« Israël se perd dans le carnage de Gaza »
En rejetant, le 8 décembre, l’appel à un « cessez-le-feu humanitaire immédiat », les Etats-Unis ont fait en sorte que le châtiment infligé par Israël envers une population tout entière se prolonge.
Depuis plus de deux mois désormais, ce qui est devenu une macabre routine est en marche à Gaza. Les morts s’ajoutent aux morts, les blessés aux blessés et les destructions aux destructions sans qu’on puisse en voir le terme. En opposant leur veto, le 8 décembre, à un projet de résolution du Conseil de sécurité de l’ONU en faveur d’un « cessez-le-feu humanitaire immédiat », les Etats-Unis, isolés, ont fait en sorte que le châtiment infligé par Israël envers une population tout entière se prolonge. Leur humanité attendra.
Après les massacres perpétrés par le Hamas contre des civils israéliens, le 7 octobre, le ministre de la défense, Yoav Gallant, avait estimé que l’Etat hébreu se trouvait face à des « animaux humains » et qu’il allait « agir en conséquence ». Nous y sommes plus que jamais. Le droit à se défendre est devenu celui de tout détruire.
Le bilan de la stratégie visant à éradiquer la milice islamiste à n’importe quel prix est sous les yeux de qui veut bien le voir : la mort partout, des hôpitaux à l’agonie, le dénuement et l’errance de centaines de milliers de Palestiniens poussés comme du bétail par les injonctions israéliennes d’une partie de Gaza vers une autre, puis vers une troisième. Les cris d’alarme des responsables des agences des Nations unies sur place, qui déploient, en dépit du mépris israélien, des efforts admirables pour éviter que le chaos s’ajoute à la désolation, résonnent dans le vide.
Cette stratégie a une autre conséquence dramatique : officiellement présentées comme une priorité, les libérations d’otages capturés par le Hamas le 7 octobre ont cessé dès la fin de la trêve négociée par l’entremise du Qatar, le 1er décembre. Les tonnes de bombes à nouveau déversées à une cadence effarante sur une étroite bande de terre qui en est à sa cinquième guerre en moins de quinze ans ne donnent aucune raison d’espérer.
Ce carnage sans précédent est d’autant moins justifiable que les résultats obtenus jusqu’à présent sont encore bien loin de l’objectif affiché, surtout s’agissant d’une milice régulièrement décimée sans que l’armée israélienne ne soit pour autant jamais parvenue à la réduire durablement au silence. (…)Les tonnes de bombes à nouveau déversées à une cadence effarante sur une étroite bande de terre qui en est à sa cinquième guerre en moins de quinze ans ne donnent aucune raison d’espérer. (…)