Édito­rial du Monde du 3 décembre. Extraits. « Un carnage sans précé­dent »

https://www.lemonde.fr/idees/article/2023/12/09/israel-se-perd-dans-le-carnage-de-gaza_6204843_3232.html

« Israël se perd dans le carnage de Gaza »

En reje­tant, le 8 décembre, l’ap­pel à un « cessez-le-feu huma­ni­taire immé­diat », les Etats-Unis ont fait en sorte que le châti­ment infligé par Israël envers une popu­la­tion tout entière se prolonge.

Depuis plus de deux mois désor­mais, ce qui est devenu une macabre routine est en marche à Gaza. Les morts s’ajoutent aux morts, les bles­sés aux bles­sés et les destruc­tions aux destruc­tions sans qu’on puisse en voir le terme. En oppo­sant leur veto, le 8 décembre, à un projet de réso­lu­tion du Conseil de sécu­rité de l’ONU en faveur d’un « cessez-le-feu huma­ni­taire immé­diat », les Etats-Unis, isolés, ont fait en sorte que le châti­ment infligé par Israël envers une popu­la­tion tout entière se prolonge. Leur huma­nité atten­dra.

Après les massacres perpé­trés par le Hamas contre des civils israé­liens, le 7 octobre, le ministre de la défense, Yoav Gallant, avait estimé que l’Etat hébreu se trou­vait face à des « animaux humains » et qu’il allait « agir en consé­quence ». Nous y sommes plus que jamais. Le droit à se défendre est devenu celui de tout détruire.

Le bilan de la stra­té­gie visant à éradiquer la milice isla­miste à n’im­porte quel prix est sous les yeux de qui veut bien le voir : la mort partout, des hôpi­taux à l’ago­nie, le dénue­ment et l’er­rance de centaines de milliers de Pales­ti­niens pous­sés comme du bétail par les injonc­tions israé­liennes d’une partie de Gaza vers une autre, puis vers une troi­sième. Les cris d’alarme des respon­sables des agences des Nations unies sur place, qui déploient, en dépit du mépris israé­lien, des efforts admi­rables pour éviter que le chaos s’ajoute à la déso­la­tion, résonnent dans le vide.

Cette stra­té­gie a une autre consé­quence drama­tique : offi­ciel­le­ment présen­tées comme une prio­rité, les libé­ra­tions d’otages captu­rés par le Hamas le 7 octobre ont cessé dès la fin de la trêve négo­ciée par l’en­tre­mise du Qatar, le 1er décembre. Les tonnes de bombes à nouveau déver­sées à une cadence effa­rante sur une étroite bande de terre qui en est à sa cinquième guerre en moins de quinze ans ne donnent aucune raison d’es­pé­rer.

Ce carnage sans précé­dent est d’au­tant moins justi­fiable que les résul­tats obte­nus jusqu’à présent sont encore bien loin de l’objec­tif affi­ché, surtout s’agis­sant d’une milice régu­liè­re­ment déci­mée sans que l’ar­mée israé­lienne ne soit pour autant jamais parve­nue à la réduire dura­ble­ment au silence. (…)Les tonnes de bombes à nouveau déver­sées à une cadence effa­rante sur une étroite bande de terre qui en est à sa cinquième guerre en moins de quinze ans ne donnent aucune raison d’es­pé­rer. (…)

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