Ensemble! Nos analyses et nos orien­ta­tions

Première partie

Un nouveau tour­nant poli­tique.

La fin de l’an­née 2015 a conduit à un boule­ver­se­ment de la situa­tion et des rapports de force poli­tiques. Surve­nant après la crise des migrants en Europe, la pour­suite des poli­tiques anti­so­ciales du gouver­ne­ment, les atten­tats de novembre et l’état d’ur­gence, les élec­tions régio­nales ont traduit les profonds boule­ver­se­ments en cours dans l’opi­nion publique.

Le FN a fait un saut supplé­men­taire dans son ascen­sion à un niveau qu’il n’avait jamais atteint jusqu’à présent. Il s’af­firme comme une force qui s’en­ra­cine dans le pays, qui impose ses idées dange­reuses, et qui est déter­mi­née à s’em­pa­rer du pouvoir pour mettre en œuvre sa poli­tique xéno­phobe, anti sociale et anti démo­cra­tique.

Un sursaut élec­to­ral de second tour a mobi­lisé une partie de l’élec­to­rat pour faire barrage au FN et l’em­pê­cher de conqué­rir des régions, mais il ne peut masquer l’am­pleur de la crise poli­tique que traverse le pays, et le désa­veu qui touche les insti­tu­tions et les partis poli­tiques, lequel conduit au main­tien d’une absten­tion record dans l’élec­to­rat popu­laire dégouté des renie­ments sans fin depuis 2012. Il ne peut faire oublier que le total des voix de gauche, PS, EELV, FdG, ne dépasse pas les 37 %, et que les droites et le FN se partagent la majo­rité des suffrages.

La droite pour­suit sa reconquête, élec­tion après élec­tion, des posi­tions insti­tu­tion­nelles qu’elle avait perdues quand elle était au gouver­ne­ment, sans pour autant échap­per à une divi­sion crois­sante entre deux orien­ta­tions : celle de Sarkozy, qui assume le bracon­nage des thèses du FN pour atti­rer ses élec­teurs et gagner 2017 encore plus à droite, celle d’une partie des Répu­bli­cains et du centre-droit prêts à des alliances avec un PS en posi­tion subor­don­née pour contrer le FN. Mais dans toutes les régions qu’elle a gagnées, comme dans les dépar­te­ments et communes qu’elle a rempor­tés précé­dem­ment, la droite va mettre en œuvre une aggra­va­tion des poli­tiques brutales de casse des services publics et des mesures sécu­ri­taires et discri­mi­na­toires accen­tuées sous la pres­sion du FN.

Le PS subit un nouveau revers, perdant les régions les plus peuplées, et son « hégé­mo­nie » sur l’élec­to­rat de gauche conti­nue à s’ef­fri­ter, n’étant plus en mesure de gagner même une trian­gu­laire sans rassem­ble­ment avec les autres forces de gauche. Il perd dans ses deux prin­ci­paux bastions, Nord et Paca, en s’ef­façant derrière la droite pour faire barrage au FN, au prix de la dispa­ri­tion de toute liste de gauche. Il perd de nombreuses posi­tions qui lui permet­taient de main­te­nir son influence, et sa déroute poli­tique se double d’un affai­blis­se­ment de ses moyens maté­riels et humains. Loin d’en tirer des leçons pour remettre en cause une poli­tique démo­bi­li­sa­trice pour l’élec­to­rat de gauche, la direc­tion du PS parle à nouveau d’un « dépas­se­ment » du PS dans un nouveau pôle « réfor­ma­teur », préten­dant exploi­ter « tripar­ti­tion » du champ poli­tique pour instal­ler le projet d’un parti démo­crate à la française, effaçant ou mino­ri­sant toute poli­tique de gauche.

