Il y avait une soixantaine de personnes à cette soirée du 10 février 2017 appelée unitairement (mais sans le Parti de Gauche)
À l’appel de citoyens syriens de Poitiers dont l’ « association pour la paix en Syrie » qui a de multiples initiatives en cours, et d’organisations politiques françaises: Ensemble!, EELV, MJCF, NPA, PCF.
L’arc politique ainsi réuni était une première satisfaction. Le nombre de participant.e.s et leur diversité, en cette froide soirée, un vendredi, furent des surprises heureuses. Malgré l’indifférence des médias après l’horreur documentée de la chute d’Alep-est, malgré la propagande des amis d’Assad en France menée par Fillon et Le Pen. Malgré les positions, inacceptables sur ce point, de Mélenchon (qui dit des choses justes sur la plupart des autres sujets).
L’orateur, Zaïd Alkintar, est un militant franco-syrien, vivant à Paris, militant de diverses associations dont « Pour une Syrie libre et démocratique » et « Avec la révolution syrienne ». Son exposé porta sur l’histoire de la Syrie depuis 1918. Puis sur la Syrie depuis 2011 et les manifestations démocratiques sauvagement réprimées.
La responsabilité historique et présente des impérialismes français et anglais (qui n’ont jamais fait la moindre repentance) fut précisée, ce qui est souvent un angle mort des analyses des géopoliticiens. Les périodes où la Syrie fut une démocratie existèrent, mais elles furent courtes au point de rendre difficile le développement d’une société civile pluraliste. Cette démocratie fut laïque, les forces communistes y avaient droit de cité.
Le régime que notre tract qualifiait de maffieux fut le règne d’un clan qui s’accapara les richesses du pays et réagit depuis toujours par la répression la plus terrifiante à toute opposition politique.
L’orateur déconstruisit avec vigueur et précision le mythe d’un régime laïc, antisioniste et anti-impérialiste.
L’enjeu était de dire les responsabilités dans cette guerre civile, de participer à la solidarité avec le peuple syrien auquel le régime d’Al Assad mène une guerre terroriste de longue durée. Rappeler que l’essentiel des morts en Syrie est le fait du régime et de ses alliés -dont il est en fait l’obligé -, la Russie, l’Iran, le Hezbollah et autres forces inféodées et payées par le régime iranien actuel, celui des mollahs. Mollahs qui ne sont pas les promoteurs d’une vision du monde laïque comme l’oublient les cyniques qui en se disant de gauche soutiennent le régime d’Assad.
Notre invité rappela que les USA et les « occidentaux » se sont refusés à aider l’opposition démocratique, la laissant sans armes et sans défense, pendant que les pétromonarchies armaient les groupes djihadistes et intégristes, que régime d’Assad libérait des cadres djihadistes de ses geôles et que ceux ci purent développer Daesh et autres groupes totalitaires.
La contre-révolution et ses multiples visages, dont le principal est celui d’ Assad, put se déchaîner ainsi victorieusement.
Nous ne pouvons pas retranscrire toute la richesse de l’exposé et des débats. Il nous apparaît que notre tract unitaire était juste quoiqu’ incomplet bien sûr.
Ensemble!86 est fière d’avoir été à l’initiative de cette réunion-débat réussie qui fut décidée à la suite de la récente manifestation de soutien au peuple syrien organisée par Amnesty international à Poitiers.
Yvon fut le maître d’œuvre de l’organisation de cette soirée avec Zaïd,, qu’il en soit remercié.
Nous retrouvons les chemins escarpés d’une solidarité internationaliste. Car nous ne faisons pas partie de ces « cœurs secs » dont le grand journaliste Dominique Vidal parlait dans un récent billet de blog. Nous nous aventurons sur ces chemins au risque de la colère et des larmes.
Pascal Boissel, 11–02–2017