Tribune unitaire : « bafouer le droit de mani­fes­ter et les liber­tés syndi­cales : une constante gravis­sime du gouver­ne­ment »

Par Sophie Binet, secré­taire géné­rale de la CGT, Laurence Maran­dola, porte-parole de la Confé­dé­ra­tion paysanne, Benoit Teste, secré­taire géné­ral de la FSU et Simon Duteil et Muriel Guil­bert, codé­lé­gué-es géné­raux de l’Union syndi­cale Soli­daires

Alors que l’en­semble des respon­sables natio­naux prin­ci­paux de la CGT, de Soli­daires, de la FSU et de la Confé­dé­ra­tion paysanne seront réunis à Niort le 8 septembre 2023 pour un procès ciblant des respon­sables syndi­caux, pour le motif d’or­ga­ni­sa­tion de mani­fes­ta­tion inter­dite, il est urgent de rappe­ler collec­ti­ve­ment notre atta­che­ment aux liber­tés syndi­cales, au droit d’ex­pres­sion et de mani­fes­ta­tion en France. Ce rassem­ble­ment contre la répres­sion mili­tante et pour la défense de l’eau est un moment histo­rique.

Le rôle des syndi­cats est constam­ment méprisé par ce gouver­ne­ment qui vise à décons­truire tous nos acquis sociaux et à affai­blir la défense collec­tive des travailleuses et travailleurs de ce pays. Le passage en force anti­dé­mo­cra­tique de la réforme des retraites en a été un énième exemple paroxys­tique. La répres­sion poli­cière sur les cortèges de mani­fes­tant·es à Sainte-Soline ou dans les quar­tiers popu­laires est aujourd’­hui l’unique réponse de ce gouver­ne­ment à la crise sociale et écolo­gique actuelle.

Une dérive auto­ri­taire
Quand la contes­ta­tion se fait entendre avec force et déter­mi­na­tion, elle est répri­mée par la voie poli­cière et juri­dique au nom de « l’ordre répu­bli­cain ». Quand les réponses à l’ex­pres­sion popu­laire se résument à inter­dire par arrê­tés préfec­to­raux les mani­fes­ta­tions, les « casse­ro­lades », gouver­ner par 49.3, faire enle­ver des bande­roles reven­di­ca­tives des balcons de parti­cu­liers ou des vitrines de librai­ries, dissoudre admi­nis­tra­ti­ve­ment le mouve­ment écolo­giste « les Soulè­ve­ments de la Terre »… il faudrait donc se taire sage­ment alors que tous les moyens d’ex­pres­sion paci­fique et espaces de dialogue démo­cra­tique sont, un à un, bafoués.

Le gouver­ne­ment est sourd et aveugle à des reven­di­ca­tions légi­times et popu­laires. Il préfère crimi­na­li­ser ses oppo­sants et les diabo­li­ser en les trai­tant d’« écoter­ro­ristes » . Les décla­ra­tions de la Ligue des droits de l’homme, d’Am­nesty inter­na­tio­nal ou des experts de l’ONU convergent vers ce constat plus qu’a­lar­mant : la dérive auto­ri­taire du gouver­ne­ment piétine nos liber­tés fonda­men­tales.

Nos syndi­cats sont en première ligne de la répres­sion car leur parole légi­time fait peur aux déci­deurs poli­tiques qui manquent cruel­le­ment de courage face à l’ur­gence sociale et clima­tique.

En cela, le procès des défen­seurs de l’eau du 8 septembre à Niort est emblé­ma­tique et histo­rique. Ce qui s’y joue, c’est la gestion démo­cra­tique et trans­pa­rente d’un commun, l’eau, face à l’ac­ca­pa­re­ment de quelques-uns. C’est un appel à une société qui met au cœur de son fonc­tion­ne­ment le partage équi­table des richesses. Dans le contexte du dérè­gle­ment clima­tique, au lieu de les répri­mer, le gouver­ne­ment doit écou­ter les syndi­ca­listes et lanceurs d’alerte, lucides face à la néces­sité d’agir, qui appellent à un chan­ge­ment de modèle social, écono­mique et agri­cole.

7 septembre 2023
Tribune parue dans Libé­ra­tion : https://www.libe­ra­tion.fr/idees-et-debats/tribunes/bafouer-le-droit-de-mani­fes­ter-et-les-libertes-syndi­cales-une-constante-gravis­sime-du-gouver­ne­ment-
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