5 décembre 2025

Attac. 4 août. Abolis­sons les privi­lèges!

https://blogs.media­part.fr/attac/blog/040825/4-aout-1789–4-aout-2025-abolis­sons-les-privi­leges

Lors de la nuit du 4 août 1789, l’As­sem­blée natio­nale consti­tuante votait la suppres­sion des privi­lèges féodaux. En ce 4 août 2025, nous appe­lons à abolir les privi­lèges fiscaux des ultra-riches et des entre­prises multi­na­tio­nales !

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Illustration 1

La Révo­lu­tion française a renversé l’An­cien régime et, lors de la nuit du 4 août 1789, l’As­sem­blée natio­nale a aboli les privi­lèges de la noblesse et du clergé, dont leurs exemp­tions fiscales. On l’ou­blie souvent, mais l’injus­tice fiscale a été l’une des causes majeures de la Révo­lu­tion. Dans les cahiers de doléances de 1789, la réforme de l’im­pôt figu­rait parmi les reven­di­ca­tions prin­ci­pales. La Révo­lu­tion a consa­cré le prin­cipe d’éga­lité devant l’im­pôt, pensé comme étant le socle de l’in­dis­pen­sable consen­te­ment à l’im­pôt. Ainsi, dans la Décla­ra­tion des droits de l’homme et du citoyen, aujourd’­hui inté­grée dans la Cons­ti­tu­tion, l’ar­ticle 13 indique que « Pour l’en­tre­tien de la force publique, et pour les dépenses d’ad­mi­nis­tra­tion, une contri­bu­tion commune est indis­pen­sable : elle doit être égale­ment répar­tie entre tous les citoyens, en raison de leurs facul­tés ».

Le paral­lèle entre la situa­tion actuelle et celle de 1789 nous semble frap­pante. Aujourd’­hui, ce ne sont plus la noblesse et le clergé qui échappent à l’im­pôt, mais les ultra-riches et les entre­prises multi­na­tio­nales. Ainsi, en propor­tion de leur revenu, les milliar­daires payent moins d’im­pôt que le reste de la popu­la­tion. En effet la popu­la­tion française dans son ensemble paie en moyenne envi­ron 50 % de ses reve­nus en impôts et coti­sa­tions sociales, contre 27 % pour les milliar­daires, tandis qu’en pour­cen­tage de leur chiffre d’af­faires, les grandes entre­prises, et notam­ment les multi­na­tio­nales, payent moins d’im­pôt que les PME.
Lors du mouve­ment des Gilets jaunes en 2018–2019, 20 000 cahiers de doléance ont été rédi­gés, soit 220 000 doléances. Il est ressorti de leur analyse un fort senti­ment d’injus­tice fiscale, avec des propo­si­tions consen­suelles pour réta­blir la justice fiscale, notam­ment autour d’un réta­blis­se­ment de l’ISF, d’une meilleure taxa­tion des multi­na­tio­nales, ou de la lutte contre la fraude et l’éva­sion fiscale.

Alors que le gouver­ne­ment dit recher­cher 44 milliards d’éco­no­mies dans le budget 2026 et, pour cela, s’ap­prête à deman­der des sacri­fices à l’en­semble de la popu­la­tion (sala­rié·es, fonc­tion­naires, retrai­té·es, chômeur·ses, allo­ca­taires des pres­ta­tions sociales, mala­des…), nous disons qu’il est incon­ce­vable de deman­der à celles et ceux qui ont des diffi­cul­tés pour boucler leurs fins de mois de se serrer encore la cein­ture alors que celles et ceux qui peuvent le plus contri­buer à l’im­pôt ne paient pas leur juste part !

Rappe­lons que depuis 2017, les plus riches ont vu leurs impôts bais­ser du fait de la suppres­sion de l’ISF ainsi que du Prélè­ve­ment forfai­taire unique (PFU), appelé « flat tax », qui a mis fin à la progres­si­vité de l’im­po­si­tion des reve­nus finan­ciers, si bien qu’aujourd’­hui ceux-ci sont moins taxés que les reve­nus du travail. Comme l’ont montré les quatre rapports du Comité d’éva­lua­tion des réformes de la fisca­lité du capi­tal, cela n’a produit aucun ruis­sel­le­ment mais a contri­bué à enri­chir les plus riches. Alors que les taux de pauvreté battent des records histo­riques en France (15,4% de la popu­la­tion en 2023 en France métro­po­li­taine, selon l’INSEE, soit un pic sans précé­dent depuis le lance­ment de l’in­di­ca­teur en 1996), les riches n’ont jamais été aussi riches : selon le clas­se­ment annuel des 500 plus grandes fortunes de France, publié en juillet 2025 par Chal­lenges, le nombre de milliar­daires en France est passé de 16 à 145 entre 1996 et 2025 et leur patri­moine total a été multi­plié par 14, passant de 80 à 1128 milliards d’eu­ros.

Dans ce contexte, comment tolé­rer qu’on demande des efforts à l’en­semble de la popu­la­tion tout en main­te­nant les privi­lèges fiscaux ?
Il est urgent de réta­blir la justice fiscale par des mesures qui permet­traient de faire payer à chacun sa juste part d’im­pôt tout en restau­rant le consen­te­ment à l’im­pôt : taxe Zucman sur les 1800 foyers fiscaux les plus riches, révi­sion des niches fiscales injustes et inef­fi­caces, mise en place d’un ISF rénové, suppres­sion de la flat tax pour mieux taxer les divi­dendes, taxa­tion unitaire pour mettre fin à l’éva­sion fiscale des multi­na­tio­nales, réduc­tion des aides publiques aux entre­prises qui sont deve­nues le premier budget de l’État avec un montant record de 211 milliards d’eu­ros.

L’aus­té­rité que veut nous impo­ser le gouver­ne­ment n’a rien d’une fata­lité, à condi­tion d’abo­lir les privi­lèges fiscaux : aux ultra-riches et aux grandes entre­prises de faire des efforts ! Mobi­li­sons-nous pour impo­ser l’idée qu’un autre budget est vital.

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