Violences d’État contre les femmes. Le 8 mars 2019 à Bordeaux

COMMUNIQUE DE PRESSE

Bordeaux, le 10 mars 2019

A l’oc­ca­sion de la jour­née inter­na­tio­nale de lutte pour les droits des femmes, plus de 800 mani­fes­tantes ont repris les rues de Bordeaux, lors d’une mani­fes­ta­tion de nuit non mixte, à l’ap­pel du Collec­tif 8 mars Gironde.

Nombreuses et déter­mi­nées, elles ont occupé le centre-ville de Bordeaux au rythme de la batu­cada, des slogans et des chants fémi­nistes : « Nous sommes fortes, nous sommes fières », « Soli­da­rité avec les femmes du monde entier », « Ras le viol » étaient des slogans qui reve­naient régu­liè­re­ment pour dénon­cer les violences sexistes et sexuelles et les fémi­ni­cides. 

Mais la mani­fes­ta­tion paci­fique a dû faire face à une répres­sion poli­cière déme­su­rée.

Sur le cours Victor Hugo, à 21h45, alors que le cortège mani­fes­tait depuis 1h30 de manière paci­fique, un camion de police est arrivé à l’ar­rière du cortège et trois poli­ciers ont extrait de manière musclée l’une des mani­fes­tantes à la stupé­fac­tion géné­rale. La police a alors lancé une grenade de désen­cer­cle­ment avant de faire usage de bombes à poivre et de lacry­mo­gène pour repous­ser les mani­fes­tantes. Des personnes autour ont perdu leur capa­cité d’au­di­tion pendant plusieurs heures. Une mani­fes­tante est sévè­re­ment bles­sée aux pieds par la grenade de désen­cer­cle­ment. 

Les poli­ciers, indif­fé­rents aux consé­quences de l’usage de cette arme, ont alors pointé longue­ment leurs lanceurs de balle de défense (LBD) sur les mani­fes­tantes, déjà en état de choc.

Après le départ de la police, la mili­tante bles­sée a été prise en charge par les pompiers qui l’ont trans­fé­rée à l’hô­pi­tal, d’où elle est sortie à 1h du matin.

Vers 22h15, place du Parle­ment, il est décidé de conti­nuer jusqu’à l’hô­tel de Police pour protes­ter et deman­der la libé­ra­tion de la jeune femme inter­pel­lée. A l’ar­ri­vée à 23h30 à l’hô­tel de Police, suite à nos protes­ta­tions, la mani­fes­tante arrê­tée est relâ­chée mais sera audi­tion­née lundi 11 mars prochain. 

A minuit, alors que le cortège se dirige vers le parvis des « droits des femmes » pour la fin de la mani­fes­ta­tion, une dizaine de poli­ciers casqués avec bouclier et plusieurs chiens agres­sifs leur bloquent le passage et les forcent ainsi à conti­nuer à marcher vers la place de la Répu­blique où a lieu fina­le­ment la disper­sion de la mani­fes­ta­tion.

Un peu plus tard, trois personnes quit­tant la mani­fes­ta­tion sont inter­pel­lées et arrê­tées sans raison devant le Musée d’Aqui­taine alors qu’elles marchaient tranquille­ment sur le trot­toir.

A ce moment-là, le dispo­si­tif poli­cier est dispro­por­tionné. On compte au moins trois voitures bana­li­sées, une voiture de police et huit poli­ciers cagou­lés, habillés en civil, armés de LBD et de chiens qu’ils excitent volon­tai­re­ment et envoient au contact des femmes à plusieurs reprises. Les arres­ta­tions sont très violentes. Les trois personnes inter­pel­lées sont placées en garde-à-vue et relâ­chées seule­ment le lende­main à 19h.

Ces inter­ven­tions ont-elles eu lieu sur ordre du Préfet en ce jour de lutte inter­na­tio­nale pour les droits des femmes ?

Le symbole est fort : des femmes se retrouvent en danger dans la rue, du fait des violences poli­cières, parce qu’elles ont osé mani­fes­ter pour le droit à occu­per la rue de nuit, à ne plus être agres­sées, harce­lées, violées…

Alors que le gouver­ne­ment met en avant la lutte contre les violences faites aux femmes (cf. grand débat à Pessac avec M. Macron et Mme Schiappa le 28 février), c’est aux violences poli­cières que les Borde­laises ont été confron­tées en ce 8 mars 2019.

Nous exigeons l’aban­don de pour­suites injus­ti­fiées contre les femmes inter­pel­lées.
Nous exigeons que les respon­sables de ces violences insti­tu­tion­nelles soient dénon­cés et jugés.

Nous affir­mons notre soli­da­rité envers l’en­semble des victimes de la répres­sion poli­cière et de la violence d’État.

Nous appe­lons les jour­na­listes à relayer ces témoi­gnages afin de mettre en évidence le déca­lage entre cette mobi­li­sa­tion paci­fique des femmes et la répres­sion violente dont elle a fait l’objet.

Nous ne cède­rons pas à ces inti­mi­da­tions.

Nous ne nous tairons pas et conti­nue­rons les luttes pour les droits des femmes et contre toutes les violences sexistes.

Le Collec­tif 8 mars Gironde


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