Cher-es soutiens,
Vous avez manifesté votre soutien à notre lutte pour sauver le théâtre historique de Poitiers : vous faites partie de celles et ceux qui se sont engagé-es pour que ce théâtre reste un lieu de culture, qu’il soit préservé en tant que théâtre et en tant que chef d’œuvre du patrimoine du XXème siècle. Et vous vous êtes donc opposé-es au projet municipal de sa vente à un promoteur et de sa transformation en un ensemble galerie marchande-bureaux et appartements de luxe.
Notre lutte est dans sa quatrième année et nous venons de remporter la victoire qui nous permet d’espérer atteindre notre objectif. La Cour administrative d’appel de Bordeaux vient en effet d’annuler la délibération du conseil municipal décidant la vente partielle du théâtre et de condamner la Ville de Poitiers à verser à notre collectif la somme de 2000 euros.
Les raisons retenues par le tribunal ? La ville n’a pas respecté la loi en proposant à son conseil municipal de vendre l’ancien théâtre de Poitiers. En particulier en ne demandant pas préalablement au ministère de la Culture l’autorisation de déclassement de la salle qui, selon l’ordonnance de 1945, doit précéder toute volonté de cession d’un lieu de spectacle. Le tribunal a constaté que cette autorisation n’a été obtenue que 5 mois après le vote du conseil municipal et que celle-ci, accordée contre l’avis de la commission de déclassement, ne l’a été qu’accompagnée des regrets de la ministre en poste à cette époque. Selon le tribunal, s’ils avaient été connus par les membres du conseil municipal, ces deux faits étaient de nature à pouvoir modifier leur décision de vote. Si l’on ajoute la deuxième raison retenue, l’insuffisance de l’information donnée à ces mêmes conseiller-es, c’est bien la décision même de vendre qui est remise en cause.
Si nous revenons vers vous à ce moment-là de notre lutte, c’est parce qu’il faut maintenant conduire la dernière bataille, celle qui verra les décisionnaires renoncer dans leur projet et ouvrir enfin le dialogue avec toutes celles et tous ceux qui souhaitent sauver ce théâtre. Rappelons que plus de 8000 personnes ont signé la pétition, que des centaines et des centaines de personnes se sont succédé lors de chacune de nos mobilisations devant le théâtre et aux Salons de Blossac pour dire leur attachement à ce lieu de culture vivante.
Nous avons besoin de vous. Le maire a d’ores et déjà fait savoir par voie de communiqué qu’il veut à nouveau porter son projet de vente devant le conseil municipal, et ce, dès le 9 décembre ! Sans essayer de nous entendre, en se moquant du message de la justice qui lui dit de reconsidérer sa décision : le jugement attire l’attention en effet sur le problème du déclassement, souligne qu’il est la clé du dossier. En ne demandant pas l’autorisation avant de faire voter sa majorité, il n’a pas répondu à celles et ceux qui voulaient savoir si ce théâtre avait encore sa place à Poitiers. En ne demandant cette autorisation qu’a postériori, il a mis la ministre devant le fait accompli, la conduisant d’ailleurs à ne pas suivre l’avis de la commission qui recommandait que cette autorisation ne soit pas donnée (8 voix contre 4). En ne faisant pas connaître l’argumentation de cette commission qui conclut la nécessité de garder à cette salle sa vocation de salle de spectacle il a laissé se construire le mensonge de son inutilité.
Nous vous demandons d’appuyer notre demande d’abandon du projet du maire afin de construire un autre projet. Celui-ci passe par le renoncement à le vendre ce théâtre, par la recherche des moyens de le réhabiliter (en particulier par la demande d’un classement au titre des monuments historiques), par la proposition d’un nouveau projet de salle de spectacle. Le collectif de défense est porteur d’une ébauche d’un projet de ce type qu’il ne demande qu’à proposer comme base de travail.
Nous vous proposons donc d’écrire au maire et à toutes et tous les membres du conseil municipal pour appuyer notre démarche dans vos propres termes ou plus simplement en utilisant le courrier type joint à cet envoi. Nous vous devons l’énergie et l’appui financier qui nous a permis d’aller vers cette première victoire. Donnez-nous le dernier coup de pouce qui peut emporter la décision. La victoire est proche.
