Les fanatiques de Daesh ont perpétré un massacre de gens qui regardaient un match de foot, écoutaient un concert et buvaient un coup dans les bars. Il ne se sont pas attaqué cette fois-ci à la liberté d’expression comme pour Charlie Hebdo. Ils ont ciblé clairement notre mode de vie : celui de la liberté de se faire plaisir et de vivre dans la mixité culturelle et la fraternité. Daesh se fiche de l’identité des victimes, de leurs options philosophique, politique ou religieuse, de leur sexe et orientation sexuelle, de leur origine et culture, de leur couleurs de peau et nationalité. Le but de Daesh est de faire peur pour imposer une vision du monde binaire : celles et ceux qui sont avec eux ou contre eux. Daesh veut faire croire aux jeunes musulman-nes qu’elles/ils sont la cible de leur propre gouvernement. Daesh veut nous désunir pour nous faire renoncer à la société multiculturelle et cosmopolite qui est la nôtre.Il
Il cherche également à diviser les sociétés en suscitant la peur et la repression à Beyrouth, en Syrie, aux États Unis, au Mali, en Turquie, etc.
Comment empêcher d’autres attentats ?
Les mauvaises solutions :
– Il y a les Zemmour et les Le Pen . Ils portent des discours de haine et de peur contre les réfugié-es, même celles et ceux qui fuient la dictature syrienne et Daesh, contre les « pas-blancs », contre les musulman-es, les femmes, les homos, les athées, les « rouges ». Le FN comme Daesh pense qu’on ne peut pas être unis et différents. Tous les deux veulent imposer l’idée qu’on n’agit non pas en fonction de ce qu’on souhaite ou de sa position sociale mais en fonction d’une appartenance à une communauté réductrice (musulman sunnite intégriste pour les uns, France blanche et catholique pour les autres). FN et Daesh sont bien des « ennemis complémentaires ».
– Le gouvernement et la droite joue sur la peur pour bluffer : qui peut croire que des kamikazes puissent reculer devant la menace de la « déchéance de la nationalité », la vidéo surveillance (comme va le faire la mairie de Poitiers), ou quelques clôtures plus ou moins hermétiques ?
Certaines mesures ça ne servent à rien.
Mais la République sécuritaire prétend échanger une partie de nos libertés contre une mise en spectacle de la sécurité. Certaines mesures divisent la société. Par exemple la « déchéance de nationalité » crée deux types de citoyen-nes, les « vrais » français, les « français de souche » et celles et ceux qui sont soupçonné-es d’être « faux ». Bonjour l’union ! Comment peut-on prétendre lutter pour nos idéaux de justice, de paix, de solidarité et de liberté… en faisant le contraire ?
– La politique de gribouille du gouvernement et de la droite part d’un calcul politicien. Ils sont persuadés qu’ils seront au deuxième tour des présidentielles face à Le Pen. La seule question qui reste d’après eux c’est de savoir qui sera en face d’elle au deuxième tour. Ils veulent donc apparaîtrent comme le seul recours contre le FN, comme pour les élections Régionales. Leur état d’urgence n’améliore pas la lutte contre le terrorisme mais il faut donner le sentiments que oui. Parallèlement le gouvernement veut profiter de l’émotion légitime contre Daesh pour tuer dans l’œuf toute mobilisation dans la société. On l’a vu au moment de la COP21 où les manifestations étaient interdites partout en France, même à Poitiers. On le voit dans les arrestations de militant-es zadistes qui luttent contre la construction de l’aéroport Notre Dame des Landes, contre les syndicalistes de Goodyear et d’ailleurs. Le but du gouvernement c’est de continuer de faire des affaires sur le dos des populations au détriment de la lutte contre le réchauffement climatique, pour les droits de l’homme et l’amélioration des conditions de vie de la population.
– Les bombardements contre les territoires contrôlés par Daesh se multiplient. Même les dictatures du coin s’y mettent. Pourtant il y a l’expérience des longues guerres des États Unis en Afghanistan et en Irak, ou les bombardements français en Libye ou au Mali. L’expérience nous montre que la vengeance à coup de bombes ne fait pas reculer le terrorisme.
