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Extraits
“Un historien à Gaza”, le reportage déchirant de Jean-Pierre Filiu sur une terre devenue Apocalypse
L’historien, qui arpente le Proche-Orient depuis quarante ans, est retourné en décembre 2024 à Gaza, pour témoigner du sort des Palestiniens. Il livre un récit rare et poignant.
Publié le 07 juin 2025
Historien, Jean-Pierre Filiu l’est en premier ressort. Ayant consacré quarante ans de sa vie au Proche-Orient, il évoque par bribes la prospère oasis de Gaza qui prévalait avant la naissance d’Israël ; le refus des Palestiniens en novembre 1947 de laisser l’ONU établir un État juif sur la moitié de leur terre ; la guerre perdue et l’exode de centaines de milliers de villageois vers Gaza ; la nouvelle guerre perdue de 1967 qui voit le territoire passer sous l’étroit contrôle d’Israël ; le blocus que cet État a institué à l’été 2007, après la victoire du Hamas, interdisant à ses ressortissants — y compris les journalistes — de pénétrer dans cette « entité hostile ».
Puisqu’il n’y en a aucun, hormis les jeunes reporteurs palestiniens tués les uns après les autres, c’est plutôt en journaliste que, le 19 décembre 2024, de nuit et à pied, avec une vingtaine d’humanitaires de Médecins sans frontières, Jean-Pierre Filiu entre à Gaza par la seule voie d’accès au territoire, la mal nommée Kerem Shalom (« vignoble de la paix ») — il y restera trente-deux jours. (..)
Jean-Pierre Filiu décrit un paysage lunaire, une « litanie de ruines », une idée de l’Apocalypse. Sur la bande littorale de Mawassi, où s’entassent un million de déplacés dans une mer de tentes,(…). Un à un, les hôpitaux, les écoles sont dévastés, les enfants autrefois hautement scolarisés errent dans les ruines, dix mille sont morts, et autant de femmes, tuées dans les bombardements autant que d’infections liées à la dégradation de l’hygiène.
(…) À travers ce reportage déchirant, Jean-Pierre Filiu nous rappelle le prix de cette idéologie mortifère.