5 décembre 2025

Méde­cins sans Fron­tières. 22 octobre. Le cessez-le feu ne met pas un terme aux souf­frances à Gaza : les Pales­ti­niens ont besoin d’aide et d’éva­cua­tions médi­cales

Le cessez-le feu ne met pas un terme aux souf­frances à Gaza :
les Pales­ti­niens ont besoin d’aide et d’éva­cua­tions médi­cales

Méde­cins Sans Fron­tières (MSF) appelle les gouver­ne­ments du monde entier à augmen­ter de manière dras­tique et urgente les évacua­tions médi­cales pour les milliers de patients qui ne peuvent pas accé­der aux soins vitaux dont ils ont besoin à Gaza. Ces évacua­tions doivent s’ac­com­pa­gner d’un effort soutenu pour main­te­nir le fragile cessez-le-feu qui a été violé à plusieurs reprises, et garan­tir un afflux massif et sans restric­tion de l’aide huma­ni­taire dans la bande de Gaza. 

Alors que les évacua­tions médi­cales depuis Gaza doivent reprendre le 22 octobre, après une suspen­sion depuis le 29 septembre, MSF exhorte les gouver­ne­ments du monde entier à sauver des vies en accueillant des personnes dont l’éva­cua­tion médi­cale consti­tue l’unique chance de survie. Les auto­ri­tés israé­liennes doivent permettre à ces patients de partir pour accé­der aux trai­te­ments dont ils ont besoin et garan­tir leur droit au retour à Gaza.

« Les Pales­ti­niens de Gaza subissent un géno­cide. Le système de santé est en ruines  », déclare le Dr Javid Abdel­mo­neim, président inter­na­tio­nal de MSF et méde­cin urgen­tiste ayant travaillé à Gaza. « Les forces israé­liennes ont attaqué des hôpi­taux, les rédui­sant en cendres ; elles ont tué, détenu et déplacé de force du person­nel médi­cal ; et elles ont systé­ma­tique­ment empê­ché l’ache­mi­ne­ment de four­ni­tures néces­saires aux soins dans la bande de Gaza  ».

Actuel­le­ment, plus de 15 600 personnes, dont un quart d’en­fants, attendent une évacua­tion médi­cale dont leur vie dépend, selon l’Or­ga­ni­sa­tion mondiale de la santé (OMS). Parmi ces patients, on compte des personnes souf­frant de trau­ma­tismes complexes causés par des balles et des frag­ments de bombes, ou de mala­dies chro­niques poten­tiel­le­ment mortelles telles que le cancer ou l’in­suf­fi­sance rénale.

« Ces patients ne peuvent pas attendre que le système de santé soit recons­truit, ils ont besoin de soins urgents dès aujourd’­hui  », explique le Dr Javid Abdel­mo­neim. « Entre juillet 2024 et août 2025, au moins 740 patients, dont 137 enfants, sont morts en atten­dant leur évacua­tion médi­cale. Ces décès qui auraient pu être évités ont été causés non seule­ment par la destruc­tion des hôpi­taux, mais aussi par l’inac­tion poli­tique  ».

Même si des milliers de patients sont toujours en attente, la France n’a jusqu’à présent accepté d’éva­cuer que 27 patients pour une évacua­tion médi­cale depuis Gaza.

Dans une lettre ouverte adres­sée aux chefs d’État, le Dr Abdel­mo­neim aver­tit que le cessez-le-feu ne suffira pas à mettre fin à la catas­trophe médi­cale et huma­ni­taire que subissent toujours les Pales­ti­niens.

Alors que l’aide huma­ni­taire commence à arri­ver en plus grande quan­tité, MSF demande qu’elle soit rapi­de­ment augmen­tée – notam­ment en matière de four­ni­tures médi­cales, de carbu­rant, d’eau potable, de nour­ri­ture et d’abris – afin de répondre aux besoins consi­dé­rables de deux millions de personnes, dont beau­coup retournent dans les ruines de leurs anciennes maisons alors que l’hi­ver approche.

En octobre 2025, seuls 14 des 36 établis­se­ments de santé de Gaza fonc­tionnent encore selon l’OMS. Aucun n’est plei­ne­ment opéra­tion­nel à la suite des attaques systé­ma­tiques et directes menées par les forces israé­liennes, notam­ment des offen­sives terrestres, des tirs de chars et des frappes aériennes.

Selon le minis­tère de la Santé, 1 722 travailleurs de santé ont été tués. Une semaine seule­ment avant le cessez-le-feu, deux employés de MSF – un ergo­thé­ra­peute et un physio­thé­ra­peute – ont été tués par une frappe aérienne israé­lienne alors qu’ils se rendaient à leur travail. Au total, 15 membres de MSF ont été tués au cours des deux dernières années.  

Un chirur­gien ortho­pé­diste de MSF, le Dr Moham­med Obeid, est détenu dans des condi­tions éprou­vantes depuis octobre 2024. Nous lançons un appel urgent pour sa libé­ra­tion. La perte de profes­sion­nels de santé est dévas­ta­trice pour les patients à Gaza.

«  Alors que certains pays comme l’Égypte, le Qatar, les Émirats arabes unis, la Turquie et la Jorda­nie ont assumé leur part de respon­sa­bi­lité, d’autres n’ont pratique­ment rien fait  », déclare le Dr Abdel­mo­neim. « Cette inac­tion est indé­fen­dable »

Pour souli­gner l’am­pleur de cette inac­tion globale, MSF a publié un « clas­se­ment des évacua­tions médi­cales », compa­rant les efforts des diffé­rents pays pour faci­li­ter l’éva­cua­tion des patients de Gaza. Les données révèlent un déséqui­libre flagrant : alors qu’une poignée de pays ont accepté des milliers de patients, de nombreux gouver­ne­ments qui ont les moyens d’en faire davan­tage n’en ont accepté que très peu, voire aucun.

MSF exhorte les gouver­ne­ments à :

* Main­te­nir la pres­sion pour que le cessez-le-feu s’ins­crive dans la durée, et pour un afflux massif et sans entrave de l’aide huma­ni­taire. 

* Augmen­ter de manière dras­tique et urgente le nombre d’éva­cua­tions médi­cales depuis Gaza et user de leur influence pour s’as­su­rer qu’Is­raël ne bloque pas les évacua­tions médi­cales.

* Prio­ri­ser les évacua­tions selon l’ur­gence médi­cale et les besoins cliniques, notam­ment en accep­tant les adultes et les personnes âgées qui repré­sentent 75% de la liste d’at­tente.

* Accé­lé­rer les procé­dures admi­nis­tra­tives et d’ob­ten­tion de visas pour les patients et leurs accom­pa­gnants afin de réduire les retards pouvant mettre leur vie en danger.

* Permettre aux patients, en parti­cu­lier aux enfants et aux adultes vulné­rables, de voya­ger avec leurs aidants. 

* Garan­tir le droit des patients à rester à l’étran­ger s’ils le souhaitent, tout en assu­rant leur droit à un retour sûr, digne et volon­taire à Gaza.

* Assu­rer des condi­tions de vie dignes pour les patients et leurs accom­pa­gnants, un suivi médi­cal et des services de réédu­ca­tion à l’étran­ger. Ce suivi médi­cal doit inclure un soutien en santé mentale, indis­pen­sable pour tous. 

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