L’al­ter­na­tive de gauche est affai­blie, le rejet de la poli­tique du gouver­ne­ment conti­nue à alimen­ter un décou­ra­ge­ment et une absten­tion massive dans l’élec­to­rat popu­laire, et ne se traduit pas par un renfor­ce­ment des forces de gauche qui défendent une alter­na­tive sociale et écolo­gique. Le PS a pu limi­ter cette désaf­fec­tion en béné­fi­ciant sans doute d’un soutien conjonc­tu­rel d’une partie de l’élec­to­rat qui a vu dans sa gestion de la situa­tion post-atten­tats et de l’état d’ur­gence un moindre mal pour faire face à la situa­tion. Mais les critiques sociales et écolo­giques de la poli­tique du gouver­ne­ment vont reprendre leur place dans les premières préoc­cu­pa­tions de la popu­la­tion, en même temps que la mise en cause des dérives de l’état d’ur­gence va s’ac­cen­tuer et deve­nir plus audible. Cette alter­na­tive ne pourra reprendre son essor que si les mouve­ments sociaux de la société viennent les renfor­cer, ce qui n’a toujours pas été le cas au cours des derniers mois.

Pour retrou­ver un élan qu’ils ont perdu, le Front de gauche, ainsi qu’ EELV, doivent être capables de surmon­ter leurs hési­ta­tions à s’unir et les polé­miques de préséance, de faire un retour sur les occa­sions manquées d’unité aux régio­nales alors que des exemples de réus­site ont fonc­tionné, de relan­cer des proces­sus d’im­pli­ca­tion citoyenne et mili­tante, et ils doivent être capables de formu­ler les grands axes d’une poli­tique alter­na­tive commune pour agir vers un rassem­ble­ment qui les dépasse et où s’im­pliquent le mouve­ment social et les socia­listes critiques de la poli­tique gouver­ne­men­tale.

L’ul­time adieu du gouver­ne­ment à la gauche

Mais depuis les élec­tions régio­nales, l’exé­cu­tif a encore modi­fié la donne en affir­mant encore davan­tage sa volonté de recher­cher une nouvelle majo­rité avec une partie de la droite, quitte à divi­ser profon­dé­ment la gauche et même le Parti Socia­liste. C’était déjà mani­feste sur les mesures écono­miques prises avec l’as­sen­ti­ment du Medef et d’une partie de la droite, du CICE aux lois Macron. Au lende­main des régio­nales, à l’in­verse d’une « inflexion » à gauche récla­mée même par nombre de diri­geants du PS, c’est une inflexion supplé­men­taire à droite, claire et assu­mée, qui a été déci­dée par Hollande et Valls. Les résul­tats des régio­nales et la menace terro­riste, censés démon­trer un glis­se­ment à droite de la société, servent de justi­fi­ca­tion à M. Valls pour s’y adap­ter plutôt que d’y résis­ter. Refus d’une simple augmen­ta­tion du SMIC, annonce de la remise en cause de l’ac­cueil de nouveaux réfu­giés et mise en cause de la Grèce qui ne contrô­le­rait pas ses fron­tières, réponse favo­rable à Raffa­rin pour un « pacte commun » contre le chômage, que le gouver­ne­ment traduit par de nouveaux projets sur les seuils sociaux, le code du travail, la prio­rité à la sécu­rité et l’aus­té­rité éten­due aux autres secteurs de la fonc­tion publique.

Avec la déchéance de natio­na­lité, en plus de l’état d’ur­gence à inscrire dans la consti­tu­tion, c’est le coup de grâce et l’ul­time rupture. Non seule­ment un gouver­ne­ment du Parti socia­liste se fait l’ins­tru­ment d’un libé­ra­lisme sans fard sur les terrains écono­miques et sociaux, mais en ouvrant une brèche dans le « droit du sol » à cette occa­sion, et en « consti­tu­tio­na­li­sant » un état d’ex­cep­tion sécu­ri­taire, il s’en prend à des « valeurs » et à des prin­cipes qui font partie des fonda­men­taux à gauche, qui forment une certaine idée d’une Répu­blique sociale, démo­cra­tique et égali­taire qui la distin­guait des droites. Tout à la recherche d’un calcul poli­tique cher­chant pour 2017 une coali­tion avec une partie de la droite plutôt que s’ap­puyer sur une gauche à qui ils ont déjà tourné le dos, Hollande et Valls offrent une nouvelle victoire idéo­lo­gique et symbo­lique supplé­men­taire au FN et aux courants réac­tion­naires, et accen­tuent la frac­ture à gauche et au sein même du PS.

Rien n’est écrit d’avance. Des éner­gies existent dans le pays qui refusent de céder au rejet de l’autre, au repli sur soi et au racisme, et qui s’op­posent à la poli­tique anti­so­ciale du gouver­ne­ment. Mobi­li­ser toutes les forces sociales dispo­nibles doit être l’objec­tif premier.

Mais il s’agit désor­mais de refon­der la gauche, car celle-ci est mena­cée de dispa­ri­tion ou de margi­na­li­sa­tion au profit d’une nouvelle alliance entre une partie du PS avec le centre et une partie de la droite. Une refon­da­tion qui doit se faire en tirant les leçons des choix poli­tiques faits depuis 2012 qui ont mené à la catas­trophe actuelle. Une autre alliance est néces­saire, celle qui rassem­ble­rait toutes les forces dispo­nibles à gauche pour sortir de l’aus­té­rité et d’une poli­tique sécu­ri­taire qui remet en cause les prin­cipes démo­cra­tiques.

Deuxième partie

Éléments pour une feuille de route du mouve­ment Ensemble

La secousse poli­tique qui a profon­dé­ment marqué le pays entre le 13 novembre 2015 et les deux tours des élec­tions régio­nales révèle une situa­tion drama­tique pour la démo­cra­tie, les droits sociaux et humains, l’ave­nir des pers­pec­tives de gauche et d’éman­ci­pa­tion. La gauche indé­pen­dante du gouver­ne­ment (FDG, EELV…) a égale­ment subi un échec. Les atten­tats et le tour­nant sécu­ri­taire ont mis sous le bois­seau les préoc­cu­pa­tions liées à une critique écolo­gique et sociale du gouver­ne­ment, dans un contexte immé­diat où l’opi­nion se foca­li­sait sur la ques­tion sécu­ri­taire et favo­ri­sait la montée du FN. Cette situa­tion ouvre une période de réflexion fonda­men­tale pour Ensemble, pour le Front de gauche et pour toute la gauche qui veut résis­ter aux choix libé­raux et auto­ri­taires. Cette réflexion devra initier de grands débats pour reprendre l’of­fen­sive idéo­lo­gique avec des objec­tifs inno­vants et diffé­rents. Nous ne pouvons pas nous conten­ter de la routine. Il faudra travailler sur :

– Comment reconqué­rir l’hé­gé­mo­nie sur des « grands sujets », redon­ner un hori­zon à notre camp social, les deux étant liés.

– Réflé­chir sur des concepts souvent employés dans le débat public : Répu­blique, citoyen­neté, démo­cra­tie.

– Appro­pria­tion sociale, droits sociaux, effets de la COP21.

– Quel nouvel hori­zon pour l’éman­ci­pa­tion ?

Nous pouvons utili­ser pour ces débats les « Maté­riaux pour l’éman­ci­pa­tion », ainsi que la brochure de « Propo­si­tions » pour des mesures d’ur­gence. Mais d’autres élabo­ra­tions seront néces­saires.

La nouvelle phase qui s’ouvre main­te­nant est large­ment marquée par la pers­pec­tive des élec­tions prési­den­tielles et légis­la­tives de 2017. Mais notre hori­zon et notre acti­vité ne doivent nulle­ment se réduire à cette ques­tion. Le déve­lop­pe­ment de mobi­li­sa­tions sociales, de débats poli­tiques nouveaux est la condi­tion pour refu­ser les scéna­rios écrits d’avance.

1. Mobi­li­sa­tions démo­cra­tiques, sociales, inter­na­tio­nales, citoyennes.

Nous pour­sui­vons notre inves­tis­se­ment dans les cadres unitaires au sein desquels nous sommes inves­tis en axant notre inter­ven­tion sur l’élar­gis­se­ment de leur péri­mètre et le lien avec les popu­la­tions.

– Sur l’état d’ur­gence et la démo­cra­tie

Ensemble ! se posi­tionne pour que cesse l’état d’ur­gence. De nombreuses initia­tives existent. Il est néces­saire qu’elles convergent vers des objec­tifs d’ac­tions communes coor­don­nées. L’arc de force créé par la LDH autour de l’ap­pel « Nous ne céde­rons pas » devrait être proposé comme regrou­pe­ment et se complé­ter du projet de mani­fes­ta­tions contre le main­tien de l’état d’ur­gence.

