Migrants : Décla­ra­tion commune Melen­chon, Igle­sias,Martins, Soder­gaard

CONTRE MACRON ET SALVINI, UNE EUROPE DES PERSONNES
NOTRE POINT DE VUE SUR LES MIGRATIONS

Pablo Igle­sias, Secré­taire géné­ral de Pode­mos
Cata­rina Martins, Coor­di­na­trice du Bloco Popu­lar
Jean-Luc Mélen­chon, Président du groupe parle­men­taire France Insou­mise
Soren Soder­gaard, Député de Enhed­slis­ten – Alliance Rouge et Verte

Le 17 octobre, à l’oc­ca­sion du Conseil Euro­péen, les signa­taires de Main­te­nant le Peuple ont publié une décla­ra­tion commune, notam­ment sur les ques­tions de migra­tions :

Cette semaine, le Conseil Euro­péen se tien­dra à Bruxelles. Il s’agira du premier depuis que le gouver­ne­ment autri­chien, dirigé par Sebas­tian Kurz, en assume la Prési­dence. L’axe de la poli­tique euro­péenne est en train de se dépla­cer vers l’ex­trême-droite, avec la forma­tion du gouver­ne­ment italien de la Ligue et du Mouve­ment 5 étoiles et le tour­nant auto­ri­taire de pays comme la Hongrie et la Pologne, qui ont tourné le dos, parmi tant d’autres choses, au droit inter­na­tio­nal sur les ques­tions d’asile.

Dans ce contexte actuel de pola­ri­sa­tion, les posi­tions de Macron et de Salvini sont bien plus complé­men­taires qu’op­po­sées. Ce sont l’ab­sence de soli­da­rité euro­péenne et les poli­tiques d’aus­té­rité qui ont alimenté la xéno­pho­bie en Europe durant ces dernières décen­nies et qui permettent main­te­nant à Salvini d’agir contre les migrants en Italie. La prési­dence de S. Kurz marque un saut quali­ta­tif des tendances réac­tion­naires dans l’es­pace poli­tique euro­péen, en alimen­tant le mantra du manque de ressources, pour alimen­ter la concur­rence entre les oppri­més. Ce mantra, créé et alimenté par le néo-libé­ra­lisme, unifie les forces réac­tion­naires, depuis l’ex­trême-centre de Macron jusqu’à l’ex­trême droite de Salvini.

En tant que forces progres­sistes émer­gentes, nous nous oppo­sons aux solu­tions d’une Union Euro­péenne qui souffre d’une grave absence de soli­da­rité et de respect des droits humains. Les solu­tions propo­sées ces derniers mois pour distri­buer entre quelques pays les personnes sauvées en Médi­ter­ra­née ne sont pas suffi­santes si elles ne se basent pas sur une poli­tique d’ac­cueil réelle et durable.

A la lumière de ces éléments, nous voulons dire haut et clair que nous nous oppo­sons à la poli­tique de gestion des fron­tières de l’UE, mise en œuvre par Fron­tex, qui condamne à mort des milliers de personnes en Médi­ter­ra­née et qui permet la crois­sance de voix auto­ri­taires, comme celle de Salvini. Nous nous oppo­sons ferme­ment à la poli­tique de Forte­resse Euro­péenne, basée sur l’ex­ter­na­li­sa­tion des fron­tières, qui viole la souve­rai­neté de pays tiers, rendant ainsi l’UE respon­sable des viols et des tortures qui frappent les deman­deurs d’asile en Lybie et dans toute l’Afrique et qui ouvrent la route aux mafias. Ce mépris pour les droits humains et pour les normes et prin­cipes qui régissent le droit d’asile consti­tuent égale­ment une sérieuse menace pour la citoyen­neté euro­péenne.

En outre, l’UE a d’énormes respon­sa­bi­li­tés dans les origines de ces migra­tions, à cause des expor­ta­tions d’armes, du pillage des ressources natu­relles, des poli­tiques de spolia­tion des richesses par les multi­na­tio­nales, ou des accords de libre-échange, qui ouvrent la voie à la corrup­tion. Du reste, en concen­trant le débat sur l’im­mi­gra­tion, Macron et Salvini tentent de cacher les problèmes réels qui affectent les popu­la­tions euro­péennes.

A l’in­té­rieur même de l’UE, nous refu­sons la fata­lité de l’exil forcé pour des centaines de milliers de jeunes euro­péens (issus prin­ci­pa­le­ment des pays du Sud), qui se voient contraints d’aban­don­ner leurs pays dévas­tés par le chômage causé par les poli­tiques d’aus­té­rité. De même, nous ne pouvons nous rési­gner à l’im­puis­sance face à l’ac­crois­se­ment des tensions inter­na­tio­nales et à la multi­pli­ca­tion des conflits armés qui poussent à des migra­tions forcées. Nous ne pouvons pas non plus aban­don­ner la lutte pour une profonde trans­for­ma­tion écolo­gique du système produc­tif et éner­gé­tique : des terri­toires entiers de notre planète sont en train de deve­nir inha­bi­tables. Il ne d’agit pas d’une évolu­tion natu­relle, mais bien de résul­tat du réchauf­fe­ment global généré par notre modèle actuel de produc­tion et de consom­ma­tion.

Nous défen­dons une poli­tique d’ac­cueil et de défense des droits fonda­men­taux pour une UE qui ne fuie pas devant ses respon­sa­bi­li­tés. Comme nous l’avons déjà déclaré au mois de juin, l’Eu­rope n’a jamais été aussi pros­père et, en même temps, aussi inéga­li­taire. L’ap­pli­ca­tion des poli­tiques austé­ri­taires n’a résolu aucun des problèmes struc­tu­rels qui ont conduit à la crise. Nous devons aban­don­ner la poli­tique de sauve­tage des banques qui trans­fère les coûts sur les peuples.

La réunion du Conseil de cette semaine sera la mise en scène de la manière dont l’ex­trême-droite tente de s’ap­pro­prier le futur de l’Eu­rope. Macron et ses amis libé­raux fein­dront de s’y oppo­ser pendant qu’ils conti­nue­ront à orga­ni­ser l’ex­ter­na­li­sa­tion des fron­tières et l’ac­crois­se­ment des expul­sions. Notre solu­tion doit avoir pour base les droits sociaux et les droits des trra­vailleurs-euses, ainsi que la défense de nos insti­tu­tions démo­cra­tiques et des prin­cipes fémi­nistes, LGBTI et anti-racistes. Nous défen­dons une poli­tique d’ac­cueil sincère, digne et décente, coor­don­née entre tous les pays euro­péens, ainsi qu’une poli­tique de coopé­ra­tion inter­na­tio­nale au lieu des accords actuels de libre-échange. Si on nous rétorque que cela ne se peut, que cette alter­na­tive n’est pas possible au sein des insti­tu­tions et des trai­tés euro­péens, nous répon­drons que la réac­tion face aux injus­tices, que la volonté démo­cra­tique et orga­ni­sée de la popu­la­tion a toujours été le moteur qui fait chan­ger les choses. Cons­truire une alliance inter­na­tio­nale qui met la soli­da­rité et les droits sociaux au centre de la poli­tique et par-dessus tout le reste, telle est notre prio­rité.

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