Capi­ta­lisme et destruc­tion de nos vies … il y a 32 ans, Bhopal

Selon les asso­cia­tions, le nombre total de morts en lien avec cette catas­trophe indus­trielle pour­rait atteindre 25.000, pour plus de 360.000 victimes atteintes à des degrés divers.

 

Profits et écono­mies …

Des réduc­tions de coûts à tout prix, des dysfonc­tion­ne­ments tech­niques et des contraintes poli­tiques : voici les ingré­dients toxiques qui abou­tissent  à la nuit tragique du 2 au 3 décembre 1984.

Un tuyau de nettoyage resté ouvert remplira d’eau le réser­voir d’une cuve d’iso­cya­nate de méthyle jusqu’à le faire explo­ser. Au dessus de 0°C, ce produit toxique forme un gaz plus lourd que l’air : 40 tonnes de gaz se déversent alors dans le bidon­ville établi autour de l’usine, pendant que la popu­la­tion dort.

 

… qui valent plus que des vies …

Ce gaz s’at­taque aux yeux des personnes expo­sées, puis à leurs poumons : il en résulte  céci­tés, morts et paniques dans le bidon­ville.

Aujourd’­hui, le site n’a toujours pas été dépol­lué et, si Union Carbide Corpo­ra­tion a été condam­née à payer 470 millions de dollars, la justice indienne recherche toujours son ancien PDG.

Certains ont bien tenté de fuir en courant mais ils se sont effon­drés au bout de quelques mètres. D’autres se sont couvert le visage avec un linge humide mais cela n’a pas pu les sauver. Les mili­taires sur place ont passé plusieurs jours à ramas­ser les corps des victimes.

 

… et encore aujourd’­hui

Dans les décomptes « mortels », on ne prend pas en compte les survi­vants, inca­pables de travailler à cause de leur souffle court, de leur système nerveux rongé par la mala­die ou bien encore à cause du cancer.

La réalité de la tragé­die de Bhopal, ce sont aussi des enfants qui, jour après jour, naissent avec des malfor­ma­tions et qui ont pour seule pers­pec­tive une vie courte sans suivi médi­cal et sans aller à l’école.

 

… ni respon­sables ni coupables ?

Warren Ander­son accom­plit toute sa carrière au sein d’Union Carbide. En décembre 1984, quatre jours après le drame, il arrive sur place avec une équipe médi­cale et des équi­pe­ments médi­caux mais est aussi­tôt arrêté avant d’être rapi­de­ment expulsé. En 1986, en tant que PDG d’Union Carbide, il est accusé d’ho­mi­cides et déclaré fugi­tif par la justice indienne le 1er février 1992 pour ne pas s’être présenté à la Cour lors d’un procès dans lequel il était accusé d’ho­mi­cide.

De 2003 à 2008, les USA refusent de l’ex­tra­der, prétex­tant un manque de preuves, malgré les demandes répé­tées de l’Inde. Pour la justice améri­caine, la filiale indienne d’Union Carbide consti­tuait une entité juri­dique diffé­rente de la maison-mère, diri­gée de façon auto­nome par des diri­geants de natio­na­lité indienne. Le 31 juillet 2009, le juge d’ins­truc­tion de Bhopal soumet au gouver­ne­ment indien un mandat d’ar­rêt à son encontre.

L’an­cien PDG meurt en septembre 2014, en Floride, à l’âge de 92 sans jamais avoir été jugé par la justice indienne pour la catas­trophe de Bhopal.

 

… mais toujours des profits !

L’usine Union Carbide de Bhopal est toujours en place, les bâti­ments n’ont même pas été complè­te­ment déman­te­lés.
Quant à l’en­tre­prise Union Carbide, elle a été rache­tée par Dow Chemi­cal.

Puis ce dernier a fusionné en décembre 2015 avec DuPont pour former un groupe valant 130 milliards de dollars, deve­nant ainsi le numéro deux mondial du secteur, derrière l’al­le­mand BASF.

Mais pas ques­tion d’as­su­mer une quel­conque respon­sa­bi­lité !

Capi­ta­lisme et vies humaines sont bel et bien anti­no­miques.

Bruno Rion­det

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