Paral­lè­le­ment, les modi­fi­ca­tions consti­tu­tion­nelles envi­sa­gées doivent amener une réac­tion publique de notre part et devront donner lieu à des débats pour exiger l’aban­don inté­gral de la réforme consti­tu­tion­nelle. En faisant le choix d’in­té­grer la déchéance de natio­na­lité dans leur projet, Valls et Hollande ont fran­chi un pas supplé­men­taire à droite. En repre­nant cette propo­si­tion du FN, par ailleurs, inutile dans la lutte contre le terro­risme, ils ne font que créer diffé­rentes caté­go­ries de citoyen­neté, renforçant encore plus les inéga­li­tés et les discri­mi­na­tions.

– Sur les migrants :

L’Eu­rope forte­resse est mise à l’épreuve par l’af­flux des migrants. Elle appa­raît pour ce quelle est, une machine qui rejette ceux des migrants qu’elle juge inutiles. À cela nous oppo­sons une bataille poli­tique pour la soli­da­rité et l’ac­cueil incon­di­tion­nel. Elle se traduit par la construc­tion des diffé­rentes mobi­li­sa­tions en soli­da­rité avec les migrants.

– Sur le déman­tè­le­ment de pans entiers du code du travail et de la sécu­rité sociale.

Le gouver­ne­ment prépare de manière simul­ta­née une offen­sive idéo­lo­gique et un dispo­si­tif légis­la­tif rapide afin de conti­nuer la destruc­tion des droits sociaux. Cela concerne la réécri­ture du Code du travail, la loi Macron 2 sur l’éco­no­mie numé­rique (NOE), et le compte person­nel d’ac­ti­vité (CPA).

– Sur le Code du travail :

Nous inter­ve­nons dans le cadre d’ac­tion CQFD (Code Qu’il Faut Défendre), mais aussi dans le syndi­ca­lisme et les débats juri­diques publics. Il faut prendre la mesure de ce qui se joue : destruc­tion d’ac­quis sociaux collec­tifs, régres­sions démo­cra­tiques en même temps que pilier du projet de « grande coali­tion au centre » du gouver­ne­ment.

Une campagne de réunions et d’ini­tia­tives locales sera animée et coor­don­née natio­na­le­ment avec le rassem­ble­ment d’un très large spectre de compo­santes syndi­cales, poli­tiques, sociales, univer­si­taires, asso­cia­tives, dont le Collec­tif 3A a montré la possi­bi­lité. Retar­dée du fait des atten­tats et des régio­nales, cette campagne peut prendre une grande place dès janvier.

Nous y parti­ci­pons avec toute l’éner­gie des collec­tifs d’En­semble. Nous lions chaque fois que nous le pouvons la parti­ci­pa­tion à ces résis­tances avec ce qui de notre projet consti­tue des alter­na­tives concrètes éman­ci­pa­trices dessi­nant les contours cohé­rents d’une autre société.

– Sur le CPA (calen­drier en mars) :

Le CPA vise à piéger les sala­riés dans l’illu­sion de droits person­nels cumu­lés sur un compte en dévoyant des propo­si­tions du syndi­ca­lisme. Nous y oppo­sons une sécu­rité sociale profes­sion­nelle et des droits affé­rents à la personne dans un cadre collec­tif, finan­cés par des coti­sa­tions patro­nales.

– Sur l’ur­gence envi­ron­ne­men­tale

Les mobi­li­sa­tions qui ont eu lieu autour de la COP21 fin 2015 doivent trou­ver des débou­chés dans de nouvelles initia­tives. La jour­née d’ac­tion du 9 janvier autour de Notre-Dame-des-Landes, comme les mobi­li­sa­tions à venir initiées notam­ment par la coali­tion consti­tuent des points d’ap­pui à relayer et à inves­tir.

Nous cher­chons à arti­cu­ler une bataille pour l’em­ploi et pour la défense des services publics avec la ques­tion de l’ur­gence clima­tique et la néces­saire tran­si­tion éner­gé­tique dans une campagne à l’image de « One Million Climate Jobs » menée par le mouve­ment ouvrier britan­nique. Nous soute­nons et parti­ci­pons aux initia­tives prévues en mai 2016 contre l’ex­ploi­ta­tion des gaz de schistes et l’ex­trac­ti­visme.

– Sur la bataille pour une autre Europe.