Les solutions efficaces :
Au niveau international :
– Daesh, au contraire de Al Qaida, contrôle un territoire et produit du pétrole. Asphyxions économiquement cet État, sa finance et son commerce du pétrole.
– Cessons de soutenir les dictatures intégristes du Golfe (Qatar, Arabie Saoudite, etc.) à qui on vend des armes et des compétitions sportives (PSG, coupe du monde de foot…). Notre pays doit cesser de soutenir les dictatures africaines qui engendrent la misère sur laquelle grandit la haine et la rancœur. Soutenons les démocrates dans ces pays. Notre voix laïque, notre discours de liberté et de fraternité doit devenir enfin crédible.
– Arrêtons de faire deux poids et deux mesures dès qu’il s’agit d’Israël alors que ce pays opprime et occupe la Palestine en toute impunité.
– Soutenons les efforts diplomatiques et le droit international pour mener des actions, parfois militaires, mais qui visent à établir la paix, la stabilité, la démocratisation et le développement économique au Proche et Moyen Orient notamment. Soutenons les kurdes et les démocrates syriens qui ont ce projet.
Sur notre territoire :
La lutte contre les personnes qui ont commis des actes ou se préparent à commettre des actes meurtriers et contre leurs complices doit être menées. Elle doit se faire avec les garanties démocratiques d’un contrôle judiciaire. Il est faux de dire que cela freine le travail de la police. On l’a bien vu juste dans les jours qui ont suivi le 13 novembre où l’enquête a été menée sans l’aide d’un état d’urgence.
La politique économique de l’Union européenne et donc des gouvernements français consiste à orienter l’argent des salaires, des aides sociales et des services publics vers la finance. Jusqu’à la caricature, le capitalisme n’a qu’un objectif : produire encore plus de bénéfices, quel qu’en soit le prix en souffrance et en abandon de la population. C’est sur la dégradation continue du niveau de vie, la misère culturelle et les frustrations que se développent les idéologies d’extrême droite et intégristes sunnites.
Il faut dire stop ! Le modèle de notre pays doit être la répartition égalitaire des richesses, la solidarité et le bien commun. Personne ne doit plus être abandonné par les politiques de l’État et des collectivités territoriales. Il faut partager le travail pour que tout le monde en ait. Il faut inverser le partage des richesses entre les salaires et la finance capitaliste. Sinon ce sera la concurrence entre les misères et la division entre gens d’en bas, sous le regard amusé des très riches. Refusons de remplacer la question sociale par la question « ethnique ».
Mobilisons-nous pour une autre société qui lutte contre le réchauffement climatique, une société qui se donne l’objectif d’un niveau de vie correct de toute la population, qui garantisse le droit de se cultiver, de travailler, d’étudier et de manifester, de bien vivre ensemble. Cela ne pourra pas se faire avec le personnel politique actuel. Cela ne viendra que de la mobilisation de toute la société.
Pascal C
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Coda : ambiguïté des symboles
Que veut dire la Marseillaise ? Que veut dire le drapeau national ?
Ça dépend des époques et ça dépend pour qui.
Pour certain-es c’est la révolution française de 1789 et la fin des privilèges de la noblesse et du clergé. Pour d’autres c’est la justification des guerres et occupations coloniales comme en Algérie, c’est la collaboration du Maréchal Pétain (« travail, famille, patrie ») sous l’occupation.
« Qu’un sang impur abreuve nos sillons ». Quel sens donne-t-on à ces mots ? Choisit-on le sens initial du sang impur des gens d’en bas contre le « sang bleu » des nobles et des privilégiés de la fortune qui était censé être pur. Ou, lui donne-t-on le sens d’une lutte des blancs purs, chrétiens, hétérosexuels, de « souche » contre les pas purs, les pas blancs, les « rouges », les « anormaux » ?