Charlie-Hebdo fut un ami pour le lycéen des années 70 que je fus, un ami précieux qui m’a aidé à penser, à rire, à vouloir comprendre le monde. Puis je n’ai plus lu ce journal ou peu; puis le titre disparut; puis il réapparut, et je l’ai encore peu lu; leur combat « contre toutes les religions » me semblait d’un autre temps.
L’assassinat de Wolinsky et Cabu, c’est un arrachement de souvenirs de cette période de l’après 68. A leur manière, ils furent fidèles à cette époque où tout paraissait possible; comme d’autres, c’est d’une autre façon que je l’étais.
Tignous et d’autres dessinateurs tués furent des dessinateurs antifascistes d’une causticité et d’une inventivité admirables.
Charb était présent lors de la cérémonie en l’hommage de notre camarade Daniel Bensaïd; il avait illustré un de ses livres, un livre sur Marx.
C’est la rédaction d’un journal qui a été massacrée. Ce sont des amis et anciens amis qui sont morts.
Le FN et la droite de la droite ont déjà relancé leur campagne islamophobe. Le texte de Julien Salingue ci-dessous répond à cette accusation. Charb et les assassinés de Charlie-Hebdo ont toujours été des adversaires résolus des fascistes. De ces fascistes qui ont tué Clément Méric.
Rémi Fraisse a été tué récemment à Sivens. L’État tue aussi. Lors d’un deuil le souvenir des morts récentes est avivé.
D’autres pleurent pour des raisons différentes de nous les assassinés de Charlie-Hebdo, tout aussi sincèrement. Les initiatives en leur mémoire desquelles nous sommes le disent.
Demain, nous rirons encore et moquerons nos ennemis. Nous tenterons d’être courageux, nous aussi.
Pascal Boissel
Voici un billet, magnifique, paru hier, quelques heures après le massacre: