Abjec­tion raciste contre Danièle Obono : mobi­li­sa­tion!

Une femme noire, dépu­tée et mili­tante poli­tique, repré­sen­tée enchaî­née comme le furent les millions d’es­claves du passé, victimes d’un des pires crimes contre l’hu­ma­nité. C’est ce que vient de commettre le torchon d’ex­trême droite Valeurs Actuelles. Ce jour­nal n’en est pas à un coup d’es­sai, ayant déjà sévi par son racisme, en l’oc­cur­rence son racisme anti-Noirs, son anti­sé­mi­tisme, son isla­mo­pho­bie. Mais là, il dépasse tout ce qui s’est fait de ce point de vue dans les médias ces dernières années. Il exprime clai­re­ment un désir d’hu­mi­lia­tion, et même de mort.

Danièle Obono est visée comme femme, comme noire. Elle est égale­ment visée parce qu’elle est une élue, une dépu­tée de la France Insou­mise. Elle fut attaquée dès son élec­tion en 2017, où une radio lui demanda ridi­cu­le­ment de crier « vive la France » !

La « classe poli­tique » a protesté contre la repré­sen­ta­tion en esclave de Danièle Obono : fort bien. Mais il convient de prendre des mesures contre le racisme, contre les discri­mi­na­tions. La justice doit être saisie, la honteuse fiction illus­trée reti­rée. Les chaînes publiques devraient, comme le demande le MRAP, boycot­ter le jour­nal en ques­tion.

Au-delà de cette triste affaire, il convient de consta­ter que les actes racistes, anti­sé­mites et isla­mo­phobes ne cessent pas. Hier les profa­na­tions à Oradour, aujourd’­hui l’in­to­lé­rable publi­ca­tion. Et bien d’autres. Ils ne peuvent qu’être alimen­tés par les propa­ga­teurs de la haine, que certains médias persistent à invi­ter.

C’est bien pourquoi il convient de ne pas lais­ser passer l’ignoble provo­ca­tion contre Danièle Obono. La mobi­li­sa­tion des anti­ra­cistes doit être à la hauteur. ENSEMBLE ! parti­ci­pera aux diverses initia­tives orga­ni­sées pour protes­ter contre la honteuse publi­ca­tion. Le samedi 5 septembre à 14h, un rassem­ble­ment a lieu devant le siège de Valeurs Actuelles : nous y serons.

5 réflexions sur « Abjec­tion raciste contre Danièle Obono : mobi­li­sa­tion! »

  1. Mediapart, Antoine Perraud, 30-8-2020 : « Pourquoi la fiction de «Valeurs actuelles» sur Danièle Obono est raciste »

    (…)Une telle traque rappelle celle pratiquée par Valeurs actuelles à l’encontre de Christiane Taubira. Comme si l’hebdomadaire ne supportait pas qu’une femme noire sorte de l’invisibilité pour se retrouver aux affaires. Dans la distribution des rôles que martèle le journal à longueur de livraison, les Noirs, comme les Arabes, ne sauraient être la France. Mais au contraire le péril obscur prompt à défaire ce qui fut accompli, durant plus d’un millénaire, par la monarchie puis, dans une moindre mesure, par la République. (..)

    Valeurs actuelles, dans ce dernier numéro du mois d’août comme dans l’ensemble de sa production, ne cesse de gémir sur la fin annoncée de « notre » civilisation prépondérante. Et dans le même temps, le journal ne cesse de maudire celles et ceux qui, à ses yeux, sapent les fondements de la domination occidentale en général et française en particulier.

    D’où le texte punitif et mortifiant publié au milieu de ce numéro daté du 27 août 2020, de la page 39 à la page 47 : « Obono l’Africaine. – Où la députée insoumise expérimente la responsabilité des Africains dans les horreurs de l’esclavage ».

