Dossier : Extrême droite et dérive autoritaire |
Z. ou le spectre du passé par Michèle Riot-Sarcey L’ascension soudaine du journaliste du Figaro, Éric Zemmour, auprès d’un électorat de bourgeois parvenus à une certaine aisance, s’explique largement par la présence d’une opinion, bien ancrée sur le sol national, en train de perdre ses repères et qui rêve d’une France mythique. Que cet électorat cherche à conserver ses privilèges ou aspire à maintenir sa part de pouvoir, réel ou symbolique, il n’hésite pas à s’associer à des groupes de nervis uniquement guidés par la haine de l’autre, quel qu’il soit. lire en ligne |
Zemmour : De quoi le retour de Pétain est-il le nom ? par Robert Hirsch Une des principales nouveautés de la campagne présidentielle réside dans l’émergence spectaculaire d’Éric Zemmour. Et d’une extrême droite qui assume Vichy, plus ouvertement même que Jean-Marie Le Pen. À rebours de la « dédiabolisation » mariniste. lire en ligne |
L’extrême droite, c’est la gangrène… par Samy Johsua Devant le déplacement de l’ensemble du champ politique vers les thèmes chers à l’extrême droite, il nous paraît important de faire un point synthétique des principaux courants d’extrême droite : l’organisation jusqu’à présent dominante et supposée se rapprocher de l’acceptable qu’est le RN, la montée en puissance d’une nouvelle force derrière le tribun Éric Zemmour. Nous ne visons pas une étude exhaustive du sujet, mais proposons une articulation entre ces divers points. lire en ligne |
Un décryptage des programmes de l’extrême droite par Les Économistes atterrés Cette note propose une analyse des programmes des deux principaux partis d’extrême droite (Rassemblement National et Reconquête) pour la présidentielle d’avril 2022. Elle montre que ces programmes présentent de nombreux traits communs. On peut qualifier leurs propositions économiques de « néolibérales-nationalistes », puisqu’elles servent les intérêts des ménages aisés et des entreprises tout en se réclamant d’un « patriotisme » économique tourné contre les étrangers. Leurs propositions sociales ou sociétales sont quant à elles marquées par les obsessions de la « sécurité » (allant jusqu’à des formes de contrôle idéologique) et de la lutte contre l’immigration, ainsi que par l’absence totale de mesures concernant l’environnement. lire en ligne |
La place des classes et quartiers populaires dans le processus de fascisation par Saïd Bouamama La présence aux présidentielles de deux candidats dits d’extrême droite, cumulant à eux deux autour d’un tiers des intentions de vote selon les sondages successifs, souligne les succès grandissants de ce camp politique depuis plusieurs décennies dans le combat pour l’hégémonie culturelle. La reprise par d’autres candidats de concepts issus de la matrice et de l’axiologie fascisantes (grand remplacement, péril migratoire, etc.) renforce ce diagnostic d’une mutation conséquente des rapports de force idéologiques. lire en ligne |
L’expertise des quartiers populaires sur le racisme structurel : Éléments pour une philosophie de terrain par Christiane Vollaire Je partirai de ce qu’il y a de commun entre extrême droite, autoritarisme politique et fascisation du pouvoir. À savoir l’usage de la contrainte, pleinement assumé comme déterminant du rapport de pouvoir. C’est précisément ce qui distingue un système idéologique essentiellement répressif (qu’on le définisse à partir d’un curseur politique, d’une méthode ou d’une historicité) de systèmes idéologiques qui, même en utilisant la répression, ne peuvent pas revendiquer le recours à la violence comme fondement idéologique. lire en ligne |
L’extrême droite moderne en Allemagne : Entre conservatisme radical et droite raciste par Gerd Wiegel Avec la montée du parti « Alternative für Deutschland – AfD » (Alternative pour l’Allemagne), le système politique allemand connaît depuis 2013 une tendance qui existe dans des pays comme la France, l’Autriche ou l’Italie dès la fin des années 1990. Les partis d’extrême droite se modernisent, se séparent des contenus idéologiques et politiques démodés de la droite néofasciste, sans pour autant abandonner au fond le cadre de la pensée de l’extrême droite. lire en ligne |
Responsables d’organisations regroupées dans Plus jamais ça, alliance pour une rupture écologique et sociale, nous ne nous résignons pas à voir arriver au pouvoir une représentante de l’Extrême-droite.
La présence, au second tour de l’élection présidentielle, de Marine Le Pen, pour la seconde fois, n’est pas un accident. Les gouvernements successifs portent une responsabilité immense de cette situation.
Ces politiques ont tourné le dos aux urgences sociales et écologiques, détricoté le droit du travail, et favorisé les plus riches et les multinationales. Elles ont été incapables de répondre à l’urgence climatique, alimentaire et de transition agro-écologique, la satisfaction des profits primant sur la rupture écologique et sociale nécessaire.
A cela s’ajoutent des atteintes répétées aux libertés, la répression des mouvements sociaux et des mesures de stigmatisation, notamment des musulman·es, qui enferment depuis 20 ans notre société dans une spirale sécuritaire et de panique identitaire. Tout cela a constitué un tremplin pour l’extrême-droite.
Mais, un gouvernement Macroniste, même sur la pente autoritaire, n’est pas de même nature que l’extrême-droite. Le RN, qui fait de la préférence nationale la colonne vertébrale de ses politiques n’est pas un parti comme les autres. Empreint d’une idéologie nationaliste, sexiste, raciste, lgbtq-phobe, ce parti ne fera que générer et attiser la haine, le racisme et la violence au détriment de toute la société et désigner les étranger·es et les immigré·es comme boucs émissaires. Marine Le Pen n’est pas une alternative aux politiques économiques inégalitaires : son programme est lui aussi au service des plus riches. Elle n’apportera pas davantage de réponses à la crise climatique, son programme conduisant au contraire à renforcer notre dépendance aux énergies fossiles.
Certain·es disent « il faut essayer ». Mais on ne joue pas avec l’extrême droite, au risque de la voir modifier les lois pour pouvoir s’installer très longtemps, comme on a pu l’observer dans le passé et comme l’actualité le démontre en Hongrie, en Pologne… D’autant que les lois en place et les modifications constitutionnelles permettraient à Marine Le Pen d’agir de façon foudroyante et avec les coudées franches.
A ceux qui pensent que Marine Le Pen n’aurait “ pas de majorité aux législatives ” il faut rappeler ceci : à compter du 4 mai, et le 14 au plus tard, elle sera Présidente de la République en titre. Après avoir signé le procès-verbal qui acte son investiture, les honneurs militaires lui seront rendus par tous les corps d’armée. Elle remontera les Champs Elysées et ensuite tout ira très vite. Elle pourra immédiatement nommer son gouvernement. Peu importe le parlement existant qui ne sera même pas en mesure de se réunir de façon exceptionnelle sans accord de la Présidente. Ce gouvernement pourra agir sans attendre les législatives : nominations diverses, dont celles des préfets, décisions règlementaires variées. Le ministre de l’intérieur aurait ainsi de larges pouvoirs de police qui pourraient bloquer toute mobilisation populaire : interdisant les manifestations, usant de l’assignation à résidence “préventive” contre d’éventuels “leaders”, la palette des outils à disposition pendant les semaines qui précéderont les législatives sera très nombreuse.
Face à ce danger pour notre démocratie, nous le disons clairement : pas une voix des citoyennes et des citoyens, des travailleuses et des travailleurs ne doit se reporter sur Marine Le Pen.
Nous ne devons pas laisser l’extrême-droite arriver au pouvoir. Et dès le lendemain de l’élection, nous lutterons avec l’ensemble de nos organisations pour obtenir le profond changement de cap sur les politiques écologiques et sociales que nous savons absolument nécessaires.
Signataires :
Annick Coupé et Julien Rivoire, co-portes-paroles d’Attac France
Jean-François Julliard, directeur général de Greenpeace France
Khaled Gaiji, président des Amis de la Terre France
Murielle Guilbert et Simon Duteil, co-délégué·e·s généraux de l’Union syndicale Solidaires
Benoit Teste, secrétaire général de la FSU
Nicolas Girod, porte-parole de la Confédération paysanne
Cécile Duflot, directrice générale Oxfam France
Philippe Martinez, secrétaire général de la CGT