Nous parti­ci­pons aux débats pour une autre Europe, plan B, confé­rence de Madrid, initia­tive Attac-Coper­nic… et pour­sui­vons les discus­sions au sein d’en­semble.

2. Prendre des initia­tives poli­tiques propres.

Dans la situa­tion de crise globale, natio­nale et inter­na­tio­nale, il y a néces­sité qu’En­semble ! en tant que mouve­ment puisse prendre des initia­tives propres, décon­nec­tées des enjeux élec­to­raux, sur des terrains de débats à gauche, afin de marquer son projet. De multiples sujets pour­raient être envi­sa­gés.

Il est proposé que des axes de campagnes s’or­ga­nisent prio­ri­tai­re­ment autour de plusieurs thèmes :

  • Mettre fin au chômage et à la préca­rité, c’est possible. C’est une ques­tion avant tout de choix poli­tique. L’objec­tif phare immé­diat de réduc­tion massive et d’em­bauches est réali­sable à condi­tion de ne plus lais­ser faire les spécu­la­teurs et de donner la prio­rité à la réduc­tion du temps de travail et à une garan­tie des sala­riés et des droits sociaux. De même, une réorien­ta­tion des moyens de l’épargne qu’il faut retour­ner vers les loge­ments et les écono­mies d’éner­gie. Quand on songe qu’une lutte réelle contre les para­dis fiscaux et la fraude permet­trait la créa­tion massive des emplois qui manquent dans les services publics et notam­ment la santé et l’édu­ca­tion natio­nale !
  • Inter­ven­tion sur les impli­ca­tions de la crise au Moyen Orient, notam­ment dans son épicentre syrien. Notre posi­tion spéci­fique dans la gauche française, qui devra être préci­sée dans le contexte nouveau (« coali­tions », frappes), nous impose de convaincre et de prendre des initia­tives avec un arc de forces regrou­pant syriens et kurdes. Une propo­si­tion d’ini­tia­tive publique pour­rait être orga­ni­sée. Nous devons l’as­su­mer, y compris avec la dimen­sion d’aide néces­saire aux forces kurdes combat­tantes et aux forces syriennes libres.
  • Lutte contre le racisme : la montée du FN et le recul des consciences consti­tuent un péril d’en­ver­gure pour de larges secteurs de la popu­la­tion rési­dant en France. Un travail de fond, qui passe par la propo­si­tion d’un maté­riel natio­nal et l’or­ga­ni­sa­tion d’ini­tia­tives ouvertes doit permettre de redon­ner de la visi­bi­lité aux luttes anti­ra­cistes, notam­ment celle pour la conso­li­da­tion et l’élar­gis­se­ment du droit du sol car la recon­nais­sance de droits poli­tiques égaux pour tou-te-s celles et ceux qui les demandent est le support néces­saire pour déve­lop­per les luttes contre les discri­mi­na­tions. .

3– Face aux enjeux de 2017 et au-delà, nous avons besoin d’une construc­tion nouvelle, vers une force ou un rassem­ble­ment poli­tique large, aussi fidèle aux inté­rêts des travailleurs que la droite et l’ex­trême droite le sont aux inté­rêts du patro­nat. Elle peut se construire en agis­sant sur plusieurs axes poli­tiques :

– Un débat est néces­saire pour rassem­bler les forces qui veulent refu­ser l’hé­gé­mo­nie du FN, de type Vichyste pour tout son programme, stimu­lant le racisme et la xéno­pho­bie. Cela peut prendre la forme d’ini­tia­tives nouvelles dans le champ intel­lec­tuel, cultu­rel, idéo­lo­gique, contre les menaces réac­tion­naires et rétro­grades, pour la réac­ti­va­tion des valeurs univer­selles d’éga­lité, de liberté, de soli­da­rité, d’anti-racisme.

– Nos propo­si­tions visent en même temps à faire échouer l’autre construc­tion menée par Hollande/Valls/ Macron avec le MEDEF : une « grande coali­tion au centre », soudée sur la pour­suite des poli­tiques d’aus­té­rité (emplois, Smic, services publics) et la consti­tu­tion­na­li­sa­tion de reculs de la démo­cra­tie.

