5 décembre 2025

Amnesty inter­na­tio­nal. Syrie. « Le nouveau gouver­ne­ment doit garan­tir vérité, justice et répa­ra­tions pour les personnes dispa­rues »

Syrie. Le nouveau gouver­ne­ment doit garan­tir vérité, justice et répa­ra­tions pour les personnes dispa­rues

Syrie. Le nouveau gouver­ne­ment doit garan­tir vérité, justice et répa­ra­tions pour les personnes dispa­rues

Entre 2011 et 2024, on estime que plus de 100 000 personnes ont « disparu » en Syrie. Il s’agit pour la vaste majo­rité de dispa­ri­tions forcées impu­tables au gouver­ne­ment de Bachar el Assad : elles se sont vola­ti­li­sées dans son tris­te­ment célèbre réseau de lieux de déten­tion. Des milliers d’autres ont « disparu » entre les mains de groupes armés d’op­po­si­tion.

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Le gouver­ne­ment syrien doit démon­trer qu’il est déter­miné à appor­ter vérité, justice et répa­ra­tions pour les dizaines de milliers de personnes dispa­rues, en donnant la prio­rité à une recherche natio­nale globale de celles qui sont toujours portées dispa­rues et en veillant à ce que les respon­sables rendent des comptes, écrit Amnesty Inter­na­tio­nal dans une nouvelle synthèse publiée à la veille de la  Jour­née inter­na­tio­nale des personnes dispa­rues, le 30 août, et neuf mois après la chute du gouver­ne­ment du président Bachar el Assad.

Inti­tulé Truth Still Buried: The struggle for justice of missing people’s fami­lies in Syria, ce rapport relate qu’a­près l’évic­tion de Bachar el Assad le 8 décembre 2024, des familles déses­pé­rées ont afflué vers d’an­ciens centres de déten­tion, prisons, morgues et fosses communes.

Ce rapport met en lumière la profonde angoisse et le trau­ma­tisme renou­velé vécus par les nombreuses familles qui, après avoir espéré pendant des années que leurs proches sorti­raient des geôles et centres de déten­tion syriens à la funeste répu­ta­tion, n’ont toujours pas de réponse. Il s’ap­puie sur des entre­tiens menés avec 21 membres des familles, survi­vants et repré­sen­tants d’as­so­cia­tions de victimes entre mai et juin 2025, la plupart lors d’une visite en Syrie en mai 2025.

Il raconte la grande détresse endu­rée par les anciens déte­nus et les familles des dispa­rus face à la perte ou à la destruc­tion de preuves cruciales après la chute du régime de Bachar el Assad, tandis que les respon­sables demeurent en liberté. Il met en lumière le combat mené par les familles de dispa­rus pour faire valoir leurs droits, notam­ment en instal­lant des « Tentes de la Vérité » à travers la Syrie, pour se rassem­bler en public, rendre hommage à leurs proches et exiger justice.

« Depuis plus de 10 ans, les familles des dispa­rus en Syrie endurent des souf­frances inima­gi­nables et vivent dans l’in­cer­ti­tude. La chute de l’an­cien gouver­ne­ment a brillé telle une lueur d’es­poir, mais la crainte que les respon­sables de ces actes soient libé­rés et que les recherches pour retrou­ver les dispa­rus ne soient ni exhaus­tives ni inclu­sives alimente une nouvelle vague de trau­ma­tismes, a déclaré Kris­tine Beckerle, direc­trice régio­nale adjointe d’Am­nesty Inter­na­tio­nal pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord.  

Établir la vérité, la justice et des répa­ra­tions pour les dispa­rus en Syrie doit être une prio­rité abso­lue de l’État. – Kris­tine Beckerle, direc­trice régio­nale adjointe d’Am­nesty Inter­na­tio­nal pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord.

