5 décembre 2025

Amnesty. Congo. Crimes de guerre.

RDC. Dans l’est du pays, des factions belli­gé­rantes commettent des atro­ci­tés, notam­ment des viols collec­tifs, des exécu­tions sommaires et des enlè­ve­ments

Dans l’est de la Répu­blique démo­cra­tique du Congo (RDC), le Mouve­ment du 23 mars (M23), soutenu par le Rwanda, et les Waza­lendo, une coali­tion flot­tante de groupes armés béné­fi­ciant de l’ap­pui de l’ar­mée congo­laise, ont infligé des viols collec­tifs à des femmes et fait subir à des civil·e·s des atteintes aux droits humains géné­ra­li­sées qui bafouent le droit inter­na­tio­nal huma­ni­taire et pour­raient s’ap­pa­ren­ter à des crimes de guerre, a déclaré Amnesty Inter­na­tio­nal dans un nouveau rapport.

The bruta­lity of the warring parties knows no bounds; these atro­ci­ties are inten­ded to punish, inti­mi­date and humi­liate civi­lians, as each side attempts to assert control. – Amnesty Inter­na­tio­nal’s Regio­nal Direc­tor for East and Southern Africa
[La bruta­lité des belli­gé­rants est sans limite; ces atro­ci­tés visent à punir, inti­mi­der et humi­lier les civils, chaque camp cher­chant à affir­mer son contrôle]

Ce rapport, inti­tulé RDC. « Ils nous ont dit qu’on allait mourir » – Les exac­tions du M23 et des Waza­lendo dans l’est de la RDC, montre que des combat­tants du M23 se sont livrés à des exécu­tions sommaires de civil·e·s congo­lais, ont attaqué des hôpi­taux et enlevé des patient·e·s, et ont torturé et fait dispa­raître de force des membres de la société civile. Par ailleurs, il décrit dans le détail la mili­ta­ri­sa­tion crois­sante dans l’est de la RDC, le M23 ayant pris le contrôle de vastes zones de la région et les Waza­lendo ayant reçu de grandes quan­ti­tés de muni­tions et d’armes four­nies par les Forces armées de la Répu­blique démo­cra­tique du Congo (FARDC).

« La bruta­lité des parties belli­gé­rantes ne connaît aucune limite. Ces atro­ci­tés visent à punir, inti­mi­der et humi­lier les civil·e·s, alors que chaque côté tente d’as­seoir son contrôle, a déclaré Tigere Chagu­tah, direc­teur régio­nal d’Am­nesty Inter­na­tio­nal pour l’Afrique de l’Est et l’Afrique australe.

« Le Rwanda et la RDC ne peuvent conti­nuer à fuir leurs respon­sa­bi­li­tés, ils doivent amener tous les auteurs présu­més à répondre de leurs actes, ajouté Tigere Chagu­tah. Il est temps que le président de la RDC, Félix Tshi­se­kedi, honore son enga­ge­ment à l’égard de la justice et de l’obli­ga­tion de rendre des comptes et fasse en sorte que les combat­tants waza­lendo qui commettent des crimes soient traduits en justice et que les autres soient démo­bi­li­sés et réin­té­grés dans la vie civile. En tant que partie au conflit, le Rwanda doit faire en sorte que tous les membres des Forces rwan­daises de défense présents en RDC respectent le droit inter­na­tio­nal huma­ni­taire. »

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« Si tu veux pas, on te tue. »
Sur les 14 survi­vantes de violences sexuelles du Nord-Kivu et du Sud-Kivu avec lesquelles Amnesty Inter­na­tio­nal s’est entre­te­nue, huit ont affirmé avoir été violées en réunion par des combat­tants du M23, cinq par des Waza­lendo et une par des soldats des FARDC.

Toutes les victimes de viols collec­tifs commis par des combat­tants du M23 ont expliqué que les auteurs des agres­sions portaient des uniformes ressem­blant à ceux du M23 et s’ex­pri­maient en kinyar­wanda, langue parlée par certains combat­tants du M23. Les viols collec­tifs perpé­trés par des combat­tants du M23 se sont dérou­lés entre mars et mai 2025, période durant laquelle le M23 contrô­lait Goma et Bukavu, dans l’est de la RDC. Cinq victimes ont déclaré avoir subi ces viols par des combat­tants du M23 sur des sites mili­taires du M23.