    (En effet, il n’est pas question de la traite occidentale, dans l’ultime épisode de ce feuilleton d’été intitulé « Les couloirs du temps », mais des deux autres traites négrières ayant ravagé l’Afrique du VIIe au XXe siècle : les traites internes destinées à satisfaire les besoins en main-d’œuvre de l’Afrique sub-saharienne précoloniale et les traites « orientales », parfois baptisées « arabes » ou « musulmanes ». …)

    Voici donc Danièle Obono transplantée quelque part au sud du Tchad actuel, dans les années 1700. Nouvelle piqûre de rappel pour les lecteurs qui n’auraient pas compris que cette démolition vipérine de Mme Obono se situe dans le droit fil d’une autre : « Dans ses rares moments de découragement, elle se raccrochait aux vers de Léon-Gontran Damas, ce poète guyanais que Christiane Taubira avait osé citer lors du débat sur le “mariage pour tous”, bravant une Assemblée nationale à elle seule parfaite incarnation du privilège blanc : “Jamais le Blanc ne sera nègre/ Car la beauté est nègre/ Et nègre la sagesse/ Car l’endurance est nègre/ Et nègre le courage.” Quelles paroles sublimes, si loin du racisme des Blancs et de leur odieux complexe de supériorité ! » (…)

    Albert Memmi avait ensuite parachevé son approche, avec le concept d’hétérophobie : « L’hétérophobie pourrait désigner ces constellations phobiques et agressives, dirigées contre autrui, qui prétendent se légitimer par des arguments divers, psychologiques, culturels, sociaux ou métaphysiques, et dont le racisme, au sens biologique, serait une variante. Hétérophobie permettrait d’englober toutes les variétés de refus agressifs. »

    Le refus agressif à l’encontre de Danièle Obono manifesté par Valeurs actuelles, dans son numéro 4 370 daté du 27 août 2020, s’avère, de toute évidence, raciste, hétérophobe et négrophobe. Ce qui rend grotesques les termes du communiqué publié deux jours plus tard par l’hebdomadaire. « Il est commode pour nos adversaires de nous imputer cette accusation, que rien n’étaie dans le contenu. »

    À la lecture d’Obono l’Africaine, tout concourt à corroborer une incitation, sempiternelle, irréfragable, à la haine raciale.

     

  2. Un tweet subtil  de Gérard Miller, psychanalyste et polémiste, à propos de certaines réactions de « soutien » (droite, « gauche » autoritaire, etc.) à Danièle Obono:

    « Tout nous oppose à Danièle Obono, expliquent certains, mais là, nous devons (momentanément, bien sûr) la défendre. » Les mêmes devraient plutôt dire : « Tout nous rapproche de Valeurs actuelles, mais là, nous devons (momentanément, bien sûr) nous en séparer. »
     
    Ce qui n’empêche pas de se féliciter des soutiens multiples actuellement à l’ antiracisme. 
    Ensuite l’ important restera ce qu’auront été les réactions des jeunes.
     
  3. Billet paru dans Libération, daté du 30 août :

     

    Fiction raciste sur Danièle Obono : «Valeurs actuelles» au bout de sa logique

    Par Jérôme Lefilliâtre

    (…)

    Comment l’injustifiable a-t-il été rendu possible? Geoffroy Lejeune ne peut pourtant pas s’appuyer sur un bilan commercial étincelant : la «diffusion payée individuelle» de son journal, propriété de l’industriel Iskandar Safa, est tombée de 114 000 exemplaires en moyenne en 2016 à 76 000 en 2019. Ni sur les succès électoraux des candidats qu’il a soutenus, tel François-Xavier Bellamy, en déroute aux européennes. D’où vient alors l’incroyable assurance de Valeurs ? Nul doute que l’interview «exclusive» accordée par Emmanuel Macron en octobre dernier au magazine a beaucoup contribué à ce processus d’autolégitimation et d’autopersuasion.

    Mais c’est aussi l’accueil réservé à cet hebdomadaire pas du tout comme les autres dans les médias audiovisuels qui a joué. Chose impensable il y a dix ans, les journalistes de Valeurs ont envahi les plateaux et studios. La nouvelle garde, composée de Charlotte d’Ornellas, Tugdual Denis, Louis de Raguenel ou Raphaël Stainville, squatte les émissions de débats construites sur la culture du clash, à l’invitation de chaînes très conciliantes. Ex-éditorialiste politique numéro 1 de LCI, Geoffroy Lejeune vient d’être appelé par Cyril Hanouna à la table des chroniqueurs de Balance ton post !. On arrête quand le délire ?

    Jérôme Lefilliâtre

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