Cela passe par une propo­si­tion géné­rale de rassem­ble­ment et de rencontres avec celles et ceux qui perçoivent l’im­passe poli­tique actuelle :

– les forces et courants poli­tiques, le FDG, EELV, Nouvelle Donne, les courants critiques du PS, les forces de la gauche radi­cale ;

– celles et ceux rencon­tré-e-s dans le M6R, les Chan­tiers d’es­poir, dans le Mouve­ment commun, la gauche radi­cale unitaire, et les acti­vi­tés du Fdg dans un certain nombre de collec­tifs locaux ;

– citoyen-e-s voulant agir, absten­tion­nistes, déçu-e-s du Front de gauche ;

– mili­tant-e-s syndi­caux, asso­cia­tifs ;

– et tous les regrou­pe­ments locaux et natio­naux de la gauche alter­na­ti­ve…

Le Front de Gauche n’a pas été suffi­sam­ment fort et atti­rant pour que le rassem­ble­ment se fasse autour de lui, pour que des éléments signi­fi­ca­tifs du mouve­ment social entre­prennent une construc­tion commune avec lui. Il faudra pour cela repar­tir vers un autre rassem­ble­ment bien plus large qui défi­nisse les bases d’une majo­rité alter­na­tive à l’aus­té­rité, au tour­nant sécu­ri­taire, à l’aban­don du projet d’une Répu­blique sociale, démo­cra­tique et écolo­gique.

Natio­na­le­ment, nous sommes pour que se trans­forme le Front de gauche. Cette dimen­sion de notre acti­vité ne peut se faire qu’en affir­mant forte­ment les propo­si­tions que nous faisons. Le FDG doit donc chan­ger pour s’ou­vrir à toutes les compo­santes qui veulent une alter­na­tive à la droite extrême et à la grande coali­tion  entre direc­tion du PS et droite. La ques­tion de son dépas­se­ment est réelle, mais poser cette ques­tion ne doit pas conduire à susci­ter des divi­sions nouvelles au sein de la gauche alter­na­tive.

Mais le Front de Gauche doit faire plus : c’est une révo­lu­tion cultu­relle à gauche qui est néces­saire. Il faut retrou­ver le chemin des mobi­li­sa­tions popu­laires et unitaires et des batailles d’idées pour rendre envi­sa­geables et possibles de nouveaux progrès sociaux, écolo­giques et démo­cra­tiques. A la poli­tique du gouver­ne­ment cher­chant à concré­ti­ser une alliance avec des secteurs du centre et de la droite, le Front de Gauche doit travailler à une autre coali­tion de toutes les forces de gauche qui veulent sortir de l’aus­té­rité, et s’op­posent aux poli­tiques sécu­ri­taires et auto­ri­taires sous peine de voir dispa­raître toute alter­na­tive à gauche et lais­ser la place à un tripar­tisme FN/droite Sarko­zyste/PS allié à une partie de la droite sur une orien­ta­tion libé­rale.

Nous devons nous inté­res­ser et parti­ci­per aux initia­tives qui émergent contre la poli­tique du gouver­ne­ment pour une autre poli­tique à gauche, sans a priori, avec la volonté de sortir de l’im­passe morti­fère dans laquelle le gouver­ne­ment et la direc­tion du PS sont enga­gés.

Nous devons donc stimu­ler les regrou­pe­ments les plus larges possibles, faire de la confron­ta­tion des projets une force (et notam­ment autour des mesures d’ur­gence pour sortir de la crise démo­cra­tique et de l’aus­té­rité, déjà propo­sées par Ensemble et qui seront réac­tua­li­sées, comme contri­bu­tion à un rassem­ble­ment visant une nouvelle majo­rité sociale et poli­tique qui gouver­ne­rait vrai­ment à gauche).

Dans ce cadre 2017 est à la fois un moment struc­tu­rant et incon­tour­nable de la vie poli­tique. Nos propo­si­tions doivent permettre de faire avan­cer à cette occa­sion un nouveau rassem­ble­ment poli­tique qui n’ac­cepte pas que dispa­raisse en 2017 l’op­tion d’une poli­tique vrai­ment à gauche, et qui devra être capable de se proje­ter au-delà de cette échéance.