En vous remercions de nous soutenir à nouveau, nous vous prions de recevoir l’expression de nos sentiments reconnaissants,
Pour les membres du collectif de Défense de l’Ancien Théâtre de Poitiers,
Jacques Arfeuillère
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La lettre type que l’on peut utiliser pour écrire au maire :
A Monsieur le Maire de Poitiers,
Hotel de ville de Poitiers
86000 POITIERS
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Le…
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Objet : Pour la sauvegarde de l’ancien théâtre municipal de Poitiers et le maintien de sa vocation culturelle
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Monsieur le Maire de Poitiers, Mesdames et Messieurs les membres du conseil municipal,
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Je fais partie de celles et ceux qui soutiennent le combat pour sauver l’ancien théâtre de Poitiers. Je viens d’apprendre la décision de la Cour administrative d’appel de Bordeaux d’annuler la délibération décidant la vente partielle du théâtre. Je m‘en réjouis, considérant que l’œuvre d’Edouard Lardillier doit être préservée pour sa valeur patrimoniale et que ce théâtre doit être conservé dans sa vocation première de salle de spectacle.
C’est la raison pour laquelle je vous écris aujourd’hui. Je vous demande, Monsieur le Maire, d’être attentif au sens de ce jugement et de ne pas, comme vous avez annoncé votre intention de le faire, reproposer cette vente à votre conseil municipal sans considérer le message délivré par la Cour administrative d’appel de Bordeaux.
En effet, les raisons retenues par le tribunal vont bien au-delà de la notion de vice de forme que vous mettez en avant dans les médias pour justifier la condamnation de la ville. Les juges vous reprochent de ne pas avoir respecté la loi en ne demandant pas préalablement au Ministère de la Culture l’autorisation de déclassement de la salle qui, selon l’ordonnance de 1945, doit précéder toute volonté de cession d’un lieu de spectacle. Le tribunal a constaté que cette autorisation n’a été obtenue que 5 mois après le vote du conseil municipal et que celle-ci, accordée contre l’avis de la commission de déclassement, ne l’a été qu’accompagnée des regrets de la Ministre en poste à cette époque.
Selon le tribunal, s’ils avaient été connus par les membres du conseil municipal, ces deux faits étaient de nature à pouvoir modifier leur décision de vote. Si l’on ajoute la deuxième raison retenue, l’insuffisance de l’information donnée à ces mêmes conseillers, c’est bien la décision même de vendre qui est remise en cause.
Vous avez, à de nombreuses reprises, affirmé votre volonté d’attendre les décisions judicaires, affirmé votre respect de la justice. Vous devez entendre aujourd’hui ce que celle-ci vous fait savoir. Le dialogue doit s’ouvrir avec les opposant-es à votre projet sur les bases qui sont celles qui viennent d’être mises en lumière : le déclassement obtenu de manière irrégulière doit être revu et on doit entendre à Poitiers que les professionnels du spectacle et les spécialistes de la Commission de déclassement des salles de spectacle jugent que l’Ancien Théâtre doit rester une salle de spectacle.
La mobilisation pour sauver l’ancien théâtre de Poitiers a changé la donne : elle a montré l’attachement des citoyen-nes qui ont signé massivement la pétition de soutien (plus de 8000 signatures) et rallié personnalités et associations dont la notoriété et le sérieux sont incontestables ; elle a démontré la valeur patrimoniale du bâtiment, objet de moult publications dans la presse spécialisée (dont le <strong><em>Bulletin Monumental</em></strong>), soulignant la perte irréparable que serait sa dénaturation quand il devrait faire l’objet d’un classement au titre des monuments historiques ; elle a permis de mettre en lumière que cette salle de spectacle était nécessaire à Poitiers à côté du TAP sans que cela soit plus coûteux que votre projet de cession.
J’espère que vous ne poursuivrez pas dans la voie que vous avez annoncée, et qu’en tant que démocrate vous saurez respecter la justice en tenant compte de sa décision. Je ne doute pas qu’après réflexion, vous saurez ouvrir la voie au dialogue.
Je vous prie d’agréer, Monsieur le maire, Mesdames, Messieurs les membres du conseil municipal, l’expression de mes meilleurs sentiments,