«  Établir la vérité, la justice et des répa­ra­tions pour les dispa­rus en Syrie doit être une prio­rité abso­lue de l’État (…)

«  Le nouveau gouver­ne­ment est confronté à une multi­tude de défis, notam­ment une situa­tion écono­mique désas­treuse et une situa­tion sécu­ri­taire qui se dégrade dans un contexte de violences inter­con­fes­sion­nelles crois­santes. S’il veut chemi­ner vers un avenir fondé sur l’obli­ga­tion de rendre des comptes et l’état de droit, il doit agir main­te­nant, réso­lu­ment, et garan­tir un proces­sus inclu­sif vers la vérité, la justice et les répa­ra­tions pour les personnes dispa­rues aux mains de tous les belli­gé­rants en Syrie. »

Le rapport met en lumière les prin­ci­pales reven­di­ca­tions des familles de personnes dispa­rues : décou­vrir la vérité sur le sort réservé à leurs proches ; obte­nir justice, notam­ment en amenant les respon­sables de tous les camps à rendre des comptes ; accor­der des répa­ra­tions – finan­cières, ou sous forme d’aide psycho­so­ciale, sani­taire ou autre, et recon­naître le vécu des victimes ; et enfin, garan­tir que le nouveau gouver­ne­ment veillera à ce que de telles dispa­ri­tions ne se repro­duisent plus en Syrie.

Entre 2011 et 2024, on estime que plus de 100 000 personnes ont « disparu » en Syrie. Il s’agit pour la vaste majo­rité de dispa­ri­tions forcées impu­tables au gouver­ne­ment de Bachar el Assad : elles se sont vola­ti­li­sées dans son tris­te­ment célèbre réseau de lieux de déten­tion. Des milliers d’autres ont « disparu » entre les mains de groupes armés d’op­po­si­tion.

La créa­tion de la Commis­sion natio­nale pour les personnes dispa­rues et victimes de dispa­ri­tions forcées (CND), le 17 mai 2025, est un premier pas essen­tiel vers la vérité, la justice et la répa­ra­tion pour ces agis­se­ments. (…)

Le jour où le gouver­ne­ment syrien a mis sur pied la Commis­sion natio­nale pour les personnes dispa­rues et victimes de dispa­ri­tions forcées, il a égale­ment créé la Commis­sion natio­nale pour la justice tran­si­tion­nelle (CNJT), dont l’objec­tif est de « décou­vrir la vérité sur les viola­tions graves commises par l’an­cien régime, de traduire les respon­sables en justice en coor­di­na­tion avec les auto­ri­tés compé­tentes, d’in­dem­ni­ser les victimes et de conso­li­der les prin­cipes de non-répé­ti­tion et de récon­ci­lia­tion natio­nale ». Il faut élar­gir le mandat de la CNJT au-delà des graves viola­tions des droits humains commises par l’an­cien gouver­ne­ment afin d’in­clure les crimes de droit inter­na­tio­nal impu­tables aux groupes armés.

(…)

Amnesty Inter­na­tio­nal a recensé des enlè­ve­ments au cours des neuf mois qui ont suivi la chute du gouver­ne­ment de Bachar el Assad. Le gouver­ne­ment syrien n’a pas mené d’enquêtes appro­fon­dies et impar­tiales sur ces cas, ni amené les respon­sables à rendre des comptes.

« Le pouvoir syrien doit tenir compte des demandes des familles de victimes et faire de leurs droits à la vérité, à la justice et à des répa­ra­tions une prio­rité. Les gouver­ne­ments dona­teurs du monde entier doivent égale­ment four­nir un finan­ce­ment et un soutien complet aux asso­cia­tions de familles et aux groupes diri­gés par des survi­vants qui aident les victimes de dispa­ri­tions à jouir de ces droits dans le cadre d’un proces­sus inclu­sif, a déclaré Kris­tine Beckerle.

Sans vérité, justice ni répa­ra­tions, le peuple syrien ne guérira jamais vrai­ment. Le gouver­ne­ment doit mener des enquêtes dyna­miques, appro­fon­dies, indé­pen­dantes, impar­tiales et trans­pa­rentes sur tous les crimes de droit inter­na­tio­nal. – Kris­tine Beckerle.

(….)

https://www.amnesty.org/fr/latest/news/2025/08/syria-new-govern­ment-must-ensure-truth-justice-and-repa­ra­tions-for-the-disap­pea­red/

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