La volonté d’en­ga­ger des dyna­miques de conver­gences doit nous guider pour prépa­rer cette échéance. Ensemble ! travaillera constam­ment pour que notre objec­tif de candi­da­tures communes aux élec­tions prési­den­tielles et légis­la­tives de 2017 se réalise, rassem­blant les forces qui ont déjà depuis plusieurs mois parfois commencé à conver­ger, le Front de Gauche, EEELV, Nouvelle Donne, les courants critiques du PS, les forces de la gauche radi­cale, les forces du mouve­ment social et syndi­cal.

La logique de l’élec­tion prési­den­tielle et de la Vème Répu­blique étouffe plus que jamais la vie démo­cra­tique du pays. La réforme du quinquen­nat a accen­tué cette tendance en impo­sant une compé­ti­tion perma­nente. Notre objec­tif est de subver­tir cette échéance en y faisant préva­loir les aspi­ra­tions démo­cra­tiques sociales et écolo­giques. Nous soute­nons la néces­sité de l’in­ver­sion du calen­drier élec­to­ral entre l’élec­tion prési­den­tielle et les élec­tions légis­la­tives, lesquelles devraient se faire à la propor­tion­nelle, pour redon­ner la prio­rité au débat sur les projets par rapport aux enjeux de personnes.

L’as­pi­ra­tion à l’unité des forces sociales et poli­tiques, des citoyens face à la poli­tique de Valls et Hollande existe dans le pays. Cela se traduit par plusieurs appels et initia­tives qui émergent autours de l’idée de « Primaires à la gauche du PS ». Les expé­riences de large rassem­ble­ment aux élec­tions régio­nales, comme la liste « Nouveau Monde » en Langue­doc Rous­sillon Midi Pyré­nées ont montré que l’unité des forces à la gauche du PS était néces­saire mais pas suffi­sante. Il est impor­tant de commen­cer par la construc­tion d’un projet commun arti­culé avec le choix de candi­dats communs. Les candi­da­tures qui émergent doivent se mettre au service d’un mouve­ment et d’un projet commun.

Pour Ensemble, il est indis­pen­sable de construire une démarche de rassem­ble­ment incluant les forces sociales et poli­tiques, les citoyens qui portent des propo­si­tions parta­gées de façon à débou­cher sur les grands axes d’un projet alter­na­tif. Nous souhai­tons qu’un tel proces­sus permette au plus grand nombre de forces possibles de parti­ci­per à la dési­gna­tion de candi­da­tures communes à la prési­den­tielle et aux légis­la­tives. Les déci­sions ne doivent pas reve­nir unique­ment aux partis poli­tiques. Cette démarche doit s’ap­puyer sur la construc­tion d’une véri­table parti­ci­pa­tion citoyenne qui mette dans les mains du plus grand nombre l’en­semble des déci­sions poli­tiques.

Un tel rassem­ble­ment pour construire son programme, sa stra­té­gie et dési­gner ses candi­dats pour­rait procé­der par de larges vota­tions citoyennes qui permettent l’im­pli­ca­tion du maxi­mum d’éner­gies et l’émer­gence d’une nouvelle gauche dans le pays.

Nous parti­ci­pe­rons à toutes les initia­tives qui permettent d’avan­cer dans ce sens. Nous sommes déter­mi­nés à contri­buer par tous les moyens à la construc­tion de ce rassem­ble­ment, de son programme, de ses candi­da­tures. Nous déter­mi­ne­rons au Collec­tif Natio­nal de mars les déci­sions et propo­si­tions à mettre en œuvre pour cela.

Le Collec­tif Natio­nal mandate un groupe de travail issu du CN pour rédi­ger une décla­ra­tion publique dans les prochains jours qui permette de popu­la­ri­ser l’en­semble des exigences détaillés dans la feuille de route.

Il faut refu­ser toute logique de divi­sion, ou de déci­sions unila­té­rales de candi­da­tures, et préfé­rer la construc­tion d’un nouveau rassem­ble­ment et d’une propo­si­tion poli­tique qui permettent sur cette base de dési­gner un candi­dat commun et des candi­da­tures aux légis­la­tives. Elles doivent être repré­sen­ta­tives et accep­tées par toutes les forces du rassem­ble­ment, et suffi­sam­ment fortes et portées large­ment pour déjouer le « tripar­tisme » et propo­ser une nouvelle force à gauche afin de contrer le FN et toutes les poli­tiques libé­rales.

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