Bertrand Geay, sociologue, et Christiane Queyreix, bénévole au sein d’associations de défense de la justice sociale et écologique, ont lancé cet appel.
Les résultats des élections municipales à Poitiers marquent un changement de période. Une profonde aspiration au renouvellement démocratique s’est exprimée ici ce 15 mars en même temps que les luttes pour la transformation écologique et pour la justice sociale ont trouvé un prolongement dans le champ électoral. Chacune à leur manière, les listes « Poitiers collectif », « Osons Poitiers » et « Poitiers anticapitaliste » ont su animer la campagne électorale de propositions audacieuses, raisonnées, offensives. Face à un pouvoir muré dans ses certitudes technocratiques, les conditions sont créées pour faire de notre ville un haut lieu du développement des circuits courts, de l’accueil, de la solidarité et de nouvelles pratiques de participation citoyenne.
A l’heure où est écrit ce texte, nous ne savons pas si le second tour des élections sera maintenu. Nous restons attentifs à la situation sanitaire du pays, sans panique ni repli individualiste ou nationaliste. Chaque geste que nous faisons pour nous protéger, chaque moment de vie sociale auquel nous renonçons sont aussi des actes concrets pour limiter l’épidémie et protéger les autres. Nous sommes également solidaires des personnels des services de santé et de tous les services publics, des travailleurs contraints de se rendre dans des lieux de travail collectifs ou exposés au chômage. Nos luttes contre les politiques néolibérales trouvent dans ce moment particulier une justification supplémentaire, même si elles passent momentanément au second plan. La passion humaniste qui les anime trouve à s’exprimer dans les gestes d’attention et de soins mutuels requis par la situation.
Mais que le second tour des élections soit maintenu ou reprogrammé, il nous appartient de faire fructifier les espoirs suscités par le premier. Si un premier rassemblement s’est opéré autour des trois listes écologistes et antilibérales, il s’agit désormais de transformer l’essai. La fusion des listes doit s’imposer avec le même élan que celui qui nous a conduit à lutter ensemble contre les grands projets inutiles, pour le système de retraites ou pour les droits des femmes. Un accord rapide et discuté au grand jour peut être le point de départ d’une large dynamique de rassemblement populaire. C’est la condition d’une victoire historique, à portée de main.