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Quand je vois quelqu’un en tenue mili­taire, je suis trau­ma­ti­sée. Depuis ce jour-là, je ne sors plus. Quand je les vois, ça me fait mal au cœur. J’ai comme des palpi­ta­tions » – Beatrice*

Une autre femme était atta­chée entre deux arbres pendant que six Waza­lendo la violaient. « Qu’ils soient punis pour qu’ils ne puissent pas faire la même chose à quelqu’un d’autre », a-t-elle déclaré.

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Tigere Chagu­tah a déclaré : « Dans l’est de la RDC, les femmes ne sont en sécu­rité nulle part : elles sont violées chez elles, dans des champs ou dans les camps où elles cherchent refuge. Il faut que le monde dise « stop ». Toutes les parties belli­gé­rantes doivent accor­der la prio­rité à la protec­tion des civil·e·s, notam­ment des femmes et des filles, qui conti­nuent de payer le plus lourd tribut à ce conflit. »

Atteintes aux droits humains commises par le M23
Des combat­tants du M23 se sont égale­ment livrés à des atteintes aux droits humains contre des membres de la société civile, des jour­na­listes et des avocats.
Amnesty Inter­na­tio­nal a pu s’en­tre­te­nir avec 12 acteurs et actrices de la société civile, défen­seur·e·s des droits humains et jour­na­listes, qui ont témoi­gné des actes de torture, des dispa­ri­tions forcées, des arres­ta­tions arbi­traires et des menaces dont ils avaient fait l’objet de la part de M23.

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Amnesty Inter­na­tio­nal dispose d’élé­ments montrant que le M23 s’est rendu coupable de cinq exécu­tions sommaires : celles de trois hommes à Goma et celles d’un père et son fils dans le Sud-Kivu. Tous ces hommes ont été abat­tus ou ont eu la gorge tran­chée par des combat­tants du M23 entre février et mai 2025. Des combat­tants du M23 ont aussi attaqué des hôpi­taux de Goma à six reprises pendant la même période ; ils ont enlevé ou arrêté des patient·e·s et des garde-malades, y compris des soldats des FARDC qui avaient été bles­sés ou avaient toujours besoin de soins, ou encore qui se cachaient dans l’hô­pi­tal.

Alors que les efforts diplo­ma­tiques se pour­suivent, Amnesty Inter­na­tio­nal appelle le Qatar à faire pres­sion sur le M23 pour qu’il cesse de se livrer à des enlè­ve­ments et des dispa­ri­tions forcées. – Tigere Chagu­tah

Le 19 juillet 2025, des repré­sen­tant·e·s de la RDC et du M23 ont signé à Doha, au Qatar, avec l’aide de cet État, une « décla­ra­tion de prin­cipes » dans laquelle les deux parties s’en­ga­geaient à négo­cier un accord de paix final devant se situer dans la droite ligne de l’ac­cord de paix conclu à Washing­ton entre la RDC et le Rwanda le 27 juin 2025.

« Alors que les efforts diplo­ma­tiques se pour­suivent, Amnesty Inter­na­tio­nal appelle le Qatar à faire pres­sion sur le M23 pour qu’il cesse de se livrer à des enlè­ve­ments et des dispa­ri­tions forcées. En outre, les États-Unis doivent exhor­ter l’État congo­lais à mettre en appli­ca­tion un méca­nisme de contrôle permet­tant d’iden­ti­fier tout combat­tant de groupe armé et tout membre des forces de sécu­rité suscep­tible d’être impliqué dans des viola­tions des droits humains ou atteintes à ces droits  », a déclaré Tigere Chagu­tah.

Les noms ont été chan­gés pour proté­ger l’iden­tité des personnes inter­ro­gées
https://www.amnesty.org/fr/latest/news/2025/08/drc-warring-factions-in-eastern-drc-commit-horri­fic-abuses-inclu­ding-gang-rapes-summary-execu­tions-and-abduc­tions/

Télé­char­ger le rapport au format PdF : AFR6201452025FRENCH

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