Lectrice de notre site, militante des Amis de la terre, voici sa contribution que nous transmettons volontiers. D’autres contributions locales sont attendues.
le 27–4–2017
Une voie libertaire. 2.
Ensemble, après la secousse des élections, décide de réfléchir sur les fondamentaux.
Tout peut être examiné mais le clivage Gauche Droite semble hors discussion. Certains s’y agrippent comme à la dernière épave flottant après le naufrage, il faut sauver cette dernière chance de ne pas sombrer dans la désagrégation… Or cette métaphore est lourde de malentendus et, selon moi, on peut trouver mieux.
<> Comparaison n’est pas raison
Les métaphores : sont, étymologiquement, les moyens de transport de la pensée
(phore = ce qui porte, méta = plus loin ). Elles nous transportent d’un objet à l’autre, tout en nous permettant d’être attentif au paysage. Qu’on en soit conscient ou pas, les mots SONT des métaphores, oubliées ou encore lisibles. Je ne sais pas penser sans images mais c’est comme le bus, il faut descendre à temps, ne pas rater la correspondance, corriger une image par une autre, voire abandonner une comparaison pour rester fidèle au sujet.
Ainsi le clivage Gauche/Droite. Il a démarré par la valorisation de la droite : puisque en majorité des humains sont droitiers, être « droit » et « adroit », c’était avoir l’approbation du Père qui plaçait les élus à sa droite.
Après 1789, basculement. Par « Insoumission » au Père, au Roi, on s’est mis à valoriser la gauche, le côté où les députés du Tiers État siégeaient dans l’hémicycle à la gauche du roi, du côté des mal aimés du pouvoir. Et on a valorisé le fait que le cœur était légèrement à gauche. ..
Mais l’image découle d’un jugement faux au départ : non, le côté droit n’est PAS plus respectable que le côté gauche et pour corriger une erreur de jugement, il ne suffit pas de rendre un jugement inverse. Filer l’image débouche sur des aberrations : pour « tourner à gauche » il faut faire avancer la droite… et reculer la gauche.
<> Dénoncer l’exploitation
Cette métaphore installe une fausse symétrie dans la description des phénomènes sociaux. Elle s’attache aux effets – l’organisme social est boiteux -, mais pas aux causes – un seul côté est alimenté. C’est le système de répartition des ressources et du travail qui est inique. Il faut combattre sans relâche l’envie de dominer, d’avoir plus que son voisin, ce que les anciens Grecs – et Marx lui-même – appelaient Hubris. Pas pour faire « gagner » un camp contre l’autre mais pour que tous prennent conscience du nécessaire respect des biens communs à se répartir équitablement.
Appeler « droite » le camp des exploiteurs c’est leur faire un cadeau inespéré et immérité. Cette erreur d’analyse en fait nous désarme. J’ai besoin de mon côté droit mais je n’ai pas besoin des exploiteurs ni de leur pouvoir malfaisant. Donnons-leur les noms qui leur reviennent : tordus, escrocs, drogués d’Hubris.
Dénonçons sans relâche l’autoritarisme qui les inspire, et qui parfois nous guette aussi, ne serait-ce que par un attachement trop poussé à l’organisation de notre « clan » (germe du bureaucratisme).
<> Dénoncer le jeu électoral
Avouez-le, le clivage Gauche/Droite vous plaît parce qu’il évoque le sport, la compétition : vous avez fourbi vos armes et vous rêvez d’en découdre. Quoi de plus excitant que l’attente de résultat concernant notre mise ? ?
Mais non, l’action politique en profondeur n’est pas une partie de rugby ni un pari.. D’ailleurs je me retrouve d’accord plus loin avec l’auteur de l’article, Francis Sitel, quand il distingue le mouvement d’opinion FI, indéniable, de la machine de guerre dirigée par JLM, plus critiquable.
La vraie force de FI c’est la dénonciation du jeu électoral mais, justement, ce jeu impose ses règles perverses qui encouragent les aspects autoritaires des personnalités. JLM et Cie doivent garder à l’esprit que ceux qui ont voté pour eux l’ont fait à cause de la critique qu’ils faisaient du système et à cause de la promesse de changer de logique.
Camarade, la prochaine fois qu’un macroniste viendra agiter sous ton nez « G/D n’existe plus », à la place de ton credo habituel, réponds-lui : « ah oui, cette distinction remonte au temps révolu où la politique se jouait dans l’hémicycle. Nous voulions y aller pour changer un système de décision discrédité et inique mais vous, vous avez manœuvré pour le pérenniser. Vous êtes devenus, à bon compte et à l’esbroufe, majoritaires à l’assemblée mais la vraie politique se joue maintenant dans le pays. On n’y parle plus de G/D mais d’égalité des droits, de dignité et de partage des ressources. Dans le pays, non seulement nous sommes majoritaires mais nous défendons l’intérêt de tous, le bien Commun. »
<> Nous sommes la France Insoumise
On peut à juste titre croire dans les réserves d’insoumission de ce pays car bon nombre d’abstentions et bulletins nuls relèvent du refus du système.
Nous, insoumis à tout pouvoir usurpé, nous nous soumettons à la nature des phénomènes. Par notre libre examen, nous avons contribué en profondeur, à partir de situations concrètes, à créer le grand mouvement du refus de l’arrogance des dominants, soutenus par une armée d’experts complices. Nous sommes légitimes pour peser sur l’orientation de ce mouvement. Notre engagement local, type « Osons »participe à cette profonde vague, indépendante des bureaucraties de partis.
Nous participons donc au mouvement France Insoumise mais il n’est pas question en retour de nous soumettre on ne sait quelle consigne venue d’en haut. Se coordonner, oui, se soumettre, non : ce serait renier le nom que nous venons de nous donner !
Françoise Chanial, AT-Poitou,
Françoise,
« Faut-il parler de gauche quand tant d’êtres humains sont droitiers et utilisent à bon escient leur main gauche? » Je ne suis toujours pas raccord avec cette façon de poser la question, qui est une question politique.
Il existe une droite et une extrême-droite, une gauche et une extrême-gauche, depuis la Révolution française; ça sert à situer des oppositions et antagonismes, à un moment donné d’une société donnée. La question n’est pas de hiérarchiser les positions ainsi définies, il est de dire des oppositions, d’en déduire des lignes de clivages qui peuvent aider à mieux décrire la société. Pour la changer.
L’opposition gauche droite est une façon déformée de dire les différences de classe sociale qui parcourent la société. On trouvera peut-être un jour une autre façon d’en parler. actuellement ce n’est pas le cas.
Sinon, nous avons beaucoup d’accords.
Cette fine et trop rare mise en perspective, n’a d’attente que d’être mise sur le métier.