensemble! après la mort d’Adama Traoré à Beaumont sur Oise (Val d’Oise), le 19 juillet.
Une fois encore, un jeune d’un quartier populaire, Adama Traoré, 24 ans est décédé suite à une intervention policière.
Les autorités affirment qu’il aurait fait un simple malaise cardiaque causé par une infection et qu’il n’y aurait pas « de traces de violence significatives » sur le corps.
La famille et les proches contestent cette version affirment qu’Adama Traoré aurait été « tabassé ».
Mais une fois encore, comme à chaque fois qu’il y a un mort lors d’une interpellation policière, les autorités s’empressent avant même que l’enquête ait commencé de dédouaner la police et les médias à l’unisson reprennent leur version.
C’est comme si la parole des proches ne comptait pas. Les autorités ont commencé par refuser à la famille le droit de voir le corps du défunt. Et face à une manifestation pacifique devant la gendarmerie de Persan mercredi soir, les policiers n’ont pas hésité à matraquer et à gazer.
Comment s’étonner après que les jeunes de Persan et de Beaumont sur Oise laissent éclater leur colère ? Ils subissent au quotidien les contrôles au faciès, les provocations policières et cette mort c’est un peu la goutte d’eau qui fait déborder le vase.
Le Parquet de Pontoise a ouvert une enquête sur la mort d’Adama Traoré. Ensemble s’associe à la douleur de ses proches, appelle évidemment à toutes les mobilisations à venir et exige que toute la lumière soit faite sur les circonstances de ce drame.
Le 22 juillet 2016.
Puis, fin juillet, autre article sur le site d’Ensemble:
https://www.ensemble-fdg.org/content/adama-traore-mobilisons-nous-pour-la-verite-et-la-justice.
Adama Traoré : mobilisons-nous pour la Vérité et la Justice !
La mort d’Adama Traoré vient s’ajouter à un longue liste12 : Hocine Bouras, Djamal (mort dans un commissariat à Marseille le 11 juillet), Ali Ziri, Lamine Dieng, Amadou Koumé, Amine Bentounsi, Wissam El Yamni, Mourad Touat, Abdoulaye Camara, Lahoucine AIT Omghar, Nabil Matboul, Youcef Mahdi, Bertrand Nzabonayo,..
Ces morts suite à des opérations policières touchent, ultra-majoritairement, des jeunes non-blancs issus des quartiers populaires. Ils sont le reflet d’un racisme systémique qui se manifeste en particulier par l’action des forces de l’ordre (gendarmerie, police, etc…). Le système judiciaire acquitte les accusés issus de ces institutions même lorsque les dossiers sont accablants3. La plupart des médias reprennent la version officielle qui disculpe l’Etat et salit la mémoire des victimes en les criminalisant. Ainsi, Adama Traoré n’était pas « connu des services de police » mais les médias ont repris l’information selon laquelle il était recherché pour une affaire d’extorsion de fond. L’information s’est révélé fausse par la suite mais le mal était déjà fait.
Ce racisme systémique n’est pas nouveau. Sa genèse c’est l’histoire et le présent (néo-)colonial de la France qui s’est construit sur un racisme dans lequel les non-blancs sont des êtres inférieurs et dont la vie vaut moins. Ce racisme systémique est reproduit par le gouvernement actuel comme par les précédents. Les déclarations racistes et islamophobes de Manuel Vals, de Laurence Rossignol, des dirigeant politiques LR comme FN ou encore la justification des contrôles au faciès par le gouvernement4 en témoignent.
La révolte qu’a provoqué la mort d’Adama Traoré a été importante et radicale. Pendant 5 jours, malgré les moyens policiers considérables5 qui étaient mobilisés, des mobilisations ont eu lieu à Beaumont-sur-Oise et dans les communes voisines. A la prison d’Osny, 80 détenus ont refusé de réintégrer leur cellule après la promenade, brûlés leur drap, le tout en témoignant des messages de solidarité à Adama Traoré et à sa famille6. Dans d’autres quartiers populaires, des mobilisations ont également eu lieu. Des manifestation pour exiger vérité et justice ont eu lieu dans de nombreuses villes.
La question des crimes policiers est centrale pour la gauche radicale qui doit s’en saisir pleinement dans une démarche antiraciste à renforcer.
Le rôle d’Ensemble comme celui de tout la gauche radicale est d’être un allié sans faille des mouvements autonomes antiracistes. De nombreux collectifs de famille ont besoin de notre soutien militant et matériel. Dans le cas d’Adama Traoré, une caisse de solidarité pour venir en aide à la famille (frais de justice, obséque, etc…) a été crée7 et une nouvelle manifestation aura lieu le samedi 30 juillet à 16h, à Paris, qui partira de Gare du Nord8. C’est également notre rôle de nous impliquer, à notre place, aux cotés des collectifs nationaux comme Urgence Notre Police Assassine et Vies Vollées.
Le constat répété de la coupure entre la gauche radicale et celles et ceux qu’elles prétend défendre, et en particulier les victimes de ce racisme systémique, doit désormais déboucher sur une action résolue de notre part à leurs cotés. La liste de ceux qui sont morts aux mains de l’Etat est longue, bien trop longue et nous avons notre rôle à jouer pour que de nouveaux noms ne s’y ajoutent pas.
Yannick Sabau
1http://www.urgence-notre-police-assassine.fr/123663553
3 « Sur un échantillon de 180 personnes décédées au cours d’une opération de police, environ un tiers des affaires sont classées sans suite, une trentaine débouchent sur un non-lieu, et une dizaine sur des relaxes. Soit plus de la moitié des affaires. Près de soixante-dix entraînent des peines avec sursis pour les auteurs des violences. On relève moins de dix condamnations à de la prison ferme [1]. « C’est presque un lieu commun de parler d’impunité », lance Rafik Chekkat, ancien avocat et animateur du site État d’exception. » http://www.bastamag.net/Bavures-policieres-mortelles
5On notera que des armes de guerre ont été utilisé à cette occasion. Ce qui témoigne que le niveau de violence autorisé aux forces de l’ordre quand il s’agit de réprimer la population non-blanche des quartiers populaires est sans commune mesure https://paris-luttes.info/des-armes-de-guerre-contre-les-6486